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22/03/2020

Entends-tu ?

Qu’ouïs-je ?
Non, je ne ouïs rien.
Je n’ouïs que le silence.
Et l’autre, me ouït-il ?

Jouis-je ?
Oui, je jouis de tout.
Je jouis de l’absence.
Et l’autre jouit-il ?

Ouïs-je la jouissance
Qui coule dans mes veines ?
Oui, je m’épanouis
Sans même m’évanouir.

Mais non, le béni-oui-oui
Ne peut jouir sans ouïr.
C’est inouï ; il se réjouit
Et… S’enf(o)uit…

©  Loup Francart

21/03/2020

Sens de l'humour

Le véritable sens de l'humour est de savoir rire de soi-même et non de faire rire les autres.

20/03/2020

L'impudence

Ma joie est dans l’ignorance
Mon bonheur s’épanche dans l’inexpérience
Je cherche ce que j’ignore, sans méfiance,
Puis, je découvre l’inexistence…

Je fouille donc les abîmes de l’incompétence
Et reviens orné des palmes d’une nouvelle naissance
Fort d’un plein auparavant sans nuance
Revêtu d’indécence et de munificence

Quelle jouissance, douce et bienfaisante
Que cette crème onctueuse et séduisante
Qui éblouit le monde et sa croissance
Et le rend vulnérable à la puissance

Je caresse alors le squelette de la déliquescence
Et l’emmène aux sommets de l’inconnaissance,
Ce lieu dont peu connaissent l’existence
Et qui conduit à l’évanescence…

Depuis, j’erre dans la redondance
Je contemple enfin la transcendance
Dans laquelle l’ascendance
Devient connaissance et surabondance…

©  Loup Francart

16/03/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (5)

Perdu dans ses réflexions, Juanito laissa son regard s’enfoncer dans le lointain, balayant l’horizon d’un œil désabusé. Il ne remarqua pas tout de suite le nuage de poussière qui montait derrière une touffe d’arbustes. Il laissait une touche plus claire et brouillé sur le paysage habituel, mais l’absence de vent lui donnait une immobilité qui l’estompait. Cependant, le métier aidant, il revint sur cette tache insolite, observant avec attention son lent déplacement. Il sortit la longue vue qui était en dotation au poste de garde et s’efforça de mieux saisir ce qui pouvait créer ce léger tourbillon. Enfin quelque chose d’insolite ! Quelle agréable surprise, même s’il ne savait pas encore si celle-ci était bonne ou non. Peut-être s’agissait-il de Chiliens qui se seraient égarés et qui tenteraient de retrouver la frontière ? Il voulait savoir de quoi il s’agissait avant d’avertir son chef. Certaines nouvelles recrues ne cessaient de troubler la quiétude de la garnison par des alertes  aussitôt démenties. Son honneur de vieux soldat (oui, déjà) lui commandait de rester calme et d’observer avant de mettre en effervescence la petite ville. Il vit d’abord une sorte de voile blanc, puis deux formes oblongues qui semblaient l’entraîner, enfin une forme séparée, la précédant, mais si petite qu’il ne la vit pas au premier abord. Observant avec attention, il comprit que la forme isolée était un cavalier et sa monture, et que, très probablement, l’ensemble qui semblait naviguer dans les vagues d’ocre était la bâche d’un chariot tiré par un attelage de chevaux. Ils avançaient lentement, mais sans interruption, comme s’ils étaient pressés d’en finir. Pourtant, à encore une grande distance de San Pedro, ils s’arrêtèrent. Que faisaient-ils ? N’arrivant pas à en savoir plus, Juanito donna l’alerte. Très vite, le sous-officier de garde courut auprès de lui, sachant que cet homme n’était plus une de ces têtes brulées de nouveaux venus.

– Qu’y a-t-il ?

– regardez, là-bas, près du bosquet d’arbres, je vois un chariot et un homme seul.

Le sous-officier lui emprunta sa longue vue, la régla à son œil et constata qu’il ne s’était pas trompé.

– Bravo, Juanito, tu es un bon soldat. Reste-là et rends-moi compte s’ils bougent. Je vais donner l’alerte.

Le sous-officier se rendit en courant au quartier général de la compagnie, à deux pas du poste d’entrée dans la ville, et rendit compte au lieutenant en charge de la sécurité ce jour-là. Celui-ci décida aussitôt de doubler les effectifs de garde et mit en alerte la section de réserve. Les consignes étaient connues et tous attendirent. Ceux qui possédaient une longue vue purent observer le manège insolite qui se déroulait devant eux.