19/08/2018
Les petits gestes et paroles
Ce matin, je réveille après un rêve dans lequel je cherchais la profondeur d’une relation avec les autres. Et ce n’était que des petits gestes et paroles de tous les jours, anodins et sans intention, gestes faits sans y prendre garde et paroles dites sans y penser. Centaines de gestes faits et paroles dites sans même savoir qu’ils sont émis et surtout sans savoir pourquoi. J’ai ma manière personnelle de descendre de ma voiture, de me donner un coup de peigne, de me lever le matin, d’ouvrir la porte à un inconnu, de demander mon chemin à un passant, de m’installer au piano, de me laver les dents, de rire d’une plaisanterie. Et la somme de ces petits gestes et paroles, finalement, me représentent mieux auprès des autres que ceux que je dispense en connaissance de cause, avec attention.
Voilà le mot lâché : l’attention. Mais il lui manque son compagnon, l’intention. L’attention suppose l’intention. Lequel précède l’autre ? L’attention rappelle qu’il faut une intention pour agir. L’intention fait de l’être un humain et entraîne une attention dans l’exécution de l’action. Laquelle est première ? Tantôt l’une, tantôt l’autre, selon les circonstances. Ainsi, à chaque instant, je suis libre de devenir véritablement humain ou de vivre à côté de mon être. L’attention suppose un minimum de concentration. Penser à ce que je fais. Penser à ce que je fais suppose bien de savoir pourquoi je le fais. Si je ne sais pourquoi je le fais, je ne fais pas attention ; mais si je ne fais pas attention, je n’ai pas d’intention.
Derrière ces deux mots se cache tout l’humain : je suis homme ou femme parce que je sais que je le suis. Si je l’oublie, je ne suis rien. Être homme ou femme suppose une double démarche : je suis dans le monde et y agis, mais je suis également hors du monde pour savoir pourquoi j’agis. Certes, il ne s’agit pas de devenir moine ou moniale, encore que ceux-ci agissent et parlent sans doute avec plus d’attention et d’intention, mais simplement d’introduire un dialogue avec soi-même qui instaure la conscience. Un troisième mot est lâché : la conscience. Certes, l’humain n’est pas seul à disposer d’une conscience. Le règne animal et probablement le règne végétal disposent d’une conscience. Comme l’homme, l’animal et, dans une moindre mesure, le végétal entretiennent la vie, leur vie, avec attention et intention. Mais la conscience humaine dispose d’un effet miroir supérieur à celui des autres règnes terrestres. J’agis dans un but immédiat et lié au maintien de ma place dans le monde, mais je peux aussi agir dans un but plus lointain dans lequel ma personne n’a plus la première place. La conscience se dédouble et produit un effet miroir qui fait de l’homme un être achevé ou, plutôt, s’achevant par cette démarche consciente qui lui permet de s’échapper de son moi immédiat. Il agit dans le monde, mais se voit également agissant le monde et s’interroge sur cette deuxième démarche. C’est ce deuxième temps de la conscience qui fait de l’homme un être à part, responsable pleinement de ses actes et paroles.
Alors, dans un instant, quand vous fermerez cet écrit, conservez attention et intention, et vivez pleinement cet effet miroir de la conscience qui fait de vous un être humain.
08:52 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cp, science, réflexion, attention, intention | Imprimer
18/08/2018
Sentence
Critère de la laideur : une certaine indisposition d’être en face de l’objet considéré.
Critère de la beauté : une contemplation qui oublie tout.
Mais celle-ci implique la renonciation, y compris celle de l’imagination.
07:20 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe | Imprimer
16/08/2018
L'incertitude
L’incertitude est cet épais brouillard
Qui vous prend à la gorge sans préambule
Et vous plonge dans une mélasse opaque
Alors que vous ne pensez qu’à elle
D’où vient-elle ? Vous ne savez
Vous ne connaissez que le dernier maillon
Celui d’une fausse origine de la frappe
Une cuillerée de confiture noire
Qui tombe dans votre gamelle
Sans crier gare ou même crier tout court
Elle est là, vous n’y prenez pas garde
Elle s’installe tranquillement dans votre tête
Puis produit sa première étincelle
Comme un caillou qui tombe à l’eau
Et qui éclabousse votre pré tranquille
Les ondes s’étalent avec lenteur
Débordant du cercle habituel
Et gagne peu à peu votre inconscient
Venant frapper le rivage obstinément
La plage s’élargit, découvrant le sable fin
De votre égo vulnérable et dénudé
Apparemment vous marchez normalement
Mais le feu est subtilement entré en vous
Et vous lèche la pointe des pieds
L’incertitude vous ronge et vous broie
Elle est entrée dans la place
Par où ? Vous ne savez
Pour combien de temps ? Ignorance
Avec quels dommages ? Tout s’écroule
A la place du cœur une épine
Le lac des pensées devient un torrent
Qui bouleverse tout sur son passage
Si encore vous saviez d’où cela vient
Qui s’introduit dans votre pré carré
Ce qu’il sait et ce qu’il ignore
Rien ! Le blanc opaque et propre
D’un drap qui sèche sur une corde
Parfois l’incertitude n’est pas méconnaissance
Elle est plus subtile et dangereuse
Et empêche la résolution attendue
Que faire ?
Penser l’ignorance est une chose
Décider d’agir est une autre
Vous vous réfugiez dans votre immobilisme
Vous vous y complaisez benoîtement
Et votre corps lui-même refuse toute avancée
Vous tendez le bras, mais jamais entièrement
Vous touchez l’objet de l’incertitude
Mais refusez de le serrer entre vos mains
Alors votre être dévoilé et pantelant
Offert à la vindicte populaire
S’offre en sacrifice suprême
Crucifié dans l’indifférence
Meurtri pour de longs mois
L’incertitude est un piège mortel
Qui entraîne aux confins de l’enfer
Mais qui peut devenir également
Une étrange voie de guérison
Pour celui qui se laisse porter
Et plonge au-delà de l’égo
Dépouillez de vous-même
Vous errez dans un paysage sans décor
Quand, d’un mouvement impulsif
Le silence s’installe et vous broie
Le monde s’immobilise
Vous n’avez plus rien
Et ce rien devient tout
Vous n’êtes plus là
Puisque tout est là
La puissance créatrice
Vous rend inatteignable
Vous n’êtes rien
Et vous devenez tout
Va où t’entraîne l’incertitude
Mais reste droit et souple !
© Loup Francart
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
15/08/2018
Après les moissons
Dans la nuit, j’ai vu
Des monstres d’acier
Avaler les champs de blé
Et laisser le chaume nu.
Comme des vers luisants
Ils allaient dans la nuit obscure
Chercher tout ce que procure
Les moissons du bon vieux temps.
De petites larves sombres
S’affairaient pour recevoir
Leur pitance en avoir.
Ils allaient tels des ombres.
Puis la pluie est venue
Comme la mort étend sa main
Et les rigoles du chemin
Se sont élargies, nues.
Il a plu tous les jours.
Il pleuvra toutes les nuits
Jusqu’à ce que s’ensuive
La naissance du blé, toujours.
Ainsi l’homme attend
Les monstres sont rangés
Pendant que les blés
Sont à la merci du temps.
Dans le ciel moutonnent
Quelques nuages irascibles
Qui, espérons-le, ne serviront pas de cible
Aux piétons qui randonnent.
Le temps s’est fait meilleur.
Souvenir des belles moissons d’antan
Où le ciel d’azur n’était jamais blanc
Et où les foudres de Zeus vont ailleurs.
© Loup Francart
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
14/08/2018
Sentence
L’amour est le sable que les dieux jettent aux yeux des hommes
pour éblouir la longue peine des jours,
mais l’espoir est le grain de folie
qui leur permet de survivre à la froideur des nuits.
14:44 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe | Imprimer
13/08/2018
Perspective
Une étrange construction
pourtant bien géométrique
mais qui ne correspond à rien
07:50 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, visual art, dessin, peinture abstraite | Imprimer