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18/03/2018

Le dimanche de la solitude

Froid ! Le dimanche de la solitude s’étouffe
Marron, vert, qui va-là ?
Un canard court sur sa jupe
Pour voir la nuit se lever au matin
Je cherche une barre pour glisser sur une main
Gel, froid ! Glace rompue sans ou pied de corne
Qui cherche la fraîcheur d’une herbe blanche
Courre,
    Saute,
        Courre,
Là, là, arrêtes, arrêtes !
Trois fois ma tête tombe
Je la relève, lui prend l’oreille
Et lui chuchote
« J’aime ta bouche de sucre »
Mes doigts sont tombés
Une rêne prend sa place
Je la cherche sans la trouver
J’ai des gants, mais je n’ai plus de doigt
Ma main en fer ne sent plus que ton cœur

©  Loup Francart

17/03/2018

Le nombre manquant (46)

– Oui ! J’ai reçu un paquet, s’écria Vincent. Mais tu m’as téléphoné à ce moment-là et je l’ai laissé sur mon bureau sans l’ouvrir. Je pense qu’il s’agissait de câbles de connexion que j’avais commandés trois jours auparavant. Mais c’est peut-être autre chose en effet.

– As-tu le moyen de le faire ouvrir pour que l’on te dise ce qu’il contient ?

– Euh… Laisse-moi cinq minutes et je te le dis. Il faut se méfier et ne pas le faire ouvrir à n’importe qui. Cela peut être compromettant pour la vie de Claire ou du professeur ou déclencher chez celui qui l’ouvre des réflexes l’amenant à la police sans qu’il sache de quoi il retourne.

– OK, réfléchis.

– Et toi, Mathias ?

– Non, je ne vois pas. Ah, je me souviens ! J’ai fait une étrange rencontre il y a deux jours à Paris. Quelqu’un, un homme assez fort a glissé en arrivant à ma hauteur, s’est accroché à moi ou plutôt à ma veste, si bien que mon bras est sorti d’une des manches. Il s’est excusé, m’a aidé à la remettre en ordre, puis à l’enfiler et est reparti en renouvelant ses excuses.

– Si je comprends bien, dit Vincent, il a complètement fouillé les poches et t’a ensuite rendu ta veste. Avais-tu quelque chose dans les poches de compromettant concernant nos recherches ?

– Je ne crois pas. Ah si, peut-être. J’avais pris des notes chez un libraire concernant le mur de Planck et l’impossibilité de voir au-delà. J’avoue que tu m’as téléphoné aussitôt après et que je n’ai plus pensé à ce papier.

– Encore une chose à vérifier si je comprends bien. Il se peut que nous soyons traqués, probablement pour les informations que nous récoltons. Il pourrait être intéressant de savoir s’il en est de même dans le cercle des connaissances du professeur. Il a peut-être eu quelque problème de ce type, sait-on jamais.

– Tout cela est bien, dit Vincent, mais par quoi et où commence-t-on ?

– Comme Mathias l’a proposé tout à l’heure, attendons encore un jour ou deux. Ils vont peut-être revenir ou donner signe de vie. Mais ne restons pas inactifs. Je propose que nous poursuivions nos investigations.

– Mai moi, je ne peux rester ici, car j’ai du travail à Paris. Je rentre donc et poursuivrais mes recherches là-bas.

– Moi je peux rester étant assez libre. C’est l’avantage de la retraite. Je pense qu’il est préférable que je reste avec Clément qui se retrouve seul pour faire face à on ne sait quoi. Je préviens ma femme et nous pouvons nous mettre au travail.

– Fort bien. De toute façon Vincent, tu nous téléphones pour nous donner la réponse concernant  ta veste et puis tu pourrais peut-être, si Mathias est d’accord, aller regarder si les notes qu’il avait prises sont bien toujours dans sa veste.

– Oui, ajouta Mathias. Je téléphone à ma femme, qu’elle ne soit pas surprise.

16/03/2018

Etrange torpeur

Désespoir : symbiose entre la matière, tissu élémentaire du vivant, et le psychisme, propre à l’homme. Le désespoir est le résultat de ces contradictions, mais rien ne nous empêche d’aller au-delà, dans la confrontation du tout où l’homme trouve sa propre place dans l’évolution des choses.

Le désespoir est le défaut d’adaptation de l’être à l’évolution. Il existe sous de multiples formes, mais tout se ramène à cela : désespoir sociale le plus souvent, désespoir amoureux aussi, désespoir religieux.

Faire de l’individuel le collectif, de l’unique le général, tout en conservant à l’unique ses caractéristiques propres, mais enrichies.

15/03/2018

Le sexe des mots

Le sexe des mots: Un texte précurseur de Jean-François Revel. (1924-2006 )

 Il aurait pu être écrit aujourd'hui en réponse à "l'écriture inclusive".

 

" Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges. Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots. 

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand.

D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins.

Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle.

Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. 

Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie.

Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?

Absurde !

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre.

On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante».

On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres.

Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement : une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse.

Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. 

Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. 

Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. 

L’usage est le maître suprême !

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. 

Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. 

L’Etat n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire.

Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à tout une jeunesse.

J’ai entendu objecter: «Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ?». 

Certes.

Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants.

Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. 

La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique.

Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique : faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes…’’

 Jean-François Revel

14/03/2018

Sentence

 

La vie : une volonté de recherche permanente.

Sans cette volonté, la vie n'est que physiologique.

Combien se contentent de cette vie d'endormis.

 

13/03/2018

Le nombre manquant (45)

– Quels États pourraient mener de telles actions, finalement ?

– Je pense tout de suite aux États-Unis, dit aussitôt Vincent, toujours intéressés par l’innovation et les idées permettant de maintenir leur supériorité sur le monde. Cela suppose des contacts avec des organisations comme la CIA ou FBI. On peut essayer, mais attention, on est ensuite sous leur œil et pisté définitivement.

– Pensons bien sûr également à la Chine ayant de visées de maîtrise mondiale économique et derrière géopolitique.

– C’est vrai, mais ce genre de recherche est moins dans leur habitude. Alors pensons plutôt à la Russie concernée sur le plan religieux par l’Orthodoxie, religion quasiment d’état, sur le plan géopolitique par une ambition ancestrale et sur le plan culturel par leur compétence en matière de renseignement.

–  C’est exact. Plaçons la Russie en numéro deux derrière les États-Unis. Quant aux autres États, je ne vois pas lesquels pourraient être concernés.

– Mais bien sûr que si. Vous oubliez l’Islam en tant que religion qui couvre l’espace politique du Moyen-Orient. Les gouvernements de ces pays associent leur action politique aux visées politiques islamistes. Je pense bien sûr à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, à la Turquie avec Erdogan, et aux rivalités entre tous les petits pays du Proche-Orient. Ah, et puis, bien sûr au Pakistan devenu un foyer important de l’islamisme avec derrière le spectre du nucléaire.

– Là aussi, trop de pays, trop de renseignements à acquérir, trop de contacts à établir. Et il nous reste encore les organisations !

Le lecteur doit commencer à trouver qu’on exagère. Au cours de ces deux heures de brainstorming beaucoup d’idées furent remuées. Elles concernaient des domaines inconnus de nous autres : la géopolitique, le renseignement, la diplomatie, la direction des religions et beaucoup d’autres choses encore. Ils se demandent si cette frénésie d’hypothèses n’est pas un peu exagérée pour une disparition de 48 heures de deux personnes qui n’ont jusqu’à présent jamais manifesté la moindre intention de s’attaquer ou même s’intéresser à la marche du monde et au pilotage difficile des rapports entre les nations ou les religions. Aussi je pris la parole :

– Non, on laisse tomber. On a déjà beaucoup trop de pistes qui sont plus probables que celles des organisations qu’elles soient mafieuses et scientifiques.

Un soupir inaudible de soulagement sortit de la bouche des deux autres participants qui, eux-mêmes, commençaient à trouver qu’on avait du travail pour dix ans alors que l’objet de nos recherches était bien différent.

– Je propose, dit Mathias, que, dans un premier temps, nous attendions un peu plus avant de nous lancer dans ces investigations. Disons encore deux jours. Et puis, essayons de penser à une action volontaire de leur part et de savoir ce qui aurait pu se passer. Rappelez-vous ce qui vous est arrivé depuis deux jours. Auriez-vous été contacté à Paris par quelque personne dont la demande vous aurait paru bizarre ? Ou par quelqu’un qui vous aurait proposé quelque chose d’insolite ? Auriez-vous reçu une lettre incompréhensible que vous auriez jetée parce qu’elle vous semblait hors contexte ? Ou encore un paquet que vous n’auriez pas encore ouvert ?

12/03/2018

L'infini de l'amour

Comment ne pas se sentir ridiculement petit devant ce monde à aimer en même temps que Dieu ?

Une vie ne suffit pas pour apprendre à aimer Dieu.

Une vie ne suffit pas pour apprendre à aimer le monde.

Pourtant, Dieu ne nous demande pas un choix.

Il veut l’un et l’autre.