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13/12/2015

Si on veut

Monsieur Albert était un petit homme vif et truculent. Il avait le don de vous surprendre vers 11h30 pour vous apporter quelque chose ou vous dire ce qu’il avait fait en votre absence. Muni d’une clé de la maison, il venait réparer un robinet qui fuyait, ratisser le jardin, remplacer une serrure. Bref il était devenu indispensable et faisait partie de la maison au même titre que la porte d’entrée, le compteur d’électricité ou la vanne d’arrivée d’eau.

Mais Monsieur Albert n’était pas seulement un homme à tout faire qui rend service avec le sourire. Il était aussi le philosophe de la vie quotidienne, le populiste qui explique les dernières élections, le météorologue qui regarde le ciel et vous dit, d’un air de ne pas y toucher : « Demain, il va faire de l’eau ! » Il savait parler et raconter sa vie, celle des autres, celle de la commune, celle de la France. Bien sûr, il n’échappait pas à la règle des mots tout faits : « C’est pas de refus ! » ou encore « Y a pas à dire… » Mais il avait son art de dire comme il avait son art de faire. Il s’asseyait face à la table, les genoux écartés et vous disait d’un air calme : « Oui, j’ai fait les toits de Paris. J’étais couvreur. Le plus dur, c’était en hiver. Des fois, il gelait fort. Fallait pourtant garder les mains au chaud… » Et il poursuivait ainsi sans s’arrêter, ayant toujours quelque chose à narrer. Jamais cependant il ne disait du mal de quelqu’un. Lorsqu’il avait à dire sur telle ou telle personne, il annonçait seulement : « Méfiez-vous, la Jeanne, faut pas la fréquenter. Elle est trop bavarde ! » On savait alors que la personne racontait tout à tous avec une délectation sans fin et tentait en permanence d’apprendre sur chacun pour annoncer une nouvelle histoire aux autres, à votre détriment, bien sûr ! »

Sa phrase favorite : « Si on veut. » il en usait, sentant bien qu’il y avait quelque chose d’insolite dans cette réponse à une question qui le concernait directement telle que : « Vous prendrez bien quelque chose ? » Il vous répondait alors d’un air assuré et guilleret : « Si on veut. » Qu’entendait-il derrière ce on ? Parlait-il de lui ou au contraire de celui qui avait posé la question ? On ne sait. Il laissait supposer que cela lui était égal ou que, si vous n’y teniez pas, peu lui importait. C’était sa manière : être impersonnel avec une réponse personnelle à donner, être désintéressé alors qu’il n’attendait que cela. Que signifiait cette phrase dans sa tête ? On ne le saura jamais. Monsieur Albert n’est plus. Il repose au cimetière, son dernier toit à couvrir. Oui, M’sieur Albert avait une faiblesse pour le vin rouge et en abusait quelque peu. Il en est mort. Ainsi, il venait vous voir à onze heures trente. On l’entendait ouvrir la porte cochère du jardin, déposer son vélo contre un arbre, et venir taper d’un doigt à la porte de la cuisine. Nous aimions ses visites, son langage fleuri, sa bonne humeur jamais en défaut, ses réflexions qui n’avaient l’air de rien. Il avait l’aisance des simples, comprenait lorsqu’il nous dérangeait : « Je reviendrai », disait-il.

Il ne reviendra plus, mais nous conservons dans nos souvenirs la mémoire d’un homme vrai. Parfois, pour rire, à une question posée par l’un d’entre nous, un autre répond : « Si on veut », et un sourire nostalgique naît sur nos lèvres.

12/12/2015

Brouillard

Hors de toute gravité l’ouate flotte dans l’air
Et encombre les bronches révoltées
Par le passage des particules délétères
D’une brume persistante et illimitée

Enfoncez-vous mollement dans la purée
Laissez-vous aller sans bras ni jambes
Et ouvrez grand votre regard enchanté
Sur les nuages devenus ingambes

Il lui prit la main, hors de toute mise en scène
Gonflé d’un hélium envahissant et obscène
Il frémit de bonheur. L’angoisse attendra !

Va où te conduisent ton cœur et ta nature
Marche vers l’inconnue en toute droiture
Va vers la porte blanche et avance d’un pas !

©  Loup Francart

11/12/2015

Quelques pas dans Dole

Une promenade insolite. Bien sûr tous la connaissent. Mais elle est sympathique et original cette entrée dans les profondeurs de la ville par un passage singulier, celui d'une fontaine qui pourrait avoir sa place à Jérusalem, en Turquie ou en Grèce :

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10/12/2015

La fin de l'histoire (3)

Il y avait bien de temps à autre des manifestations de conscience individuelle qui différaient de la conscience collective. Mais les personnes qui tentaient de penser autrement étaient aussitôt prises de fièvres ou de nausées et ne pouvaient plus se nourrir correctement. C’était aujourd’hui le cas de Nicéphore et il n’arrivait pas à lutter contre ces symptômes révélateurs. Pour éviter une hospitalisation, il décida de partir loin de la civilisation. Il prit un billet d’avion pour Tombouctou où il espérait trouver une grotte lui permettant de vivre isolé de façon à éviter toute dénonciation. Certes, il n’était pas le premier à essayer cette stratégie de l’isolement. Mais il ne savait pas ce qu’étaient devenus les gens qui l’avaient tentée. Aujourd’hui, il risquerait lui-même cette manœuvre pour voir ce qui allait subvenir. C’était l’inconnu. Il voulait savoir de que signifie penser par soi-même d’une manière différente. Il n’avait pas conscience de se rebeller. Simplement, il voulait tenter l’expérience et avait préparé avec soin son sac à dos. Un duvet, un savon, deux gourdes en plastique, un rasoir et un tube de mousse à raser, une chemise et un pantalon de rechange, quelques sous-vêtements et une paire de chaussures qui compléterait celle qu’il avait aux pieds. Ah oui, également un traducteur automatique assez perfectionné qui traduisait instantanément d’une langue dans une autre avec une voix mécanique qui certes manquait d’élégance, mais permettait de converser facilement avec tout un chacun. Il avait pris soin de ne rien prendre qui puisse donner l’éveil aux policiers chargés de fouiller les voyageurs pour découvrir des objets compromettants.

– Monsieur, montrez-nous votre sac, s’il vous plaît.

– Voilà, dit-il.

– Qu’allez-vous faire à Tombouctou ? lui demanda un des policiers plus curieux.

– Je vais faire des recherches géologiques, c’est mon métier, répondit-il. Nicéphore avait en effet passé brillamment un doctorat de géologie et avait travaillé pour l’industrie pétrolière à la recherche de présence d’indices.

– Bien, passez Monsieur.

Nicéphore ne cherchait pas à tromper les policiers. Il disait la vérité et agissait de façon normale sans être véritablement conscient de ce qu’il faisait.

Atterrissant à Tombouctou, il chercha aussitôt un guide capable de l’emmener dans le désert et de l’aider à trouver une grotte pouvant l’abriter de la chaleur. Il rencontra Mohamed, un petit touareg au visage rieur, avec qui il conclut le marché. Il prit un peu de temps pour voir la grande mosquée, le plus grand monument en terre du monde, paraît-il, dans une ville également de terre et de ciment. Plus d’affrontements… La fin de l’histoire est également passée par là. Les religions existent encore, mais le prosélytisme est banni. Elles ont une fonction sociale et culturelle, voire, dans certains cas, psychologique, assez proche de la spiritualité. Celle-ci n’est pas interdite, mais elle n’est qu’individuelle, plus à des fins sanitaires que pour annoncer l’existence de Dieu et changer les êtres. Si chaque homme est libre d’une aventure religieuse, celle-ci ne peut être que dans un consensus social que tous agréent.

09/12/2015

Ecriture

Premiers balbutiements d’un apprenti en écriture ! De la croix au trait en passant par… De l’extase à la lassitude… Et pourtant, n’y a-t-il pas une certaine poésie dans ces malhabiles tentatives de langage ?

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08/12/2015

Prière au Tout Autre

Toi, au-delà des mondes visibles et invisibles
Plus intime à moi-même que moi-même
Un et inconnaissable
Contenant le tout et contenu en tout
Merci à Toi, si proche et inconnu
Qui s’empare de mon être et le presse
Sur le vide intense de ta présence
Tu es là, hors de toute raison
Sans jamais te nommer ni te dévoiler
Et tu m’aspires en Toi, en toute liberté
Sur la seule foi de la confiance
Qui m’étreint et me bouleverse
Fais de moi ce qu’il te plaît
Permets que je me noie en Toi
Qu’encore et toujours, à chaque instant
Je n’oublie pas ta brise divine
Et avance les yeux ouverts
Sur la splendeur de ta création
En moi et hors de moi, entre le zéro et l’infini
Au-delà de tout toucher et de toute pensée
Dans ce lieu qui n’est pas moi
Et que je nomme Toi

©  Loup Francart

07/12/2015

Le lac à Annecy

Le lac, royal et immuable, mais toujours changeant.

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paysage,annecy,tourisme