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12/02/2017

Fin

Je n’ai plus l’éternité devant moi
La fin approche à grands pas
Elle ouvre sa gueule béante
Et fait ses yeux enjôleurs

Je ne veux pas me laisser faire !
Mais comment lutter sérieusement
Contre le lot de tout un chacun

Certes, il me reste de nombreux jours
Et autant de nuits solitaires
Où je pourrai encore dire
Tout ce qui me vient à l’esprit

Mais je sens la mélasse venir
Ma course se ralentit
Elle tourne autour du pot
Et souvent ma pensée
S’ouvre à d’autres horizons
Là où il n’y a plus de différences
Entre le réel et l’imaginaire

Et ce vide immense, sans fin
Couvre de son ombre velue
Les désirs qui s’échappent

Partez au loin, je vous rattraperai
Mes petits moineaux chauds
Et nous irons nous perdre
Dans l’obscurité et la froideur
D’une nouvelle vie, inconnue
Dont on ne sait rien
Mais dont on espère tout

Oui, l’éternité est morte
Il faut se dépêcher de remplir
Ce pour quoi nous avons été créés
Différent pour chaque homme

Maintenant que j’ai découvert
L’absolue solitude, tranchante
Qu’entraîne cette exigence
Je couvre d’écritures et d’interjections
Les pages blanches et vierges
Qui sont devenues
Ma robe de marié
Pour l’éternité

 ©  Loup Francart

11/02/2017

Féminin

Toute femme est un mystère fragile
Qu’il convient de découvrir et choyer
Modeste, elle s’annonce faite d’argile
Mais pour la vie ne cesse de guerroyer

Serais-tu la beauté profonde et tendre
Ou l’innocence invaincue et pudique ?
Peux-tu te laisser couvrir de cendres
Ou te vêtir de pouvoirs encyclopédiques ?

Toi, toujours présente et impitoyable
Dans mes rêves devenue impalpable
Nuage hypothétique poussé par les vents

Comment t’octroyer une réelle consistance
Alors que nos corps pleins d’inconstance
Ne rêvent que de solides adjuvants

  ©  Loup Francart

10/02/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (5)

Rentré chez lui, épuisé, il ne put trouver le sommeil. Est-il possible qu’une droite quelconque devant une source lumineuse crée une ombre dont la direction varie sans que la source change de place ? Quel fait étrange et surtout impossible. Et pourtant ? C’est bien ce qu’il avait vu de ses propres yeux par deux fois. Est-ce possible ? Possédant une importante bibliothèque accumulée au fil des ans d’infirmité, il se plongea dans les livres d’astronomie. Il ne trouva rien qui donne une explication raisonnable à ce phénomène. Il aborda les quelques livres de cosmologie qu’il possédait sans trouver d’autres explications intéressantes. La mécanique restait la mécanique et ne pouvait envisager des événements qui n’étaient pas conformes aux lois de la nature et plus particulièrement aux lois de la physique. Il se plongea alors dans un livre d’ontologie, c’est-à-dire la science de l’être. Aristote, constata-t-il, définissait l’ontologie comme « une science qui étudie l'être en tant qu'être, et les attributs qui lui appartiennent essentiellement. Elle ne se confond avec aucune de ces sciences particulières, car aucune de ces autres sciences dites particulières ne considère en général l'Être en tant qu'être, mais découpant une certaine partie de l'Être c'est seulement de cette partie qu'elles étudient l'attribut ». Il en conclut qu’il ne pourra trouver de réponse à son interrogation qu’en intégrant ensemble toutes les sciences traitant de la matière et celles traitant de l’être, c’est-à-dire la philosophie, la morale, la spiritualité et même la psychologie, un terme nouveau formé par le savant croate Marko Marulic, un humaniste quasi contemporain qui écrivit le traité Psichiologia de ratione animae humanae[1]. Comment joindre ensemble ces différentes visions du monde s’avéra la question cruciale pour trouver l’explication à l’événement. La seule valable, mais invraisemblable, pensa-t-il soudain, était que la matière contient en elle-même une pensée ou une volonté indépendante qui lui permet en certaines occasions induites par un événement particulier, de se manifester à l’encontre des lois naturelles.

Il s’endormit sur ces pensées ayant l’ impression d’avoir survolé la structure du monde sans toutefois pouvoir en tirer des conclusions intéressantes. Il rêva d’un jeu compliqué dans lequel des billes s’enroulaient autour d’autres billes et, parfois, s’entrechoquaient avec des éclatements secs et impressionnants. Il ne vit pas le joueur, mais aperçut un doigt qui semblait guider certaines de ces billes vers des lieux où elles n’auraient pu aller autrement.

 

[1] Livre de la fin du XVe siècle dont les quelques exemplaires ont été perdus.

09/02/2017

H. Craig Hanna - “Peintures et Dessins”

https://vimeo.com/200863231




La peinture, c'est comme la musique.

Mon job, c'est de rendre harmonieux le chaos.

 

 

 

 

 

08/02/2017

Trompe l'oeil

un trompe l’œil qui ne trompe personne et qui ne mène nulle part !

12-07-15 Carrés irréguliers.jpg

07/02/2017

Un joli coup tordu, de Jean Pailler

Ce pourrait être un polar, un roman psychologique ou, plus réalistement, un conte racontant la vie d’un simple qui se laisse berner par les paillettes d’une gloire posthume. Ismaïl, bon élève et bien élevé, doit, à la mort de son père, trouver du travail. Il décide de s’expatrier. Commence alors une prise en main très efficace de la communauté musulmane qui, dans son nouveaudjihad,terrorisme,attentat,manipulation,services secrets pays, le conduit à devenir un terroriste. Ce qu’il ne sait pas, par contre, c’est que sa mission est organisée par les services américains dans des buts politiques qui le dépassent.

Bien monté, le livre commence à sa montée dans le train où il doit commettre son massacre. Quelques minutes avant de se lever pour tirer sur les passagers, il revit sa misérable vie. Il va devenir quelqu’un. « Dans quelques minutes, il va enfin réaliser son rêve – ou plutôt son destin. Dieu l’a choisi pour porter la terreur dans le camp des infidèles. » (p.141)

Possédant une bonne connaissance de l'Islam, Jean Pailler décrit avec simplicité et une vraisemblance presque nostalgique, cette vie volée par l’idéologie qui n’apparaît jamais clairement, mais qui conduit inexorablement le garçon au "martyr" sans que celui-ci en soit conscient. On en vient à aimer le jeune homme par la description très humaine de sa solitude et on se laisse entraîner imperceptiblement dans la pente du Jihad sans envie de protester.

06/02/2017

Massacres

Dans la densité de l’herbe et des pierres
Ils marchaient sans un souffle
Silencieux, éperdus, mais tenaces
Tendus vers leur mission osée :
Où se cache l’adversaire inconnu ?

Tout à coup, au cœur de la nuit
Retentirent les coups de feu
L’agitation de batteries de cuisine
Dans l’arrière pièce sans fenêtres
Les lueurs secouaient l’horizon
Éclats de terreur fragilisée
Explosions éperdues et prolongées
Cris des blessés, femmes et enfants
Rage des hommes sur fond de haine
L’éclair des lames sorties du fourreau
Les émanations fumantes de la peur
Encombraient la vision d’un voile noir

Et tout ceci paraissait à mille lieux
Des pensées silencieuses de ces hommes
Derrière les jumelles fixant cette folie
Partis rechercher les démons odieux

Ils revinrent le visage gris
Sans un mot ni un soupir
Blêmes, l’horreur plein la bouche
L’œil hagard, les mains tremblantes
Ils vomirent plus qu’ils ne pouvaient
La tête résonnant de bestialité
Les pas scandant le rejet du vécu
Cherchant en vain la consolation
Et ne trouvant que la mémoire
Brute, sèche, rougie du sang
De victimes innocentes et inconnues
Qui moururent ce jour-là, seules
Face au déchaînement de l’exécration
Des hommes entre eux, contre eux
Pour eux, avec eux, ou même sans eux
Seules contre la marée humaine
D’une malédiction millénaire
Sans un regard pour l’être humain
Qu’ils assassinent sciemment

Et Dieu, pendant ce temps,
Se cache derrière le rideau du temps
Pour pleurer les innocents

Quand donc cesseront ces massacres ?

 ©  Loup Francart