Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/08/2019

Locédia, éphémère (15)

Chapitre 5

 

Un jour, pour lui faire connaître mon métier, je décidais d’aller avec elle aux courses mécaniques. Après un long glissement sur une autoroute aux tournants multiples, nous nous arrêtâmes dans un champ parsemé de pancartes. En regardant la couleur du ticket d’entrée et le logo qui y figurait, nous avions trouvé notre emplacement, sous un arbre bleu aux feuilles racornies. Prenant nos jumelles, nous avions parcouru à pied les derniers mètres avant de nous retrouver assis sur une tribune glissante et mal commode, mais qui sentait le cheval, nous étions au courses, la rose, en raison des nombreuses femmes qui s’y tenaient, et les billets de banque, le jeu étant la principale motivation de ceux qui assistaient aux courses. Au loin, très loin, on distinguait des groupes de chevaux mécaniques, caractérisés par les mouvements saccadés de leurs membres et l’accompagnement chaotique de leur jockey. A la manière d’Edgar Degas, les chevaux piaffaient sans suffisance, attendant le départ, laissant aux cavaliers le temps de les ressangler. Instant de paix, dans la lumière rasante d’un soleil maigre laissant apparaître les cheminées d’usine à savon crachant une fumée vert pâle se confondant avec les nuages bleutés de l’horizon.

Pour cette circonstance, tu avais mis ton grand chapeau de paille rouge passé. Tu l’avais placé légèrement sur ton oreille gauche, comme un oiseau vacillant et tu le retenais avec ta main légèrement posé sur son rebord. Debout dans la tribune, grandie par l’ombre de ta coiffure, tu impressionnais les parieurs qui avaient déjà joué et attendais le départ. Point de mire, tu souriais et te remplissais de ces regards hésitants, comblée de cette convergence oculaire et des désirs secrets que cachait assez peu l’attitude des hommes. Pour cette première course, tu n’avais pas souhaité parier, mais simplement te repaître des couleurs, des mouvements, du bruit feutré du galop, des cris de la foule excitée.

03/08/2019

Influence

La proximité du sage rend sage et celui qui traîne le mal derrière lui le diffuse.

Chaque homme, comme chaque atome de matière, possède son propre champ d’influence qui se fait sentir sur ses proches. C’est pourquoi il est des gens qu’il faut fuir, malgré les obligations sociales, quand on ne se sent pas prêt à être plus fort qu’eux.

02/08/2019

Humanité

L’homme est un être à multiples facettes

Certains se content de ce qu’ils ont
Et s’inquiètent peu d’un au-delà
Ils exploitent ce qu’ils connaissent
Et tentent d’en tirer profit, en bien ou en mal

C’est déjà beaucoup leur demander
Ils s’efforcent d’acquérir du savoir
Accumulant les briques dispersées
Et les restituant pour s’affirmer

D’autres, moins tenaces et ardents
Se laissent vivre sans autres préoccupations
Ils glissent sur leur vie sans espoir
Ne cherchant que la satisfaction immédiate

Pour ceux-là, il n’y a ni bien ni mal
Et il leur faut des règles précises
Pour canaliser leurs impulsions changeantes
Qui les conduisent au trou noir de la fin

Quelques-uns sont des Cocottes-Minute
La pression et l’ébullition les conduisent
Ils ne cessent d’explorer l’inconnaissable
L’esprit aux frontières de l’existence

Certains choisissent un savoir à explorer
Les dieux les aident en les guidant
D’autres une connaissance à approfondir
Ou encore à élargir en permanence

D’autres encore, laissent l’intuition
S’emparer de leur être vide d’érudition
Et élucubrent des morceaux de création
Sortis tout droit de leur bouillie quantique

Seuls, quelques êtres baignent dans la lumière
Ils n’ont ni règles ni méthodes formelles
Ils vont dans l’inconnu et tendent leurs voiles
Pour explorer le soi, l’univers et l’infini

Ainsi avance le monde de la noosphère
Se raccrochant au monde physique
Espérant un monde spirituel
Qui toujours sera à découvrir en solitaire

©  Loup Francart

01/08/2019

Enjambement

Froideur, glaciation

Surfant d'une pierre à l'autre

Où doit-il sauter ?

 

19-08-01 Fausse perspective.jpg

Il tomba dans l'eau

31/07/2019

Locédia, éphémère (14)

Après avoir dégringolé les marches en m'agrippant tant bien que mal au tapis rouge, je découvris un nouvel escalier au fond d'une cour. Ce n'était d'ailleurs pas une cour, mais un trou creusé dans la masse de l'immeuble, un de ces trous évidés avec une bêche bien carrée, semblable à ceux que font les jardiniers pour planter une fleur particulièrement rare. Sur la droite s'ouvrait une porte basse, vétuste, qui contrastait avec le reste de la maison. Je cherchais désespérément la minuterie, tâtant de la main gauche un mur froid et lisse sur lequel parfois une aspérité granuleuse me faisait frissonner. Je m'enfonçais un peu plus dans l'obscurité pour ausculter la partie droite voilée par la porte. Rien, sinon une désagréable sensation de poussière poisseuse à l'extrémité des doigts. Alors, d'un pas hésitant, parallèle au sol, j'avançais du bout des pieds à la recherche d’un escalier. Les mains tendues vers l'avant, je touchais d'abord le fer rugueux de la rampe avant de sentir la plinthe de la première marche. Hésitant, ne pouvant juger la hauteur de cette ébauche d'escalier, je levais exagérément l'autre jambe avant de porter mon poids vers l'avant. La désagréable sensation d'une chute à demi-consommée, me fit prendre plus de précautions pour les autres marches. Bien m'en prit d’ailleurs, car elles n'étaient pas toutes de la même hauteur, ni de la même largeur. A l'arrondi de la rampe, je traçais consciencieusement avec mon corps une courbe parallèle guidée par la longueur constante de mon bras tendu. Une légère lueur en face de moi et l'interruption de l'enchevêtrement de marches me fit comprendre que j'avais atteint le dernier étage. Une fenêtre sale et deux portes de bois vernis, sans plaque, clôturaient le palier, le dernier côté étant occupé par un nouveau départ de l'escalier. J'écoutais à travers chaque porte, docilement, tout en ayant l'impression que ce ne pouvait être là que tu habitais. L'odeur de cire moite mêlée à des effluves de cuisine était incompatible avec la tiède chaleur de ton corps dont je m’étais imprégné au cours de nos rencontres. Je montais plus vite les autres étages, habitué à l’irrégularité de leur découpage. Arrêt, quête sourde d'un bruit indiquant ta présence. Voix de femmes, voix d’hommes ou d’enfants dont aucune ne pénétrait jusqu'à l'endroit où se cache dans ma mémoire le souvenir de tes paroles.

Maintenant même, quand je pénètre dans ce musée respectable et fou qu'est le souvenir des sons et des voix, je n'arrive pas à en extraire la sonorité juste d'un mot que tu aurais prononcé. Je cherche un de ces mots qui retiennent l'attention au cours des conversations, un mot clef qui envelopperait le souvenir et me donnerait le premier maillon de la chaine des consonances de ton langage. Je n'en trouve pas. Peut-être même en trouverais-je un, serait-il le même que celui que tu as prononcé et posséderait-il les mêmes vertus rythmiques et sonores ?

Descente folle de la lumière à l'obscurité, freinée progressivement par la densité de l'ombre jusqu’aux dernières marches hésitantes. A nouveau la nuit ouverte dans le corps de l'immeuble. Je tirais péniblement la porte de chêne avant de retrouver le soleil et les rumeurs de la rue, avant de me défaire de l'odeur de la poussière, avant de longer le square encombré de grillages, de gravier et de ronds en ciment, avant de descendre lentement vers la vieille ville. Quand te reverrai-je ?

30/07/2019

Rendez-vous

Un sourire, puis départ sans un regard
Qu’a-t-elle à dire à cet homme ?
Mais, elle a souri tout de même
Avec douceur, presque tendresse
De ses lèvres charnues
Il la suit des yeux, tremblant quelque peu
Elle le sait, mais n’en a cure
Il la suit sans la regarder
Elle l’observe sans dire mot
Ils marchent vers la colline
Où un seul arbre règne,
Les branches basses et veloutées
Elle avance comme une reine
Et entre sous les frondaisons
Il n’ose s’approcher, puis fait un pas
Il la contemple derrière le feuillage
Elle pleure sans un tressaillement
Les larmes la mouillent
Elle lui sourit
Il fait encore un pas
Elle lui tombe dans les bras
Ce jour-là, ils n’allèrent pas plus loin
Mais le lendemain, elle n’était plus là
Il lui fallut une année
Pour ne plus venir l’attendre

©  Loup Francart

29/07/2019

Pénétration ?

La vue se trouble

Points et traits organisés

Pénètre au-delà !

 

15-10-23 Troubles 4.jpg