Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/01/2020

Chaise

 

Chaise : un escalier auquel il manque une marche.

L'avantage est de pouvoir le déplacer sans peine,

mais tous ses maux viennent de l'absence de cette marche.

 

18/01/2020

Locédia, éphémère (52)

Une semaine plus tard, j’allais à un concert avec des amis. Le théâtre se trouvait dans la vieille ville, entourée d’une place où les boutiquiers installaient leur abri et vendaient toutes sortes de choses, comme des arêtes de poissons fossilisées, des mouchoirs cartonnés dépliant, des vidéolivres qui permettaient au lecteur de voir sur son écran ce qu’il imaginait avec deux secondes de décalage. J’y ai même vu un autre jour un marchand qui vendait du vide interstellaire en boite de conserve. Il s’est depuis fait arrêter parce qu’il avait omis de préciser sur l’étiquette qu’il était dangereux d’ouvrir ce style de souvenir. En effet, et l’affaire fit pas mal de bruit lorsqu’elle sortit, un jeune couple l’avait ouverte sans précaution chez eux et avait provoqué un trou dans l’atmosphère. Ils avaient disparu, aspirés par le vide. Les forces d’attraction étaient aussitôt intervenues, avaient installé un périmètre de sécurité, enfilé leurs combinaisons anti-vide et avaient fouillé la vacuité, encordés pour éviter que l’un d’eux ne soit à son tour aspiré. Arrivé en bout de cordée, ils avaient dû se faire treuiller pour revenir, bredouilles.

L’approche du théâtre était difficile en raison de la foule qui achetait sans discontinuer des trésors insolites. Heureusement, nous connaissions les lieux et savions qu’il fallait du temps pour atteindre la loge où l’on pouvait acheter les billets. Arrivé légèrement en avance, nous pûmes entrer dans la salle de concert, où la foule de mélomanes discutait du dernier concert du chef d’orchestre qui avait mal tourné parce qu’un spectateur avait éternué, provoquant une réaction en chaine sur les percussions. Il avait fallu reprendre le morceau intégralement pour que cesse le phénomène. Nous nous assîmes dans le parterre, à côté d’une jeune femme élégante, papillonnant avec un homme en smoking vert foncé. Le bruit allait s’amplifiant, chacun jouant la comédie des connaissances et du baise-main. Dans l’allée centrale, se tenait plusieurs couples en grande conversation, s’échangeant très activement, comme des passes de rugby, des citations acidulées. La gêne occasionnée par ces spéculations passionnées ne semblait pas les atteindre. Ils bouchaient le passage avec une telle inertie qu’il fallut l’intervention du directeur du théâtre pour les contraindre à cesser ce match verbal.

17/01/2020

Éclair

Deux éclairs en un

bonheur à portée de main

Qui s'y frotte s'y pique !

 

15-06-05 Penrose pentagramme2.jpg

16/01/2020

Déchirure

Déchiré…
Les fils du papier flottent au vent
La rectitude des bords écarte la maladresse
Comment attaquer le parfait ?
Et pourtant combien il est tentant
De se réduire au simple fil du rasoir
Elle attaque des dents le tranchant
Explose d’un hochement de tête
Enrage de ne pouvoir déchirer sa minceur
Jusqu’au moment où il faiblit
Quelle victoire cette déchirure !
Alors elle poursuit son œuvre destructrice
Sans guide, sans règle de droiture
Se laissant aller par instinct et jeu
Les fibres se séparent indistinctement
Pouces et mains maintenant l’ouverture
L’œil égaré, impuissant et inquiet
Du plein naît le vide entraperçu
Une brèche ouverte sur l’inconnu
Comme un déchirement de l’être
Et un fer rouge dans le corps
Cette fois-ci elle sait que le cœur
A une autre consistance que le corps
Qu’il peut saigner sans déchirure visible
Rien que parce qu’il a cru, un moment
A la musique des anges, à l’attendrissement
Du couteau sur la gorge offerte
Adieu la consistance et la fidélité
C’est un monde sans valeurs
Qui te convoque au tribunal
Et rien ne t’a préparé à cette mascarade
De l’être englué dans la société

Va…
Ne te retourne pas
Garde ta virginité de prêtresse
Et pleure les larmes de ton cœur
En admirant l’incision sur ton flanc
Qui verse sa liqueur odorante
Pour protester de son innocence…

©  Loup Francart

15/01/2020

Locédia, éphémère (51)

Entré dans le café, je te cherchais dans un coin tranquille. Rien. Une jeune fille semblait attendre également quelqu’un, mais ce n’était pas toi. J’entendis des voix fortes qui criaient sur ma gauche et tournais la tête par curiosité. Tu étais là, assise au milieu d’un cercle de garçons et de filles, objet de toutes les attentions, parlant haut, légèrement rosie par l’entrain que tu mettais à raconter une histoire apparemment drôle. Les autres t’écoutaient, riant, te regardant, semblant te caresser mentalement. Interdit, je te voyais en me demandant si c’était bien toi.

Tu avais bu, le désordre de tes vêtements l’attestait. Tu me lanças fortement : « Viens, viens donc, nous avons besoin de tes lumières ! » Tu me montras une chaise, dans le cercle, assez loin de toi, et tu repris ton récit, affairée de verbe. Tu parlais de Mondrian, le peintre aux couleurs primaires dont l’usage du blanc et du noir fermait les espaces perpendiculairement. Tu le citais : « Si nous ne pouvons nous libérer nous-mêmes, nous pouvons libérer notre vision ! ». Que sous entendais-tu derrière ces paroles de l’artiste, je ne sais. Mais tu fis courir un frisson dans le groupe qui révélait ainsi ton emprise sur lui. Locédia, magicienne des espérances, traductrice des désirs, reconnue par ses pairs comme celle qui fait vivre des moments plus intenses. Et je me laissais prendre au jeu de ton intelligence. J’admirais ton aisance, ta culture, ton excitation également devant ces hommes et femmes qui te regardaient et t’écoutaient. Prêtresse mystique, tu manipulais heureusement les visions de tes congénères, les entrainant dans un imaginaire impossible où les lignes horizontales et verticales se couvraient de couleurs enchantées. Locédia, tu étais belle malgré tout dans cette passion que tu mettais à convaincre. Et pourtant, tu repartis au bras d’un autre, me faisant un signe, comme si je n’existais plus. Il se réjouissait de t’avoir à ses côtés, mettant en évidence ta personne, te couvrant de ses mains sur tes épaules, cherchant dans tes yeux une satisfaction que tu semblais lui donner. Je pris moi-même un autre chemin, plus long, plus difficile, passant par les rues où nous nous étions promenés, m’efforçant de découvrir de nouveaux attraits à ce quartier connu. Pourtant, je te voyais dans mon souvenir, la tête penchée vers moi, m’offrant tes lèvres, innocente et altière. Pourquoi t’avais-je rencontré ? Pourquoi t’avais-je regardé jusqu’à ne plus te voir dans ta réalité ?

14/01/2020

Tabeaux vivants

https://www.youtube.com/watch?v=nIeyulbiB0A


Une belle mise en scène et un réalisme émouvant !

13/01/2020

Sur le sable

 

Architecture
Rectitude de la pensée
Et pourtant le vent !

 

12-10-31 Cubre Pemrose horizontaux 1x1m.jpg

©  Loup Francart