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09/06/2019

Franchir la porte

Tout homme ou toute femme, à un moment où à un autre de sa vie, connaît l'aspiration à franchir la porte du moi et à flotter dans cet espace inconnu qu’est l’absence de sa personne. Mais dans le même temps, il s’accroche à sa personnalité, parce qu’elle ne lui convient pas et qu’il désire, consciemment ou inconsciemment, en changer.

Instant de souffrance aiguë, mais nécessaire pour progresser sur le chemin de la vie. Certains ne peuvent le supporter et s’enfoncent dans la dépression ou l’addiction. D’autres persistent dans leur erreur, considèrent qu’ils n’ont rien à changer en eux et que ce qu’ils vivent est dû aux circonstances et aux faits des autres. Certains tentent la démarche de s’interroger sur eux-mêmes, mais restent bloqués par leur moi qui prend toute la place et qui l’empêche de voir au-delà de celui-ci. Enfin quelques-uns, à force d’attentions sur eux-mêmes, entrevoient la porte et la laissent s’ouvrir dans leurs moments de méditation qui va les transformer profondément. Encore faut-il qu’ils aient le courage de persévérer.

Que se passe-t-il en eux ? Comment empêcher les pensées d’affluer dans leur conscience et de les distraire de la tâche qu’ils se sont fixée ? Peut-être serait-il plus simple de substituer ces pensées encombrantes par d’autres moins bloquantes ? L’expérience de leurs prédécesseurs est alors utile : se concentrer sur la respiration, se regarder et se sentir respirer. Simple et efficace, oui, mais est-ce si facile à pratiquer ? Enfermé en lui-même, l’esprit, avec le corps, a du mal à se calmer. Il faut revenir à la tâche à chaque instant, ne pas se laisser distraire, s’alléger du poids de l’habitude et ne pas se décourager.

À un moment ou un autre, délicatement, vient le moment où la porte s’entrouvre. Vous flottez un instant hors de vous-mêmes sans en être conscient, vous vous êtes allégé de votre moi et vous sentez bien, ne serait-ce qu’une seconde. Le noir de vos pensées s’éclaircit, un voile de blancheur apparaît, la lumière est visible derrière la porte.

Il vous faudra de nombreuses autres tentatives pour avancer sur le chemin, mais au moins, vous aurez entrevu la porte et saurez qu’il existe autre chose derrière. Alors commence le voyage en esprit. Une autre vie est là. À vous d’en faire connaissance !

08/06/2019

Espérance

Un jour, nous étions-nous dits
Chaque jour, maintenant
Ta tendresse, comme un feu dans l’hiver
Ton rire en fleur, émouvant
Ton regard devenu caresse

Belle, tu te crées lentement
Une âme dans la nuit
Lumière calme que je recueille
Du bout des doigts sur ton visage

Amour, ce petit mot, si grand
Chaque jour l’espérance est renouvelée

©  Loup Francart

06/06/2019

Derrière

Le mur de Planck, un mur mythique
Enveloppant le cosmique

D’une seule face, à l’infini
Rien derrière, sans symétrie

Étrangeté, anomalie
Futilité, pure folie

Et au-delà, rien ne va plus
L’information est-elle en plus ?

Mathématiques sont les nombres
Le normatif sort de l’ombre

Qu’y a-t-il eu auparavant
S’y référer est-il probant ?

Un univers vide ou plein ?
Vide de tout ou plein de rien ?

Seul l’unique est dans le Un
Origine ou opportun ?

Et rien ne court, sous le soleil
Pas un caillou sous un orteil

Juste l’absence qui n’est pas rien
Dans l’univers où tout n’est qu’Un

©  Loup Francart

05/06/2019

Rêve d'un jour

Elle tourna la tête vers lui, lentement, avec compassion. il faisait froid. Seule, la porte de l'église restait allumée. Elle lui fit signe : là-bas. Mais avait-il le courage de monter les marches du parvis ? Il la regardait, craintif. Une femme peut-elle comprendre ses hésitations.

Ses longs cheveux courraient au vent, sa robe frissonnait, ses doigts se tendaient vers un point, celui de son rêve. Mais lui, rêvait-il ?

Rêve d'un jour.jpg

Alors, elle lui tendit la main, prit la sienne, l'entraîna vers la brillance de la porte ouverte et lui dit : "Viens mon prince, épouse-moi !"

04/06/2019

Matière et esprit

Comment définir ce lien intime qui peut surgir entre un objet et la conscience, entre la matière et l’esprit ? Il ne s’agit pas d’un mouvement de va-et-vient partant de soi et réfléchi sur l’objet jusqu’à une intensification de la conscience en présence de l’objet. Il ne s’agit pas non plus d’une pénétration de l’objet par une perception plus vive et plus consciente jusqu’au fond de nous-mêmes. Peut-être s’agit-il d’une sorte d’entrée en phase de rayonnements émis entre les deux, créant un champ de vibrations concentriques. Ce champ aurait le pouvoir de nous sortir de nous-mêmes et de faire monter vers une conscience plus aiguë l’être dans son ensemble. Elle est à la fois connaissance (projection de l’univers vers l’homme) et amour (projection de l’homme vers l’univers).

Cette osmose supprime toute forme de dualité sujet-objet, créant non plus une harmonie de la pensée et l’être, de la pensée et de l’action, mais une unité d’être qui pourrait aussi constituer un nouvel humanisme.

03/06/2019

Folie

Quelle idée ! Y a-t-il un plumeau sur sa tête ?
L’aigrette qu’il porte n’est-elle pas suffisante ?
Sa face d’ange s’étale sur les murs sales
Et enchante les marins qui viennent du port
Le cosmonaute dérive sans repères
Il n’y a plus de haut, de gauche ou de droite
Même à côté ne signifie rien
Il n’y a que l’autour, mais autour de quoi
Puisque tout bouge et rien n'est stable ?
Il n’y a qu’un sentiment, qu’une illusion
A laquelle il tient à pleines dents
Abandonner aussi l’idée d’un être permanent
Seules les bulles inconsistantes flottent
Dans l’air vicié de la chambre verte
Et encombrent la mémoire de trous
Il saute entre ceux-ci sans protection
Jusqu’au jour où il tombera probablement
Détendu et plaisantant, dans l’absence
D’un moi devenu soi, sans poids et sans loi…
La vie a-t-elle une consistance ?

©  Loup Francart