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29/10/2017

Maxime

 

En se cherchant soi-même

On finit par trouver l’autre

 

28/10/2017

Délire doux

Retour aux prémices de l’horloge
Là où rien ne frotte ni ne pèle
Ça gratte la tête jusqu’à la sortie
Et ça crie plus fort que toi-même
D’où vient ce froid plaisir
Qui obscurcit la douceur de l’avenir
Une boule dans la gorge, pesante
T’empêche de délirer sans raison
Mais est-ce si logique que cela
Je ne sais d’où tu viens ni où tu vas
Mais je pars avec toi, t’accompagnant
Dans ce délire de mots et de cris
Jusqu’à ne plus dire tout haut
Ce que je pense tout bas
Seul reste l’air pur et envoûtant
Des matins d’automne, pesant
Sur le ventre écarlate des enfants
Jusqu’à les faire rire de peu
Et même parfois de rien
Réjouis, ils attendent de toi-même
Ce que tu as toujours su faire
Ce personnage insolite et burlesque
Qui pleure le soir dans le noir
Et fait rire le jour sans vergogne
Nous sommes bien au creux de la nuit
Là où l’ombre devient l’unique objet
D’une attention soutenue et molle
Évanescent, tu divagues sous les pierres
Et cries de trop de divergences
Les mots sortent en chapelets,
Parfois hésitants, toujours bêlants
Tu ne peux les retenir
Même en fermant les doigts
Sur leurs plaintes et regrets
Non, rien ne vient
Que l’obscur dédain des mites
Qui transpercent les vêtements
Et rient de te voir dénudé
Alors tu cours au-devant des autres
Quémandant un mot aimable
Pour t’enorgueillir de si peu :
Va et ne dis rien
Car le peu que tu dis
N’a que l’apparence de la déraison
Mais qu’importe cet espoir
De divaguer sans fin ni soif
Seul compte le silence des agneaux
Un soir d’automne dans le frais
Et la chaleur d’un regard
Elle est là, belle au pied de l’escalier
Attendant ta venue, souriante
Et te regarde amoureusement
Te tendant les mains
Ouvrant les doigts, la poitrine en avant
Plus rien ne t’intéresse que ce silence
Sans fin qui t’angoisse et te glace
Tu gèles sur place, ouvre ton stylo
Avant de mourir dans le froid
Et note tes derniers souhaits
Même s’ils ne valent plus la peine
D’être vécus ni même évoqués

 ©  Loup Francart

27/10/2017

L'homme sans ombre (30)

– Nous comprenons maintenant ce qui nous a tant intrigués dans ta manière d’être et ce qui m’a séduite. Mais pourquoi ne jamais m’en avoir parlé ?

 – Tout simplement parce que lorsque, après avoir satisfait à l’ensemble des épreuves, je fus nommé responsable du monastère, j’eus alors une crise psychologique, due probablement à l’excès de méditation au cours de la dernière année. J’ai eu une vision qui m’a conduite en France avec une partie de mes fidèles et j’ai fondé six mois plus tard le monastère que tu connais maintenant, Lauranne. L’autre partie des moines est restée en Inde, près du Tibet. Ce fut une période difficile, tendue, orageuse, qui m’apporta beaucoup de soucis et peu de bienfaits bien que je sentais en moi l’irrésistible nécessité de ce voyage. Puis je connus Noémie. Ce fut le coup de foudre. Je sentais que je pouvais réaliser la fusion entre le monde oriental et le monde occidental grâce à ce mariage. Non, ce n’était pas le fruit d’une réflexion intellectuelle, mais quelque chose de plus profond, de plus ancré en moi, comme une résurgence d’un ailleurs qui s’imposait à moi.

– Mais c’est complètement contraire à la tradition bouddhiste ! s’exclame Noémie. Les moines doivent s’abstenir de toute relation sexuelle.

– Oui, c’est vrai. Néanmoins je ne suis pas le premier à prétendre et à mettre en pratique ce statut inusité dans le bouddhisme. Ainsi Son Éminence le Sakyong Mipham Rinpoché a étudié avec les plus grands maîtres tels que Sa Sainteté Dilgo Khyentsé Rinpoché, maître de Sa Sainteté Le Dalaï-Lama, et avec Sa Sainteté Penor Rinpoché, l’actuel détenteur de la lignée Kagyü. Il est cependant devenu un véritable Occidental. Il est poète, artiste, cavalier, marathonien, tireur à l’arc. Il s’est marié à Tseyang Palmo, fille de Namkha Drimed Rabjam Rinpoche, détenteur de la lignée Ripa. Avant lui, Chögyam Trungpa Rinpoché est l’un des premiers Lamas à avoir introduit le Bouddhisme tibétain en Occident. En 1959, il fuit le Tibet vers le nord de l’Inde, en traversant l’Himalaya accompagné de 300 personnes. Comme le Dalaï-Lama et de nombreux maîtres tibétains en exil, il continue à enseigner et transmettre la sagesse du dharma. Dans les années 70, après avoir quitté sa robe de moine, il se marie à une jeune Anglaise. Il devient en Occident l’un des maîtres et artistes bouddhistes les plus reconnus, notamment pour avoir compris et réuni avec succès et authenticité la sagesse des cultures orientales et occidentales.

– si je comprends bien, dit Lauranne, on pourrait distinguer d’une part les relations sexuelles et d’autre part le mariage !

– Cela, je ne sais, rétorqua Mathis. C’est possible. Mais je doute cependant que cette distinction tienne au cours de la première année du mariage. Quoi qu’on dise, le mariage et l’amour humain en général ont pour aiguillon des relations physiques qui ne peuvent être purement platoniques. Je pense que tout être normalement constitué y pense et le rêve avec son ou sa fiancé(e). N’est-ce pas Noémie ?

– Je ne dirai pas le contraire ou alors tu ne me croirais pas.

– D’ailleurs, les rimpoché qui se sont mariés eurent des enfants dont certains d’ailleurs ont pris leur succession comme ce fut le cas pour Chögyam Trungpa Rinpoché, même si ces pratiques semblaient non conformes à la tradition de nombreux Tibétains.

26/10/2017

Vestale

Vestale flamboyante, tu joues avec le feu et danses sur les braises. Peut-être un jour saurons-nous briser la barrière de glace de l’aquarium et mêler leurs éléments divisés ? Le combat des chevaux contre les hydres marines prendra fin au lever du jour.

Ici, "pâlement" dépendant des murs gris de l’ennui, je rêve à une icône qui possède tes yeux. Elle éclaire le coin le plus sombre de la pièce où je réfugie parfois mon regard de souvenirs. Mais si j’allonge le bras vers elle, elle disparaît subitement à l’éclat des ongles qui sont autant de petits miroirs, vestiges de la réalité.

25/10/2017

Clinique

 

L’odeur lisse et sans parfum

Des cliniques d’un jour ou d’une nuit

Vous entrez dans la chambre, éteint

Pour sortir vert comme un fruit

 

©  Loup Francart 

24/10/2017

Maxime

 

Trop de milieux divers nuisent au sensible qui s’adapte.

Il était (une fois) un caméléon.

Son maître pour lui tenir chaud

Le déposa sur un plaid bariolé.

Le caméléon mourut de fatigue.

 

23/10/2017

L'homme sans ombre (29)

Lauranne ne sait que faire. Elle mesure sa responsabilité. Elle ne peut trahir son amie en demandant à Mathis de rompre avec elle. Elle ne peut, non plus, demander à Noémie de ne plus voir Mathis. Elle peut encore moins ne rien dire et attendre une catastrophe provoquée par les Tibétains. Elle pourrait éventuellement aller voir la police et porter plainte, mais elle doute que la police soit capable d’empêcher toutes les représailles possibles. Non, aucune de ces solutions n’est viable. Au fond ne serait-il pas préférable d’en parler directement à Noémie et Mathis et de réfléchir ensemble à ce qu’ils pourraient faire. Oui, c’est sans doute une solution. Peut-être pas la meilleure, mais sûrement une des moins mauvaises. Pleine de cette résolution, elle rentre chez elle, téléphone à Noémie, puis à Mathis et leur fixe rendez-vous chez elle, le soir même.

Elle est certes très gênée de raconter ce qui lui est arrivé. Cela révèle une surveillance autour de Mathis qui n’a pas lieu d’être et elle ne peut parler de la complicité de Noémie à cette curiosité. Mais ne rien dire lui paraît suicidaire. Mieux vaut être déchue que risquer l’anéantissement. Mathis sera très certainement furieux et elle l’aura mérité. Mais, sans tenir compte de ses problèmes personnels, elle doit considérer l’ensemble de la situation. Comment échapper à cette condamnation de Noémie et à sa rupture avec Mathis. Mais tout d’abord pourquoi rupture ? N’est-il pas possible d’être à la fois maître et marié ? Il faut qu’elle en parle avec Mathis. Le problème est d’aborder la vie de Mathis que Noémie ne connaît vraisemblablement pas.

En présence de Mathis et Noémie, Lauranne expliqua les menaces de l’Asiatique et son souhait ou, plutôt, sa volonté de séparer Mathis de sa fiancée. Elle ne raconta pas ce qu’il lui avait révélé sur son passé, mais Mathis devina vite ce qu’elle avait pu entendre et comprendre. Elle finit par lui demander ce qu’il voulait devenir et ce qu’il comptait faire vis-à-vis des Tibétains. Noémie était quelque peu anéantie, mais elle fit comme si de rien n’était et laissa Mathis s’exprimer sans dire un mot. Alors il parla :

– Ma vie te fut révélée de manière très leste par des personnes qui recherchent la poursuite d’un statut qu’ils ont acquis avec patience, ténacité et ardeur. Ils t’ont parlé selon leur cœur, sans tenir compte de ce que tu pourrais toi-même ressentir et de la difficulté dans laquelle ils te mettaient. Ce ne sont pas de mauvais bougres, mais des gens qui sentent qu’ils vont perdre quelqu’un de cher, qui leur est utile, un maître qui les soutient dans leurs efforts vers la vérité. Oui, Noémie, ce que l’homme que tu appelles l’Asiatique a révélé est vrai. Je ne peux dire le contraire. Et pour vous prouver ma bonne foi, je vais vous dévoiler mon histoire quelque peu insolite. Mes parents étaient en Inde du Nord pour affaire. Ma mère fréquentait plus ou moins un monastère bouddhiste. Lorsque je suis né, elle pressentit que je serai attiré par le bouddhisme. Effectivement à l’âge de deux ans, je fus reconnu comme tulkou, c’est-à-dire réincarnation du Lama du monastère Palthang. Je reçus l’éducation renforcée des futurs rimpochés : levée 6 heures, méditation personnelle, puis en groupe, études de textes, puis grammaire, littérature tibétaine, jusque vers 7 heures du soir, et, à nouveau, méditation. À 22 heures, je m’endormais épuisé. Cependant, pas une fois je n’ai regretté mon choix. Je progressais sans difficulté dans la concentration et la méditation. Je ne voyais plus mes parents et devins un véritable Tibétain. À l’âge de 13 ans, déjà très avancé dans les techniques spirituelles, on me donna des professeurs particuliers qui m’enseignèrent l’art du vide par la pratique d’une méditation intensive. C’est ainsi que j’acquis les prémices de la lévitation, puis une pratique réservée à de rares initiés.