07/10/2018
Pictoème
Jusqu’au dernier jour
Ils "nuagèrent" dans le bonheur...
Finir, œil dans l’œil !
07:10 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pictoème, haïku, poésie, poème | Imprimer
06/10/2018
Jardin public, à Laval
Le soleil est là. Enfin !
Tout d’abord, le bourdonnement :
Une multitude de sons amalgamés les uns aux autres
Qui forment une bouillie épaisse et pâteuse
D’où sort parfois une voix ou un cri
Puis, le soleil, chaleureux, accueillant
Trop, trop chaud, trop brillant, trop puissant
Peu restent en sa présence, préférant l’ombre
Bienfaisante, enjôleuse, caressante
Enfin, le vif, le cru, le rebelle, encombrant
Telle la verdure qui descend des rangs carrés
Ou ces deux amies, bavardes et inconscientes
Du calme qui émane du jardin encerclé
Et, encore un fait, les ombres sous les arbres
Fantômes avançant parcimonieusement comme flottant sur les eaux
Et contemplant silencieusement l’épaisseur de l’après-midi
L’automne cette année n’avance qu’à petits pas
Préférant se cacher au fond des frondaisons
Et se dire : « Encore un rayon ou deux ! »
07:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/10/2018
Ephistole Tecque (8)
Il avait passé de nombreuses heures à contempler, toucher et retourner chaque nouvelle pièce de sa collection. Il en connaissait parfaitement le volume et pouvait de mémoire en reproduire les formes diluées dans la masse. Cette connaissance faisait appel à l’espace visuel du caillou et à son espace tactile. Il savait qu’il devait écarter le pouce de l’index d’une distance qui correspondait à une certaine tension de la peau et des muscles se profilant au-dessous. Il apprenait à connaître chaque contour des veines bleutées ou rosâtres qui courraient à la surface du caillou. Il y trouvait la preuve de la vitalité interne de la pierre et de sa possibilité de rayonnement sur l’environnement. Il y attachait une grande importance, malgré la difficulté qu’il ressentait à ne pas s’identifier complètement à la perception qu’il avait du caillou. Plaisir anodin, car au fond, qui de nous n’a pas éprouvé un tel ravissement à contempler un objet quelconque, le plus simple soit-il, le plus rapproché même de la neutralité de la matière, jusqu’à s’en imprégner les sens et épuiser le pouvoir illégitime qu’il a parfois sur nous.
Ne vous êtes-vous pas surpris un jour, sans pouvoir en analyser parfaitement les mobiles, à ramasser le matin d’un jour semblable aux autres un de ces galets amenés dans la nuit par les vagues jusqu’aux limites de la marée sur le rivage et que la mer aurait abandonné comme un objet font elle n’a plus besoin ? Ce galet, vous l’avez inconsciemment mis dans votre poche et vous en avez moulé les formes avec votre paume dans les profondeurs du vêtement jusqu’à votre retour chez vous pour le poser quand vous avez eu besoin de votre main ou quand vous avez voulu mettre un objet plus utile dans votre poche. Vous l’avez déposé dans un endroit quelconque et ne l’avez retrouvé que quelques jours plus tard pour le jeter dans la poubelle ou l’enfouir dans un fond de tiroir où il repose encore.
07:02 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : http:regardssurunevissansfin.hautetfort.comtagmal-%c3%aatre | Imprimer
04/10/2018
Le mode d'habiter
Hier, dans une soirée du « Cercle du sens » que nous organisons tous les mois nous avons parlé du mode d’habiter. Le Cercle du sens a pour but de réfléchir ensemble à ce qui nous motive et nous renouvelle. Aussi, plutôt que de travailler directement à l’évolution de notre société, nous cherchons plutôt à nous poser la question du sens de notre vie pour améliorer notre propre compréhension de nos buts de vie dans la société et notre environnement. Ainsi c’est tout naturellement posé la question du mode d’habiter, concept surgi récemment dans les recherches en géographie.
La notion de mode d’habiter a fait peu à peu son apparition chez les universitaires, dont en particulier les géographes. De manière grossière, on peut dire que les lieux, d’un côté, et les personnes, de l’autre, s’influencent les uns les autres et constituent ainsi une manière unique et locale de vivre, créant de nouveaux rapports entre les êtres et les lieux. Si, comme le dit Heidegger, « habiter est un trait fondamental de l’être humain », on constate des habitudes différentes dans la vie de tous les jours et même des façons de bâtir et d’utiliser l’espace également différenciées. Ceci est vrai tant pour les sociétés que pour les personnes individuelles et leur lieu de vie, de travail, de loisirs, bref de tout lieu utilisé. L’homme des grandes métropoles a évidemment des modes d’habiter très différents de l’homme de la terre, l’homme de régions froides se distingue de l’homme de pays chauds, etc. Mais pour sortir d’un contexte trop théorique, interrogeons-nous plus profondément sur le concept et son intérêt.
Le mode vie concerne les lieux qui nous marquent et que nous marquons, c’est-à-dire les lieux qui permettent d’initier des relations et des échanges entre les personnes et les lieux qu’ils habitent, et de créer ainsi une fusion entre l’homme et le lieu qui donne à cet ensemble des particularités propres géographiquement, socialement, professionnellement, intimement pourrait-on ajouter. Le mode d’habiter permet le passage d’une conception géographique trop objective et scientifique à une vision plus humaine et personnelle à définir, entretenir, développer pour se sentir à l’aide dans son environnement. L’idée de mode d’habitat n’a de valeur que parce qu’il permet de développer un contexte d’amélioration des rapports entre l’homme et ses lieux de vie.
07:52 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habiter, babitat, mode d'habiter, mode de vie | Imprimer
03/10/2018
Être
« Je suis celui qui est »
Ramener toute chose à l’être, car, s’il n’y avait pas d’être, il n’y aurait pas de pensée.
C’est pourquoi il est nécessaire de se dire en face de chaque personne : « Il est », de la même manière, avec la même intensité que l’on se dit : « Je suis ».
En poursuivant cette démarche, on en viendra à dire :
« Je suis parce qu’il est ».
07:22 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : être, vie, existence, essence | Imprimer
02/10/2018
Coup de froid
Il sortit, les pas sur la tête
Une bouche de chaleur dans l’oreille
Sans bruit ni trompette
Il émergea d’un tunnel sans fin
La rosée sur le nez
Appesanti par un silence fiévreux
Il se sentit extrait d’un coffre
Avec retour vaniteux à la lumière
Pfuit… Expulsé comme un pet
Et remisé sur la place publique
L’œil encore chavirant
« D’où sort-il celui-là ? »
S’exclama un gamin passant par là
Il est vrai qu’il ne sait
Cela tape dans sa tête
Comme un tambour entre deux immeubles
Suivi d’une claque, puis d’une caresse
Il ouvre avec patience les yeux
Déclenchant des ronds bronzés
Et des notes cristallines
Il cherche le cœur entre ses souliers
Et le remet à sa place
Le temps est arrêté dans sa fuite
Il surnage sur l’horizon
Flottant dans l’air vaporeux
Il contemple le visage de l’aimée
Derrière sa toile d’embaumement
L’œil ouvert, souriant et pâle
Comme une biche en forêt
Ou un pousse-pied en mer
Il n’a plus à, sans cesse, se grandir
Le sommeil se glisse en lui subrepticement
Et envahit son personnage
Il part, en toute tranquillité d’esprit
Dans les collines du rêve éveillé
© Loup Francart
07:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/10/2018
Ephistole Tecque (7)
Ce n’était pas cependant qu’Ephistole n’aima rien et n’éprouva pas de plaisir, quel que fut l’objet de ses divertissements. Mais ce plaisir, cette petite joie qu’on éprouve chaque jour à propos d’un rien, il la considérait comme normale, faisant partie de sa vie, se mêlant dans l’ordre logique des choses aux déceptions et déboires habituels. Il se laissait aller entre deux eaux, sans effort de sa part, comme un noyé qui, après avoir rempli ses poumons d’eau, s’est aperçu qu’il est impossible de respirer en subtilisant à l’eau trouble les quelques bulles d’oxygène qu’elle transporte. Sa seule préoccupation était de s’attacher à rester aux abords de cette ligne de démarcation impalpable, mais sensible, qui sépare les eaux en fonction de leur densité.
En fait, ses plaisirs n’étaient que passagers et plus dus à certaines circonstances extérieures qu’à une véritable conviction personnelle de leur agréable possibilité et des bienfaits qu’ils pourraient lui procurer de façon durable. Il prenait le plaisir comme il venait, inéluctablement, avec la simplicité de l’acceptation, car aucun détachement ne s’y mêlait (si ce n’est une sorte d’inertie à participer). Il le laissait repartir, non pas comme un être anormalement repu de jouissances de toutes sortes, mais comme s’il acceptait l’ordre inévitable du temps, ce va-et-vient continuel de contradictions qu’éprouve chaque homme au cours de sa vie. Il avait éprouvé des plaisirs banals qui sont peut-être les seuls vrais plaisirs intimes parce qu’ils semblent parfaitement anodins et injustifiés à autrui quoique celui-ci en éprouva de semblables pour d’autres choses. C’était par exemple la collection de cailloux qu’il avait patiemment accumulée au cours de plusieurs années de recherche dans les différents lieux qui l’avaient accueilli. Elle gisait maintenant éparse dans un tiroir de son armoire, ou, pour les plus belles pièces, sous son lit, comme si la matière des cailloux eût pu lui transmettre durant son sommeil l’inertie qu’il opposait aux évènements quotidiens.
06:49 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être | Imprimer