03/11/2018
Forteresse
Du bout des lèvres,
Elle ne goûtait que la vie.
Un espoir sans fin...
07:20 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, fin, retour, éternité, passage | Imprimer
02/11/2018
Ephistole Tecque (14)
Abrégeons malgré tout, car les jours se suivent et se ressemblent malgré l'adage.
Il avait donc travaillé, était rentré chez lui, s'était déshabillé et couché comme vous le faites vous-même chaque jour, malgré quelques entorses à la règle de la continuité. Après avoir lu pendant quelque temps, car il ne pouvait s'endormir sans lire, comme s'il était indispensable de nourrir son cerveau avant de le faire sombrer dans les divagations du sommeil, comme si une lecture saine pouvait mettre un peu d'ordre dans ces cheminements anormaux de la pensée durant le sommeil, il éteignit et chercha une position avantageuse pour permettre à son corps de reposer en toute quiétude. Ephistole n'aimait pas cette heure difficile entre le besoin de sommeil de son corps et le déroulement incessant de souvenirs et de tracas que son cerveau était incapable d'arrêter ou même de freiner. Le fait de s'attarder plus longuement sur une pensée, comme s'il allait pouvoir épuiser toutes les images qu'elle devait suggérer à son esprit, ne l'empêchait pas, malgré lui, d'enchaîner sur d'autres faits, sur d'autres souvenirs ou d'autres préoccupations. Et les minutes semblaient s'allonger démesurément, se transformant en heures, bien que lorsqu'il y portait attention, conscient de ce ralentissement intempestif du temps, le tic-tac mécanique de son réveil ne paraissait pas avoir varié. Alors, pour calmer un peu cette fièvre dévorante de l'esprit d'autant plus ennuyeuse qu'elle ne lui apportait rien de constructif, toutes les images s'enchevêtrant imperceptiblement sans qu'il puisse à l'envers en reprendre le fil conducteur, il changeait la position de son corps qui peu à peu était gagné par l'échauffement inéluctable des pensées, remontant légèrement la jambe gauche jusqu'à trouver un emplacement moins chaud à hauteur de son nombril, déplaçant le bras droit jusqu'à le glisser dans le nid de fraîcheur sous l'oreiller, étreignant de l'autre bras le volume un peu mou d'un des quatre coins de ce même oreiller. Et à nouveau cette recherche du sommeil après une accalmie de quelques minutes, de quelques secondes peut-être, puis ce même déchaînement logique et inexorable de pensées absurdes, indésirables.
06:03 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être | Imprimer
01/11/2018
Neige
La neige tombait dans la nuit
Et s’amoncelait devant l’huis.
La nuit avait revêtu sa robe de mariée,
Le monde en était changé.
Les rues de toujours
Devenaient les rues d’un jour.
La lumière des réverbères,
Qui, souvent, désespère,
S’estompait en l’air
Et scintillait par terre.
Seule, de mes enjambées la cadence
Troublait l’émouvant silence.
Par mes pas imprimés,
Je la sentais violée.
Mais bientôt l’aurore, enfant de la nuit obscure,
Fera rougir sa blanche parure.
Mettant au monde la lumière, elle s’éteindra
Et l’homme du jour s’étonnera :
« Quel est ce voile
Laissé par une nuit sans étoiles ? »
© Loup Francart
07:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
30/10/2018
La foi
"Agenouillez-vous et priez. Alors viendra la foi", disait Pascal. C’est ainsi que furent fabriquées des générations de croyants qui n’avaient pas la foi.
On peut passer des années à prier gentiment le dimanche ou même tous les jours sans que vienne la foi. Et la prière ne sera qu’une contrainte qu’on s’impose à soi-même alors qu’elle doit être don total de soi et création.
On peut aussi, avec beaucoup de patience et un peu d’imagination exaltée, croire qu’on croit. La foi vient avec la prière, mais disparait après elle, s’éteignant, comme si le monde tous les jours n’avait rien à voir avec elle. Cette foi est une pure invention psychologique que l’imagination fabrique elle-même, par échauffement pourrait-on dire.
La foi ne peut venir de l’habitude. L’habitude de prier ne peut donner la foi, elle ne peut que l’empêcher de venir, car la prière n’est alors qu’une machine bien remontée qui fonctionne mécaniquement. La foi vient quand toute habitude est abandonnée.
Cependant, n’oublions pas, à chaque jour suffit sa peine. Il est des jours où rien ne vient, où la présence est absence, où la sécheresse vous dessèche. Alors, oui, agenouillez-vous et priez. Mais ce n’est plus la foi que vous cherchez. C’est vous-même que vous avez perdu.
07:02 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foi, coire, habitude, prière | Imprimer
29/10/2018
Envers ou endroit
Parfois, il s’enferme dans l’envers
Il s’y trouve bien, c’est son refuge
Devant l’ampleur du monde
Et la somme des découvertes à faire
Rien pourtant ne l’oblige
A bailler sans cesse devant ses souvenirs
Ou à errer devant son avenir
Il est bien là, las de son être
Et emprunté de sa distance
Il lève la tête quand il faut
Mais rares sont les lieux
Où le repos accompagne la fête
L’endroit pourtant est étayé
Construit selon les règles de l’art
Trop bien pour lui, sans doute
Mais c’est en fait une lassitude interne
Qui disjoncte la machine
Et la rend si instable et imprévisible
Il cherche le juste milieu
En équilibre sur le pic, mort ou vif
Rien ne va plus !
Il s’enfuit en courant
Vers le lac sans fond
Dans lequel l’ombre ne pénètre pas
© Loup Francart
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer