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02/11/2018

Ephistole Tecque (14)

Abrégeons malgré tout, car les jours se suivent et se ressemblent malgré l'adage.

Il avait donc travaillé, était rentré chez lui, s'était déshabillé et couché comme vous le faites vous-même chaque jour, malgré quelques entorses à la règle de la continuité. Après avoir lu pendant quelque temps, car il ne pouvait s'endormir sans lire, comme s'il était indispensable de nourrir son cerveau avant de le faire sombrer dans les divagations du sommeil, comme si une lecture saine pouvait mettre un peu d'ordre dans ces cheminements anormaux de la pensée durant le sommeil, il éteignit et chercha une position avantageuse pour permettre à son corps de reposer en toute quiétude. Ephistole n'aimait pas cette heure difficile entre le besoin de sommeil de son corps et le déroulement incessant de souvenirs et de tracas que son cerveau était incapable d'arrêter ou même de freiner. Le fait de s'attarder plus longuement sur une pensée, comme s'il allait pouvoir épuiser toutes les images qu'elle devait suggérer à son esprit, ne l'empêchait pas, malgré lui, d'enchaîner sur d'autres faits, sur d'autres souvenirs ou d'autres préoccupations. Et les minutes semblaient s'allonger démesurément, se transformant en heures, bien que lorsqu'il y portait attention, conscient de ce ralentissement intempestif du temps, le tic-tac mécanique de son réveil ne paraissait pas avoir varié. Alors, pour calmer un peu cette fièvre dévorante de l'esprit d'autant plus ennuyeuse qu'elle ne lui apportait rien de constructif, toutes les images s'enchevêtrant imperceptiblement sans qu'il puisse à l'envers en reprendre le fil conducteur, il changeait la position de son corps qui peu à peu était gagné par l'échauffement inéluctable des pensées, remontant légèrement la jambe gauche jusqu'à trouver un emplacement moins chaud à hauteur de son nombril, déplaçant le bras droit jusqu'à le glisser dans le nid de fraîcheur sous l'oreiller, étreignant de l'autre bras le volume un peu mou d'un des quatre coins de ce même oreiller. Et à nouveau cette recherche du sommeil après une accalmie de quelques minutes, de quelques secondes peut-être, puis ce même déchaînement logique et inexorable de pensées absurdes, indésirables.

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