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14/07/2019

Chiffres

Les chiffres ont-ils une qualité ?
1 homme ou 1 femme ont-ils la même valeur ?
2 hommes ou 2 femmes sont-ils égaux à 1 homme plus 1 femme ?
Finalement, leur somme est-elle toujours égale à deux ?

Les esprits malins prônent l’égalité
Mais l’égalité suppose les mêmes qualités
Et celles-ci n’ont pas la même valeur
Selon les différences de nature
La dualité induit-elle une trilogie
Ou celle-ci ne reproduit-elle qu’une face du dualisme ?

Il réfléchit longtemps
Et ne sut rien produire
1 + 1 est toujours égal à 2

Elle rêva longtemps
Attendit patiemment
Et fit un miracle
1 + 1 égal 3

Les chiffres ont bien une qualité
Mais celle-ci n’a rien à voir
Avec la comptabilité

©  Loup Francart

13/07/2019

Locédia, éphémère (10)

J'avais soif de la poussière de la basse ville qui enduit les chaussures d'une légère couche blanchâtre et frappais à la porte d'un bistrot pour m'en débarrasser. C'était un de ces bistrots crasseux de la vieille ville, surmonté de charpentes de bois mal équarries, aux vitres jaunes de poussière et parfois remplacées par un morceau de carton découpé dans un vieil almanach. Dans la rougeur vaporeuse de la pièce, je distinguais du bout des doigts le bar vertical et rigide où les clients s'étendent pour consommer. Il était muni de petits accoudoirs et d’oreillers en cuivre mat pour le rendre plus confortable. Au plafond, sur la passerelle métallique, trônait le patron à la tête de ses robinets. Il y en avait de toutes les formes : carrés ronds, coniques, à tête de bélier, à tête de loup ou à tête d’épingle. Sous chacun d'eux luisait un petit voyant rouge dans la transparence duquel se lisait le nom des boissons. Appuyant sur un des boutons du pupitre de commande après avoir introduit une pièce et tournant le doseur sur petites giclées, j'attrapais avec la bouche le tuyau à bec chromé descendant de la passerelle et savourais lentement le breuvage rafraichissant.

Désaltéré, je pus regarder autour de moi les rares clients étendus sur les bars. Parallèlement au mien, à trois mètres environ, coiffé d’une casquette verte et décolorée, déglutissait un marin. Je l'enviais un peu d'avoir atteint ce stade de la soif où le patient tente de boire l'atmosphère à grands gestes de possession. Je n'osais pas trop me pencher vers lui de peur d’être aspiré par le lobe de l'oreille dans un de ses mouvements. Mais voyant que je m'intéressais à lui, il tenta de m'aborder au prix d'efforts immenses pour déplacer l'air et attirer mon bar. Je me tournais promptement vers le tuyau chromé pour aspirer quelques giclées bienfaisantes en poussant vers la droite la poignée du doseur. A travers le périscope du bar, le marin apparaissait allongé, ténu, déglutissant, la face ravagée par l'ennui. Il avait visiblement envie de parler. Je tournais vers lui le pavillon du bar et lui fis comprendre du regard que j'étais prêt à l'écouter. Il parla d'une voix altérée par la déglutition en entrecoupant son récit de fréquentes lampées sur le bec chromé.

_ J'ai vu la solitude. Je la tenais dans mes filets, étendue mauve, molle, secouée par les flots, abandonnée par sa force. Je la tenais prisonnière et mon cœur éclatait en rires. J’ai mis toute mon âme à fermer le filet. J’ai plongé dans l’eau verte à côté de la forme mauve. J'ai pris un bout du filet et nagé pour chercher l'autre bout. J'ai tourné ainsi trois fois en plongeant pour bâtir ma pelote de mailles, une pelote ronde, mauve et molle. Quand j'eus bien fermé la pelote, je remontais sur le bateau, je manœuvrais le treuil, j'attachais le câble au filet, j'ouvrais les cales au centre du bateau et y déposais la pelote dégoulinante d'eau. Épuisé, je me couchais sue le pont et sombrais dans un sommeil profond.

12/07/2019

Et ce n'est pas fini

Suite 3.JPG

Et ce n'est pas fini !

11/07/2019

Mozart : Concerto pour piano et orchestre n°9 "Jeune homme" joué par David Fray

Toujours la même fraicheur, le même entrain

 

10/07/2019

Silence

Peu à peu, le silence l’envahit
Un rien d’absence, une note grêle
Résonne dans la folie du monde
Le ventre de l’obscur se dévoile

Chape de plomb sur les têtes
Pas un mot plus haut que l’autre
Sa majesté passe dans les rangs
Rien ne dépasse, tout se prélasse
Dans l’ignominie du mutisme

Bouillie collante de l’infortune
Qui dérive sur les nuages tièdes
De l’incertitude et de la morgue
Serait-elle morte l’affirmation
D’une innocence épinglante
Déchirant de rouge la poitrine

Le bourrage touche à son comble
Suffocation des engloutis
L’élite se doit d’être prudente
Il faut rester de taille
A s’affranchir de l’aveulissement
Seul le mystère doit demeurer

Terre-toi dans ta détermination
Poursuis ton œuvre inconnue
Laisse s’accumuler l’ombre
De tes rêveries et passions
Sur de modestes papiers
Dédiés aux générations futures
Ou, tout simplement, à l’oubli

©  Loup Francart

09/07/2019

Locédia, éphémère (9)

En relisant cet article du catalogue, acquis au son d'une pièce dans une petite sébile à la bouche pendante, je ne pouvais m'empêcher de lire « L. Locédia. Caractère contemplatif des grands fonds subconscients. A la particularité de voir l'envers des objets. Ne perçoit pas l'atmosphère quotidienne. Ne sait plus vivre seule et pas encore à deux. »

L'aquarium municipal découpait sa carcasse de plastique et de verre sur le ciel atténuant à travers ses ouvertures l’éclat verdâtre de l’horizon. Le poisson continuait sa lente digestion d’épinards que les visiteurs pouvaient acheter à l’entrée. Il distrayait ces gens qui venaient assister à la transformation naturelle et à ciel ouvert d'une feuille en purée. Le spectacle était d'autant plus amusant que le Licarpagus ne voyait bien que la nuit et tâtait désespérément l'eau claire de sa bouche à fanes jusqu'à trouver une feuille d’épinards. De jour, on ne pouvait observer ce travail passionnant qu'en empruntant les escaliers en colimaçon qui gravitaient autour de l'aquarium entouré d’une devanture d'acier rabattable pour maintenir une semi-obscurité à l'intérieur. Privilégié, je regardais le poisson de la rue, car il fallait pendant la nuit laisser respirer l’eau à la lumière nocturne.

Abandonnant le poisson à sa digestion, après être passé à un carrefour revêtu d'une guirlande de réverbères, je me dirigeais vers la basse ville. Elle constitue ce qui est appelée la ville pauvre, peut-être parce qu'elle est plus vieille que l'autre ou moins lumineuse. Les madriers soutenant les murs s'enchevêtrent aux poutres des plafonds et les béquilles se mêlent aux vieillards pour soutenir leur ennui. Entre deux poutres diagonales, un de ces vieillards cloue parfois quelques planches pour abriter sa paille et évoque à travers l'arête rouge de sa bouteille le temps où les chevaux tiraient les cadavres gonflés du fleuve. Un peu plus bas, toujours dans la ville pauvre, on peut voir le fleuve et le cimetière encombré de monticules bossus à l'endroit où le ventre gonflé repousse la terre fraîche. Un gardien veille sur la santé des fleurs de deuil qui recouvrent les monticules de leur végétation d'encens. Chaque matin, d'un arrosoir en panse de chevreau, il laisse tomber au creux de leurs pétales violacés une goutte d'eau morte qu'il perçoit tous les mois à la citadelle. Le soir, à la sortie des classes, quelques gamins rapiécés et bariolés jouent à la noyade en tirant à la courte-paille. Le jeu est d'autant plus amusant qu’i1 leur arrive fréquemment de manquer les classes pour assister à l'enterrement d’un de leurs camarades malchanceux.

08/07/2019

Envol

Regard dans la nuit

Le vide envahit le corps

Émoi de l'âme

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