L'incertitude (16/08/2018)

L’incertitude est cet épais brouillard
Qui vous prend à la gorge sans préambule
Et vous plonge dans une mélasse opaque
Alors que vous ne pensez qu’à elle

D’où vient-elle ? Vous ne savez
Vous ne connaissez que le dernier maillon
Celui d’une fausse origine de la frappe
Une cuillerée de confiture noire
Qui tombe dans votre gamelle
Sans crier gare ou même crier tout court

Elle est là, vous n’y prenez pas garde
Elle s’installe tranquillement dans votre tête
Puis produit sa première étincelle
Comme un caillou qui tombe à l’eau
Et qui éclabousse votre pré tranquille
Les ondes s’étalent avec lenteur
Débordant du cercle habituel
Et gagne peu à peu votre inconscient
Venant frapper le rivage obstinément
La plage s’élargit, découvrant le sable fin
De votre égo vulnérable et dénudé

Apparemment vous marchez normalement
Mais le feu est subtilement entré en vous
Et vous lèche la pointe des pieds
L’incertitude vous ronge et vous broie
Elle est entrée dans la place
Par où ? Vous ne savez
Pour combien de temps ? Ignorance
Avec quels dommages ? Tout s’écroule
A la place du cœur une épine
Le lac des pensées devient un torrent
Qui bouleverse tout sur son passage
Si encore vous saviez d’où cela vient
Qui s’introduit dans votre pré carré
Ce qu’il sait et ce qu’il ignore
Rien ! Le blanc opaque et propre
D’un drap qui sèche sur une corde

Parfois l’incertitude n’est pas méconnaissance
Elle est plus subtile et dangereuse
Et empêche la résolution attendue
Que faire ?
Penser l’ignorance est une chose
Décider d’agir est une autre
Vous vous réfugiez dans votre immobilisme
Vous vous y complaisez benoîtement
Et votre corps lui-même refuse toute avancée
Vous tendez le bras, mais jamais entièrement
Vous touchez l’objet de l’incertitude
Mais refusez de le serrer entre vos mains

Alors votre être dévoilé et pantelant
Offert à la vindicte populaire
S’offre en sacrifice suprême
Crucifié dans l’indifférence
Meurtri pour de longs mois

L’incertitude est un piège mortel
Qui entraîne aux confins de l’enfer
Mais qui peut devenir également  
Une étrange voie de guérison
Pour celui qui se laisse porter
Et plonge au-delà de l’égo

Dépouillez de vous-même
Vous errez dans un paysage sans décor
Quand, d’un mouvement impulsif
Le silence s’installe et vous broie
Le monde s’immobilise
Vous n’avez plus rien
Et ce rien devient tout
Vous n’êtes plus là
Puisque tout est là
La puissance créatrice
Vous rend inatteignable
Vous n’êtes rien
Et vous devenez tout

Va où t’entraîne l’incertitude
Mais reste droit et souple !

©  Loup Francart

07:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |  Imprimer