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14/06/2015

Alain Pontecorvo à la Galerie de l’Europe

Il expose à nouveau à la Galerie de l’Europe (voir le 05/07/2014). Sa peinture n’a pas changé : originale, mais classique, avec une pointe de modernisme dans le choix des sujets, des couleurs et des perspectives.

Admirons la Volkswagen, les têtes derrière et le paysage linéaire au fond. Est-ce vrai, est-ce inventé, est-ce un rêve ? Nul ne le sait. Peut-être pas le peintre lui-même ?

Cette gare (Montparnasse ?) avec sa lumière surréaliste tombant d’un ciel feutré :

Là une vue quotidienne urbaine, mais qui baigne dans une luminosité sans pareille.

Et, toujours, ces ombres qui s’allongent avec un angle de prise de vue (oui, on peut le dire ainsi) insolite qui donne aux ombres une impression de réalité par rapport aux personnages qui semblent irréels.

 

 

GALERIE DE L'EUROPE 

Du 10 juin au 11 juillet 2015

Alain PONTECORVO

Peintures

13/06/2015

Trou noir

Dieu, quel trou !
Mais en est-ce bien un ?
 Il t’enveloppe et te prend
Sans autre forme de procès

Tu dérives dans ce tourbillon
Tu confonds le haut et le bas
Y a-t-il même une dimension
Dans cet espace illimité

Tu ne sais, car tu tombes
De Charybde en Scylla
Et tu ne t’écrases pas
Y a-t-il même une pesanteur ?

As-tu d’ailleurs un corps
Un vrai, que tu ressens
Et que tu aimes encore ?
Tu ne sais où il se trouve

Seule ta pensée est là
Bien seule dans cet entourage
Où rien ne te raccroche
A ce que tu connaissais

Flotte tel un drapeau au vent
Joue la fusée et fuis l’horreur
De cette absence de présence

Reviens en arrière, va le chercher
Ce corps si mignon
Que tu ne peux t’en passer

Regagne ta carapace et protège-toi
Des malveillances de l’univers

Ces trous sont des passages
Mais où mènent-ils ?
Quel labyrinthe Dieu a-t-il inventé ?

Je suis las de ces échappées
Qui me donne le tournis

Garde-moi mon corps
Mais efface mes pensées
Pour plonger purifié
Dans le trou sans fin
De la miséricorde

©  Loup Francart 

12/06/2015

Une prison de rêve

Prisonnier du ciel.

Des barreaux qui ouvrent sur l’invisible et donnent vie au néant.

Rien de tout cela n’est fermé.

Ce n’est pas une délivrance, mais un début de libération.

Qu’y a-t-il au-delà : l’admirable ignorance d’un avenir certain.

 

 

11/06/2015

Nora Douady

 Nora Douady exposait à la galerie Felli du 23 avril au 23 mai. Que peint-elle ? On ne sait. Il faut s’habituer à sa peinture pour entrer progressivement dans sa vision, celle d’un monde insolite et, malgré tout, proche de la réalité.

C’est un monde merveilleux de beauté, une féérie visuelle faite d’émotion et de sensations qui ne peuvent d’exprimer autrement que dans des fondus et des effets de couleurs.

C’est un monde d’avant notre ère, en construction, encore vierge de la main de l’homme :

On croit lire la bible à ciel ouvert, sans mot et on contemple l’univers avec la joie d’un enfant. On ne s’étonnerait pas de voir la main de Dieu nous faire découvrir sa création.

« Observé de près, le travail pictural de Nora Douady résulte de toutes les façons d’appliquer et d’utiliser la peinture sur un même champ : projections, travail au pinceau, coulées, transparences, "tachisme" délicat. De ses fonds, aux apparences aquarellées, jaillissent ses lumières issues d’une application subtile de couleurs vives, attractives, réparties aux abords des zones de ciel qui traversent le tableau pour illuminer et modeler les végétaux : "Je travaille sur la répulsion de l’huile et de l’eau qui créent naturellement des matières vivantes. Ces matières, on ne peut pas les produire au pinceau. Quand on laisse la peinture se répandre au hasard, elle peut reproduire d’elle-même, par exemple, un lichen qu’il serait impossible de rendre aussi vraisemblable avec un pinceau." Elle crée en peinture par effet de transparences, par le hasard de ces coulées "maîtrisées", la substance même de ce qui est alors l’objet de son choix ; l’eau, les feuillages, les arbres, la roche. Alchimie qui la situe sur une quête d’équilibre à atteindre particulièrement sensible. » (http://galeriefelli.com/nora-douady/)

On part loin de la réalité, mais dans le même temps si proche qu’elle semble le lieu de tous les refuges, de toutes les absences, de tous les rêves.

Chaque tableau est un poème dont la force tient au fait qu’il nous conduit au-delà de l’image, vers des horizons entrevus, mais impalpables.

Un magnifique travail, une ouverture inédite sur la spiritualité !

Une galerie à suivre et à fréquenter, ses choix sont toujours heureux (127 rue Vieille du Temple 75003 Paris).

10/06/2015

Matinale (9)

Elle remonta pour respirer. Elle ne pouvait faire autrement. Reprenant son souffle, elle fut tout à coup secouée en tous sens par un tremblement de l’eau, à la fois aspiration et propulsion d’une autre masse de liquide. Le maître-nageur lisait son journal, ne voyant pas cet orage venant du fond de la piscine. Elle eut envie de nager très vite jusqu’à l’échelle permettant de sortir de l’eau et de fuir cette masse fluide. Mais elle se dit que c’était peut-être l’unique occasion de savoir de quoi il s’agissait. Alors, elle prit de l’air et plongea.

C’était une véritable tornade. Les tangentiels se laissaient faire et paressaient habitués. Ils roulaient entre les bulles d’air, emportés comme des fétus de paille. Leurs bras et leurs jambes semblaient indépendants de leur corps, formant de véritables tentacules se mouvant d’eux-mêmes. Ils n’avaient pas l’air effrayés. Ils semblaient presque heureux, comme les gens sous l’emprise d’une drogue. Ils ne pensaient plus, libres de toute attache, de tout souvenir, de toute crainte. Amélie était elle-même secouée, emportée par cette furie qui se passait à l’intérieur de la piscine. Elle vit la jeune fille la regarder, lui crier quelque chose. Mais elle ne sut ce qu’elle voulait dire. Plusieurs tangentiels passèrent à travers elle, sans effort, comme si elle n’existait pas, sans un mot d’excuse. Les deux mondes se côtoyaient sans réellement se rencontrer, à la façon des allumettes frottées sur le grattoir. Cette friction formait une étincelle qui devenait flamme après la fin de la combustion instantanée. Ici, elle durait. Elle semblait ne pas vouloir ou ne pas pouvoir s’arrêter. Amélie perdait pied, se sentait impuissante à réagir et se laissait engourdir par ce tsunami. A un moment donné, elle fut aspirée vers le fond. Elle vit celui-ci s’ouvrir à la manière d’un trou fait par une balle de pistolet dans la carrosserie d’une voiture, un trou bien rond, au rebord déchiré vers l’extérieur tout noir, mais avec un reflet lumineux attirant l’œil. Elle se sentit dégrisée et lutta pour sortir de l’attraction que ce trou exerçait sur son propre corps. Elle fut prise dans une bulle d’air assez grande pour lui permettre de respirer, la sauvant ainsi de la noyade. Celle-ci l’entraîna vers la surface sans qu’elle eût besoin de nager. Elle regardait les tangentiels faire le chemin inverse, emportés par l’aspiration, et s’engouffrer dans la plaie ouvert du fond de la piscine.

L’eau se calma, la blessure se referma progressivement, laissant passer les retardataires, les dernières bulles s’échappèrent et firent surface avec Amélie. Elle se retrouva nageant tranquillement dans une eau parfaitement calme, comme si de rien n’était. Elle crut qu’elle avait rêvé. Même le maître-nageur n’avait rien vu, préoccupé par la lecture de son journal. Elle était seule et se dirigea vers l’échelle de sortie, calme en apparence. Son cœur battait vite cependant. Elle n’arrivait pas à reprendre ses esprits. Elle voyait la surface tourner et ne savait plus si elle était encore sous l’eau ou si l’horizontal devenait vertical. Elle atteignit l’échelle, s’y agrippa et s’efforça de monter. Elle s’assit sur le carrelage froid qui lui fit du bien, tenta de prendre sa serviette, mais s’évanouit avec un petit râle qui alerta le maître-nageur. Celui-ci se précipita, lui donna légèrement quelques claques, la couvrit d’un peignoir très épais et la conduisit vers une sorte de petite infirmerie. Etendue sur un lit d’examen médical, elle se laissait faire, ne pensant à rien, continuant de contempler le trou noir et lumineux qui s’était formé au fond de l’eau. Elle avait vu sa mort dans cette blessure et n’avait pas eu peur, loin de là. Elle avait même eu une attirance irréfléchie pour ce mélange d’obscurité et de luminosité, de noir et de blanc qui ne formaient pas du gris. C’était une autre couleur, inconnue, indéfinissable, attirante, qui semblait vous arracher le cœur et vous aspirer en elle. Amélie s’endormit sans en avoir conscience, un sourire béat sur ses lèvres.

09/06/2015

Regrets

Avez-vous de ces regrets cachés
Qui empoisonnent l’existence ?
Tous en ont, même les non-vivants
Ils se cachent dans la confusion
Des émotions et des souvenirs

Impossible de s’en débarrasser
Ils persistent à être présents
Comme les vagues d’un destin
Fait de tissus effilochés
A force de patience et d’attention

Il vous arrive de les oublier
Mais ils se rappellent à vous
Comme un mal de cœur incessant
Vous dormez et croyez en réchapper

Non ! Ils chatouillent votre mémoire
Jusqu’à vous réveiller de votre quiétude
Seul le vide immense de l’avenir
Peut vous guérir de cette seconde nature

Je marche vers mon futur inconnu
Comme l’oiseau entre en cage

©  Loup Francart

08/06/2015

Les communes nouvelles

La création de communes nouvelles favorise le regroupement des communes. Les communes nouvelles ont été créées par l'article 21 de la loi n° 2010-1653 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales. La loi relative à l’amélioration du régime de la commune nouvelle, pour des communes fortes et vivantes, a été adoptée le 16 mars 2015, donc tout récemment.

Les raisons annoncées sont simples : simplification administrative, économie budgétaire, alignement sur le reste de l’Europe : Avec ses trente-six mille six cent quatre-vingt-une communes, la France recense à elle seule 40 % des mairies des vingt-huit pays de l'Union européenne. Un maillage administratif qui tient de la dentelle : 86 % de ces municipalités comptent moins de deux mille habitants, et ne regroupent que 24,5 % de la population française.                          (http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/01/27/le-regroupement-des-villages-prochaine-etape-de-la-reforme-territoriale_4562477_823448.html)

La première loi n’avait guère enthousiasmé les représentants des communes. Pense-t-on que cette deuxième loi va favoriser le regroupement ? L’Etat change de tactique. On nous impose ce regroupement par le portefeuille. Sans regroupement perte réelle des dotations des communes, avec regroupement, gain. Il est évident que cette transformation devient alléchante. Mais est-ce là le véritable problème de cette réticence au regroupement ?

Le poids de l’histoire pèse lourd. Chaque commune possède son nom depuis des centaines d’années pour la plupart. Que veut la loi ? L’adoption d’un nouveau nom symbolisant ce regroupement. Ainsi votre commune perdra son nom qui est un des éléments constructifs de l’identité de beaucoup de Français. Derrière le nom se cache la psychologie du Français si bien décrite par Gabriel Chevallier dans Clochemerle.

Le problème n’est pas d’organiser administrativement ces regroupements, mais de créer une réflexion réelle sur ceux-ci. Il existe dans de nombreuses régions de France de petites régions historiques et culturelles qui n’ont pas grand-chose à voir avec les départements. Pourquoi ne pas s’en inspirer et redévelopper d’abord une culture commune, puis des intérêts communs et enfin une organisation commune. Le plus souvent ces petites régions (rien à voir avec les régions actuelles toujours plus regroupées) ont des raisons géographiques, historiques, culturelles, économiques qu’il faut mettre en valeur plutôt que d’imposer des structures administratives sans contexte patrimonial. Nos élus sont trop préoccupés de leur avenir dans le prochain système. Ils négocient entre eux ces futurs partages. Ne serait-il pas plus judicieux au contraire d’organiser une réflexion sur la place publique, encouragée par un organisme dont le but serait de chercher ce qui rassemble les habitants d’une région au sens où nous l’entendons plutôt que de discourir sur ce qui nous individualise et crée donc obstacle au regroupement.

Premier point totalement contestable : la déculturation des Français. Ces réformes séparent les Français de leur identité qui est historique, géographique, économique, architecturale, artistique (et bien d'autres choses encore!). Pourquoi détruire ce qui fait la particularité d’un pays, d’une région, d’un village, sinon pour atteindre les bases même de la société. Sans attache, le Français sera plus malléable.

Mais le pire est l’absence de démocratie dans l’ensemble de ses réformes. Disons plutôt que la démocratie est confisquée par le gouvernement et les élus qui jugent que le peuple n’est pas capable de comprendre l’importance de ces regroupements et qu’il les refusera. Bref, la population ne sait pas ce qui se prépare, cela se passe entre élus locaux et préfets et tout n’est qu’affaire de sièges et de subventions.

Triste France où la démocratie et la république, ces mots si convoités par tous les politiques, sont la propriété de quelques-uns.