L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (16) (07/04/2017)

Tous furent pris et emmenés en prison. Il n’y eut pas de procès et la mort était l’unique peine prévue. Gaspard était le treizième, le Judas de la bande, celui dont ils ne savaient s’ils pouvaient lui faire confiance. Tout avait été minutieusement réglé par les Anglais avertis par Gaspard qui jouait double jeu, arguant que la paix ne peut venir d’une femme et encore moins d’une bergère qui aurait mieux fait de rester auprès de ses moutons, dans sa campagne de Donrémy. Pierre Heurtebise sut, dès l’instant où il fut fait prisonnier, que la mort s’ensuivrait, sans pitié ni procédure parce qu’ils étaient considérés comme de vulgaires gibiers de potence, fauteurs de troubles publics, ennemis du bien commun et de la paix. Combien leur restait-il de temps avant que la lame de l’épée ne vienne trancher leur tête ? Un jour, deux, peut-être trois au maximum.

Il se plongea en lui-même, à la recherche de son essence qui l’avait abandonné pour mener ce combat qu’il avait perdu. Qu’avait-il appris ? Il ne comprenait pas, ne savait plus à quel saint se vouer et tomba dans un immense désespoir, le cœur fêlé, le corps torturé, l’esprit détraqué. Il n’aurait jamais dû se lancer dans une telle aventure ! Il avait trouvé sa voie, mieux même, il s’était donné à son essence et l’avait lâché pour un vulgaire complot qui ne pouvait mener à rien. Pourquoi s’était-il sacrifié avec ses amis ?

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