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09/04/2017

Choral BWV 647 de Jean Sébastien Bach, interprété par Leo van Doeselaar

https://www.youtube.com/watch?v=08dRG-7KrHA&index=3&a...


Un doigté sûr, un entrain sans pareil, une pièce qui est un trésor d’ingéniosité musicale, voilà de quoi satisfaire ce matin, les musiciens !

Bach est bien le meilleur. L’entrée dans la pièce est légère, enlevée, étonnante de fraîcheur, et puis, comme du fond des âges, le choral retenti, joué sur la pédale. Il laisse une impression d’ailleurs, comme un rappel, celui de la présence de l’éternité, sur fond de gaité des hommes. Le calme du royaume de Dieu dans l’agitation du monde des humains. Puis, peu à peu, les deux mondes se mélangent et s’organisent pour former un chant pur de louange qui monte vers le ciel, chant à la fois très structuré musicalement et très libre d’émotion retenue.

Oui, Bach est bien le meilleur.

 

08/04/2017

Interrogation

Pour la première fois depuis qu’ils ont fait connaissance, il ne se manifeste pas au matin. Rien ne bouge, aucune pensée ne vient troubler la sérénité de Charles. Habitué aux sautes d’humeur, au réveil en fanfare, ce dernier s’en étonne. Pourquoi cette indolence ?

Il l’avait connu plus gaillard, debout et fier de sa prestance, encouragé dans ses vagabondages, revendiquant sa souveraineté dès lors que les pensées Charles se tournaient vers elle, omniprésente, belle de présence d’odeurs et de frottements, cueillie dans ses vagabondages et offerte bravement aux rapprochements des corps et de l’esprit.

Chaque jour, il renouvelait sa foi et tendait son désir vers l’aimée. Et ces milliers de jours furent comme une seule vie, ensevelie dans la bulle de l’amour, deux en un, dans ce monde où chaque caresse devient un frémissement qui se transforme en feu vivant. Il accumula les souvenirs d’étreintes malhabiles, de passions dévorantes, de tendres apaisements après l’envolée lyrique. Que de fois son cœur vibra et son corps se mit en marche, brutalement, comme un autre lui-même, dressé au-dessus de toute autre préoccupation, assoiffé de ses instants sublimes où plus rien d’autre n’existe.

Aussi quel est donc cette douceur tendre qui fond dans le puit des âges et rend ses soupirs délaissés d’accompagnements des baisers ? Serait ce jour redouté où cette tension féroce s’assagit en lents vagissements, comme le veau que l’on mène à l’abattoir ? Serait-ce l’entrée dans le troisième âge, celui des bruissements de la nuit sans accompagnement de caresses, sans même l’image de ces  statues nues courant dans le cerveau déchaîné.

Va mon mignon ! Dors aujourd’hui. Demain tu reprendras ta danse éternelle et lumineuse devant celle qui t’a donné sa vie.

07/04/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (16)

Tous furent pris et emmenés en prison. Il n’y eut pas de procès et la mort était l’unique peine prévue. Gaspard était le treizième, le Judas de la bande, celui dont ils ne savaient s’ils pouvaient lui faire confiance. Tout avait été minutieusement réglé par les Anglais avertis par Gaspard qui jouait double jeu, arguant que la paix ne peut venir d’une femme et encore moins d’une bergère qui aurait mieux fait de rester auprès de ses moutons, dans sa campagne de Donrémy. Pierre Heurtebise sut, dès l’instant où il fut fait prisonnier, que la mort s’ensuivrait, sans pitié ni procédure parce qu’ils étaient considérés comme de vulgaires gibiers de potence, fauteurs de troubles publics, ennemis du bien commun et de la paix. Combien leur restait-il de temps avant que la lame de l’épée ne vienne trancher leur tête ? Un jour, deux, peut-être trois au maximum.

Il se plongea en lui-même, à la recherche de son essence qui l’avait abandonné pour mener ce combat qu’il avait perdu. Qu’avait-il appris ? Il ne comprenait pas, ne savait plus à quel saint se vouer et tomba dans un immense désespoir, le cœur fêlé, le corps torturé, l’esprit détraqué. Il n’aurait jamais dû se lancer dans une telle aventure ! Il avait trouvé sa voie, mieux même, il s’était donné à son essence et l’avait lâché pour un vulgaire complot qui ne pouvait mener à rien. Pourquoi s’était-il sacrifié avec ses amis ?

06/04/2017

Un jour de plus

Le chat aux mouvements ailés
Se coule, imprévisible et matinal,
Dans l’air saturé de la nuit

J’engage ce lent glissement
De la pensée immobile
Et enrage de ne pouvoir crier
La violence de ce réveil

Étire ton être fossilisé
Brise ce tas d’os et de chair
File au-delà du geste
Rien ne te retient plus
Dans le maquis du verbe

La vapeur du jour nouveau
Te conduit à cette lueur
Qui pointe entre les cils
Et embarrasse ton bien-être

Il est temps d’émerger
De la machine à laver
Pour emprunter, un jour encore
Le chemin des écoliers
Et apprendre la vie
Une fois de plus…

 

 ©  Loup Francart

05/04/2017

Maxime

 

La vie commence où finit la haine

La haine s’achève où finit l’incompréhension

La compréhension naît de la méditation

Alors, regarde en toi et ne dis rien !

 

04/04/2017

Chérir un objet

On s’attache aux objets comme aux personnes. Il y entre de l’amour, car aimer, c’est s’attacher au point de ne plus voir les défauts. Mais avec les objets, l’amour naît de l’habitude et de l’usage.

Cet attachement se définit entre l’amour et l’amitié, en ce sens qu’il naît lentement en franchissant une succession d’épreuves, mais qu’il est aussi aveugle que l’amour. Cependant l’amour et l’amitié s’adresse à une personne, c’est-à-dire à quelqu’un qui éprouve lui-même des sentiments et qui peut vous les rendre ou non. Alors ne parlons pas d’aimer, mais simplement de chérir un objet.

 

03/04/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (15)

Deux jours plus tard, ils entraient sans coup férir dans la place, soigneusement déguisés en paysans rustres et avinés, ayant caché leurs armes dans les tonneaux emplis de vin. Réfugiés dans une auberge à cent sous, ils partirent en reconnaissance, dispersés, se mêlant au bon peuple qui n’avait pas l’air si réjoui de la présence anglaise. Le plan fut mis au point pour la prochaine sortie de Jeanne de sa prison, quel que soit le moment, avant ou après le jugement. Laissant traîner leurs oreilles, ils apprirent assez vite le jour et l’heure approximative du transfert. Il n’avait personne pour donner le signal de l’assaut, quelqu’un qui pourrait voir tous les participants à l’action et donner, d’un signal discret, le coup d’envoi de l’assaut.

Une nouvelle fois, Bernard de Loutre proposa Gaspard le Brugeois, le même qui leur avait permis d’entrer dans la ville. À court de volontaires, Pierre Heurtebise accepta l’offre et confia la mission à Gaspard. Chacun devait se tenir prêt à bondir sur son objectif lorsque Gaspard retirerait son chapeau comme s’il avait trop chaud. C’est ce qui se passa lorsque le convoi arrivait à hauteur de la boulange dans la rue principale. Aussitôt, chacun des hommes bondit et se précipita sur le ou les soldats assignés dans le plan établi ensemble. Mais chacun d’eux fut arrêté dans son élan par deux gardes déguisés eux-mêmes en paysans et qui braillaient à leur côté contre Jeanne la prisonnière honnie.