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05/04/2020

La vie

Une vie, quelle aventure !
Au début, toujours chercher ce que l’on n’a pas,
Gloire, amour, richesse, beauté, notoriété,
Records, créativité, connaissance ou paix,
Sans jamais se lasser ni se laisser éconduire ;
Ensuite jouir quelques temps, de satisfaction, puis d’ennui ;
Enfin chercher toujours, au-delà de nous-même,
Dans les plis du temps et l’espace des pensées,
Un autre moi que l’on appelle le soi
Qui, un jour, deviendra le Tout ou le Rien,
Selon la façon dont on a vécu sa vie.

©  Loup Francart

04/04/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (8)

Celles-ci se sentaient bien dans leur peau. Joyeuses, guillerettes, parfois malicieuses, attendant tout de la vie, prêtes à la manger à pleines dents. Elles n’avaient pas rechignées lorsqu’ils avaient fallu partir subitement de leur dernière garnison. Certes, elles regrettaient leurs camarades, leur maison et surtout une vraie ville pourvue de nombreux habitants. Mais elles avaient l’habitude de changer de résidence pour des endroits inconnus et plutôt que de regretter le passé, elles se tournaient vers l’avenir : qu’allons-nous trouver à San Pedro ? Y aura-t-il des garçons intéressants ? Aurons-nous chacune notre chambre ? Comment allons-nous occuper nos journées ? Bref, toutes les questions que se posent des jeunes filles lorsqu’elles arrivent en un lieu nouveau. Alexandro se félicitait de sa famille qui lui donnait plus que des satisfactions, un bonheur intense. Aussi s’était-il juré de prendre soin de sa femme et de ses filles, de ne rien risquer qui puisse les mettre en danger. Mais ces réflexions ne sont plus de mise. Ils étaient là, à la porte de leur nouvelle garnison, et ils devaient faire bonne figure.

 Entretemps, le lieutenant major, Don Domingo Carrienga, avait rassemblé une section, l’avait fait mettre en grand uniforme et l’avait fait rassembler, aux ordres du chef de section, sur deux rangs de part et d’autre de la lourde porte d’entrée. De même, les notables avaient eu le temps de revêtir leur habit de cérémonie et de se rassembler au-delà de la section. Il y avait là le maire, Rodrigo Podeglia, un homme replet, vêtu d’une redingote gris foncé, coiffé d’un semblant de haut de forme, satisfait de se montrer sous son meilleur jour ; le juge de paix, fonction plus honorifique que réelle, car il ne s’agissait que d’un bourg d’environ 2000 habitants, qui portait le bas de sa robe sous son bras avec une dignité assurée ; enfin un tout jeune commissaire de police sortant de l’école, la tête étonnée, surmontée de cheveux blonds, donc très remarquable. Les rares propriétaires terriens les entouraient, certains encore dans leurs vêtements de travail, d’autres ayant eu le temps de revêtir leur poncho en laine de mouton et de se coiffer de leur chapeau feutré. Enfin, la population se pressait derrière eux, chuchotant à voix basse, le chapeau à la main, à la fois réjouie et inquiète. Les femmes, enveloppées pour la plupart de jupes rouges jusqu’aux chevilles, se tenaient légèrement en retrait, certaines portant leur bébé, d’autres des besaces en laine, emplies d’objets. Seuls les soldats qui montaient la garde regardaient au loin, selon les consignes données par leur chef de section.

03/04/2020

Le lac des grenouilles

https://www.youtube.com/watch?v=nWXmHEwtreY


02/04/2020

Avenir personnel

A vingt ans, le nombre de possibilités heureuses ouvertes devant soi paraissent infinies. Peu à peu, cette ouverture se resserre. On imagine plus facilement l’avenir, il semble de plus en plus tracé. Pour certains, il devient même inexorable et oppressant.

Il y a pour chacun un équilibre à réaliser : garder une certaine ouverture, mais avoir une direction d’avenir ; avoir un but, mais ne pas en être prisonnier.

01/04/2020

Premier avril

Comme un poisson dans son bocal
L’être s’étouffe du peu d’air frais
Que lui offrent les thaumaturges
Comment pousser ces murs de verre
Et dévoiler la fraîcheur de la nuit ?
L’ange passe par là et tend la main
L’être part sens dessus-dessous
Dans une valse lente et pimentée
D’étoiles et d’astres tourbillonnants
C’est le premier avril, jour des poissonniers
De papier et d’amour des enfants
Pour dire aux adultes leurs rires

 

31/03/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (7)

L’ensemble prenait son temps, le capitaine et sa femme ne se répartissant jamais de leur calme. Ils passaient devant les défenses de la ville avec indifférence et modestie, sans volonté de se montrer, de se faire admirer, comme s’ils poursuivaient leur chemin et qu’arrivés à l’entrée du bourg, ils allaient repartir vers l’endroit d’où ils venaient. Et pourtant, ce ne fut pas ainsi que cela se passa. Parvenu devant la porte d’entrée, le seul passage pour franchir les remparts de bois, l’attelage s’arrêta ; le capitaine, passa la jambe droite par-dessus l’encolure, mit pied à terre, lâchant les rênes sans que le cheval ne bouge, s’approcha du chariot et tendit la main droite à sa femme qui descendit avec grâce. Ensemble, ils se dirigèrent derrière le fourgon et aidèrent trois adolescentes à descendre. Un murmure accompagna cette apparition. Vêtues de robes rouges, elles regardaient ce village qui allait devenir leur décor pendant une année au moins. L’une d’entre elles se pencha vers les deux autres, dit brièvement quelque chose qui les fit sourire. Une autre leva la main comme pour un signe de reconnaissance, l’agitant pour dire sa joie d’être arrivée. Mais très vite, elle reprit un maintien irréprochable. Ensemble ils se dirigèrent vers la porte grande ouverte, encombrée des curieux qui s’y pressaient. Quelle entrée ! Les notables, déjà descendus des remparts, se précipitèrent et se mirent en rang pour les accueillir. Les habitants du village se bousculèrent un peu pour avoir une place qui leur permettait de voir la femme et ses filles, avides de connaître celles qui allaient désormais habiter avec eux.

L’intention du capitaine Barruez en faisant cette manœuvre inattendue n’était pas de se faire valoir inutilement auprès des habitants de San Pedro, mais de montrer sa sérénité et sa tranquillité d’esprit à une population qu’il supposait inquiète. Ce premier objectif qu’il s’était fixé lui semblait indispensable pour pouvoir par la suite enlever les doutes, interrogations, questions à ses ordres en cours de bataille. Il lui fallait emporter l’adhésion des habitants d’un simple mot, voire d’un seul coup d’œil. Il avait imaginé ce stratagème lors de sa dernière étape entre Calama et San Pedro, en examinant le plan  du bourg. Certes, un tel comportement risquait de laisser croire aux habitants San Pedro que le nouveau capitaine les dédaignait et paradait devant eux pour montrer qu’il était le maître. Mais même la peur peut être utilisée pour obtenir l’adhésion si, dans le même temps, on fait preuve de respect envers chacun et chacune. Aussi lorsqu’il eut fini son tour de la ville malgré la chaleur et l’attente du réconfort d’une pièce fraîche, il fut soulagé de constater que la majorité de la population était là, dans le but de faire sa connaissance.

N’allez pas croire qu’Alexandro Barruez était un homme calculateur et sans sentiments. Il ne cessait dans le même temps de penser à sa famille. Sa chère Emma, en premier lieu. Cette frêle jeune femme faisait son admiration. Jamais un mot de reproche, de crainte, de lassitude. Elle le regardait avec ses yeux clairs, ouverts sur le monde, et il ne voyait en eux que cette transparence que seuls les êtres purs savent transmettre. Il fermait les yeux et aussitôt sentait monter en lui cette envie de la toucher, de l’embrasser, de lui parler, de se réjouir avec elle de la vie, éventuellement de pleurer et de se consoler ensemble. Elle ne prétendait rien d’autre que de le rendre heureux. Sa seule ambition : fonder une vraie famille. Ils avaient eu trois filles et avaient dû renoncer à avoir un autre enfant car, depuis son dernier accouchement, elle ne pouvait plus enfanter. Elle avait bien pris cette fatalité et s’était consacrée amoureusement à ses trois filles, sans cependant les couver et les inhiber.

30/03/2020

Sombre

 

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La barbe fournie

humant la folie marine

voyait-il le ciel ?