30/01/2011
Ce matin, par inadvertance
Ce matin, par inadvertance, j’ai pris le métro,
Ce serpent souterrain qui court dans la moiteur
Des dessous de la ville et transporte mille fantômes
Somnambuliques, vers des destinations multiples
Je sortais de mon lit, encore engourdi
Mais l’œil clair des attentes d’un jour nouveau
Et entrais dans la chenille lumineuse
Pour prolonger mon rêve exotique
Quelle étrange morbidité enserre ces passagers
De noir vêtu et d’ennui revendiqué
Sur la pelouse de leur mortuaire dessein
Ils allaient en silence, dans leurs pensées amères
Tous de noire désespérance, écrasés d’allégeance
Au dieu de la mode ou de l’inconscient collectif
Ils se laissaient porter, indifférents
Jusqu’au terminus de leur indolence
Chacun d’eux dormait les yeux ouverts
Sur la pâleur des publicités
Qui lui donnent la consigne
De se vêtir de noir, exclusivement
Les yeux baissés sur leur tiédeur communautaire
Ils se concentrent sans éclat sur leur aphasie
Ignorant la belle délicatesse des couleurs assemblées
Pour faire revivre et danser espoir et liberté
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, ville, désespérance | Imprimer
29/01/2011
La lecture, de Fernand Léger (1924)
Au premier abord le tableau ne m’a rien inspiré. Il était pour moi comme ces tableaux que l’on trouve dans beaucoup de maisons de province et qu’on a souvent envie de retourner tellement leur absurdité nous choque. Puis, en l’observant plus longuement, j’ai perçu une certaine harmonie d’ensemble, une certaine quiétude dans la forme du dessin comme si chacune des particules de l’air avait arrêté son mouvement pour laisser à la parole toute sa pénétration dans l’esprit et le corps.
Les deux personnages, une femme assise dans un fauteuil soutenant sa tête d’un coussin et tenant un livre, l’homme, un bouquet de trois fleurs à la main qui tient maintenu un livre contre sa poitrine, ne sont pas plongé dans leur lecture, mais dans l’extase du rêve comme après avoir parcouru des yeux quelques lignes particulièrement belles. Leur attitude, figée dans une immobilité inquiétante, respire la rêverie qui est plus exactement matérialisée par la fixité de leur regard, un regard irréel, chargée de pensées intérieures, alors qu’en fait la forme même de l’œil n’est représentée que par une ellipse augmentée d’un trait supérieur pour formuler la paupière dans laquelle baigne un cercle noir, et cet œil, d’un dessin si simple et presqu’enfantin, respire toute la rêverie que peut contenir l’imagination d’un homme.
La tête de la femme, penchée sur le côté, le menton reposant sur la rondeur de l’épaule est l’idéal de la beauté féminine vers les années 1900, par le cercle presque parfait du visage que les cheveux épousent en larges plaques ondulées, par le dessin du sourcil qui continue en un même trait la forme du nez et de l’autre sourcil et dont les lèvres formées d’ombre semblent la base de cette colonne évasée. Les fleurs que l’homme tient délicatement entre ses doigts dont l’un, recourbé de manière anormale par rapport aux autres, donne justement l’impression du volume des fleurs, ressemblent à des nénuphars dont la fleur elle-même fait penser à des coupes de fruits qui contiendraient des prunes jaunes et dont on s’attend presqu’à voir quelques gouttes d’eau s’écouler à la base de leurs tiges.
Le volume et l’espace qu’occupent les corps dans le tableau est rendu avec puissance et vigueur par une simplicité enfantine du dessin des corps qui font penser à ces bonhommes de caoutchouc gonflé que l’on voit dans les vitrines des magasins. Mais combien leur attitude est pénétrée de l’extase et de la paix que donne la rêverie de la lecture et comme au fond sont humains leur gestes, la manière qu’a la femme de tenir son livre avec le plat de la main à demi refermée sur l’arête du centre du livre dont la base repose sur les plis de sa robe. Et ce geste de l’homme qui, pour tenir les fleurs dans sa main, appuie le livre du pli de son coude à son avant-bras contre sa poitrine.
L’ambiance du tableau reste volontairement tournée vers la contemplation par la forme des objets qui entourent les personnages. En fait, on ne distingue pas d’objets, mais des cadres constitués de traits verticaux et horizontaux où toutefois les traits horizontaux dominent, pénétrant par là l’esprit de tranquillité et de rêverie. Le temps s’arrête, l’intimité du couple est un filigrane invisible que l’on ne perçoit que par cette suspension du cheminement de la pensée entre le repos du corps et celui de l’esprit.
07:20 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, fernand léger, beauté | Imprimer
28/01/2011
La mort avait mis son scaphandre
La mort avait mis son scaphandre. C'était une grenouille de caoutchouc dont l'enfer était les gouffres marins.
Je la suivis une nuit. Et je rendis visite aux entrailles de la terre. Les eaux étaient vert sombre, les roches jaune clair. Un hublot me protégeait de ce monde difforme. L'architecture marine a la bizarrerie d'un jardin d'hiver : pâle, lent, secoué d'irrésistibles tressaillements. Les herbes folles défient le regard des absents et gonflent leurs pédoncules de lourds cheminements. Miroir de la réversibilité, quand l'onde reflue et imprime un mouvement contraire à la prolongation de l’élan antérieur. Alors une longue déchirure surprend le promeneur solitaire et lui rend la consistance des vivants.
Dans mon enfance, à la maison, se trouvaient des vitres jaunes qui déformaient d'un côté, mais restaient transparentes de l'autre. Je montais sur la fenêtre pour regarder la pièce, un débarras moisi où s'entassaient de prodigieux trésors. Depuis, l’irrésistible penchant à rechercher ce qui se cache derrière la porte. Je n’ai pas encore trouvé, mais le simple fait de chercher me procure un indicible plaisir que je ne saurais abolir.
06:19 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
27/01/2011
La tête rouge d'Amedeo Modigliani
Dans la nuit de l'esprit, surgi des profondeurs de la mémoire, apparaît le souvenir d'une inconnue.
Comment préciser cette tête rouge tuile dont on ne connaît que la forme allongée sur la surface gris-bleu des réminiscences informelles ? Peut-être ces lèvres au dessin précis qui semblent l'origine même du souvenir, le point de départ du travail de la mémoire qui s'efforce de préciser tant bien que mal les contours de ce visage autour de la courbe veloutée de la lèvre. Aussi l'ombre gagne-t-elle le contour du crâne nu. Il n'y a qu'un œil dans cette tête rouge, sans doute parce qu'on ne se souvient jamais du regard complet des gens, mais d'un soudain éclat entrevu brièvement.
Qui est-ce ? Une femme, mais qui ? Péripatéticienne ou élégante ? Elle se laisse deviner ou plutôt on imagine sa consistance sans percer le mystère.
La tête rouge, d'Amedeo Modigliani
" D'un œil, observer le monde extérieur, de l'autre, regarder au fond de soi-même" (Amedeo Modigliani)
11:18 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture | Imprimer
26/01/2011
Ce que je voudrais être
Ce que je voudrais être pour toi
Ce n’est ni la force, ni le savoir
Ni l’orage, ni le torrent, ni la tempête
Mais le refuge de tes regards
Le lac, la vallée et le logis
Je serai aussi pour toi
Les piliers de ton temple de vie
Celui qui sera toi et rien d’autre
L’ombre de ta démarche joyeuse
Le soleil du repos de ton âme
Et si parfois un vent léger se lève
Et t’éloigne quelque temps du lac
Ton regard suffira à me dire les saisons
Et la raison de nos émerveillements :
Un amour comme une fleur éclose
Aux premières heures du jour
Aux premiers temps de notre jeunesse
Que la lumière épanouit
Que les baisers reposent
Un amour qui ne dure qu’un jour
Parce que chaque jour le voit différent
Un amour qui n’en est plus un
Parce qu’il sera à la fois l’amour
L’amitié, l’estime et respect
Un amour qui est plus que l’amour
Parce qu’il sera bien d’autres choses encore
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
25/01/2011
Inversion
Une inversion est le renversement de l'ordre habituel des choses. Cela peut concerner la localisation d'un objet par rapport au plan habituel de symétrie ou encore les effets 3D d'un dessin. L'inversion concerne aussi le creux derrière le plein, l'invisible derrière le visible, la rencontre des opposés.
L'inversion, c'est l'étrangeté de la vie lorsqu'un coup d'oeil modifie notre perception habituelle des choses.
05:55 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dessin, peinture, arts plastiques, cinétisme | Imprimer
24/01/2011
Divergence
Dans la calme sobriété des cellules se cachent quelques anomalies qui conduisent à des divergences plus en plus aigües. La beauté de l'harmonie tient au fait de son instabilité et des efforts à accomplir pour l'obtenir et la conserver.
10:53 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, encre de chine, peinture, art | Imprimer