15/07/2018
Rejet
Il a toujours su quel était son destin
Enfant déjà, il le traînait derrière lui
Comme une poche autonome et maligne
La nuit, il rêvait des bestiaires endoloris
Et courrait sur le plafond dénudé
Dans son personnage bien sage
Il faisait bon effet et grand clerc
On criait au miracle pour l’ingéniosité
Mais parfois il arrivait qu’il se dresse
Durci au feu et enflammé de colère
Non, non et non. Vous n’obtiendrez rien
Par vos vertes caresses et autres cajoleries
Mes voyages me propulsent et m’entraînent
Là où rien n’est cohérent et habituel
Je pars la tête ailleurs, traînant ma poche
Comme une mythique galoche de terre
Oui mes amis, la vie se détourne
Pour vous conduire au bal de l’inconnu
Là où rien devient un bien précieux
Où le cher ne vaut pas grand-chose
Où le juste acquiert sa destinée
Où le bandit repose sur le ventre
Et l’hirondelle trille de tout son corps
Les pensées partent en fumée
Les gestes y deviennent lents
La couronne de l’omniprésence
Ceint la tête des filles ondulées
Qui émettent des chants soyeux
Comme la peau des pélicans
Ah, que n’a-t-il pas suivi ses rêves
Et donné de la voix pour acquérir
Un destin ignoré et mystérieux
Qui encourage la recherche des sommets
Et l’épuisante marche dans les profondeurs
Parfois le juste milieu est une faille
Où se glissent les inconséquents
Au milieu des contraires se trouve la sagesse
Disent les braves gens au bon sens
Bien ancré dans un corps repu
Mais il préfère la danse des soiffards
Qui courent sans vergogne
Sur le chemin qui ne mène à rien
Au moins, il s’amuse, seul
Ou avec de rares amis audacieux
Qui cherchent la dérive de la normalité
Et vont droit au but de toute une vie
La flèche pointée vers le cœur
Et l’entendement retenu d’une main
L’autre disant adieu au monde
Sévère et peu avenant de la mondanité
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14/07/2018
Perte
Entre les feuilles fraîches et maladroites
Restent les serviteurs de l’année écoulée
Noués comme les cannes des vieillards fatigués
Ils laissent encore passer le suc de la jeunesse
Tu m’as donné les meilleurs jours
Environné de désespoir, j’errais dans l’ombre
Fantôme détrôné à l’esprit déraciné
Me heurtant aux piliers du qu’en-dira-t-on
Tu es venu tendrement comme un nuage
Et tu m’as pris dans ton haleine vaporeuse
L’odeur de la vie m’a submergé et conquis
Ouvrant béatement le puits sans fond
Où j’ai jeté mon embarras et ma folie
Sais-tu que j’ai gardé longtemps ce parfum
Au creux de mes tempes endolories, muet d’étonnement
Je chevauchais la lune, bordé de garde-fous
L’œil acerbe sur mes propres défaillances
Ressentant au plus profond l’effondrement du personnage
Et le souffle vital du renouvellement
Quelle piste d’envol pour l’enivrement
J’ai tout perdu, fort la vie
J’ai trouvé l’âme, ce nid de plumes
Qui pépie et brûle les doigts
Et j’ai atteint le lieu de transparence
Où le cœur n’a plus d’attaches ni souvenirs
© Loup Francart
07:45 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
13/07/2018
Haïku
Les nuits sans lune,
Elle va, sur la neige,
Sûre d’elle-même.
© Loup Francart
03:02 Publié dans 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature orientale | Imprimer
12/07/2018
L'ambition
Quel mot curieux… A prononcer avec précaution
Un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout
Chacun l’accommode à sa manière, ni trop ni trop peu
Il convient de l’ajuster à sa taille et son poids
Certains se prennent pour la grenouille
Et enflent démesurément, sans vergogne
Jusqu’aux jours de la chute probable
D’autres la laisse dans leur poche
Recouverte de leur mouchoir et leurs rêves
Ils vont dans la vie sans savoir jusqu’où
Cela peut leur réussir, mais échoue le plus souvent
Mais quel est donc cet aiguillon diabolique
Qui pousse certains à l’inatteignable
Ou qui délaisse les neurones des plus faibles ?
L’ambition est ainsi appelée couramment
Folie pour les uns, nécessaire pour les autres
Démesure et rengorgement, pensent les premiers
Audace et gloire, comprennent les seconds
Où donc se trouve le juste milieu :
Est-ce un point sur la ligne du temps ?
Est-ce un pic où manque l’oxygène
Ou s’agit-il d’une source à partager ?
Seule elle ne peut exister et survivre
Elle doit être accompagnée et même encadrée
Pour quoi faire et pour quel devenir ?
Pour qui ? Pour moi-même ou pour l’autre
L’ambition peut devenir obsession
Elle peut aussi traduire la passion
Ou encore conduire à la création
Elle se conclut parfois par la réalisation
Mais peut aussi mourir d’extinction
Alors laissons-la vivre sa vie
Sans trop se mêler de ses effets
Juste pour rappeler que l’on est
Semblable à l’autre dans son insuffisance
Taillons-nous une image à notre pointure
Et vivons sans y être attaché
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/07/2018
Néant et vide
Contrairement à ce que l’on a tendance à croire, le néant est le contraire du vide.
Le néant est rempli de tous les désirs de l’homme, de tous ses actes faits de désir. Pour sortir de son néant, L'homme doit tendre à faire le vide en lui-même, c’est-à-dire renoncer à tous ses désirs.
Selon son attitude, le monde peut être source de joie et de bonheur parce qu’il a su y renoncer, source de déception et de malheur parce qu’il y est attaché.
07:43 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vide, plein, spiritualité | Imprimer
10/07/2018
Rien
Il chercha longtemps
Il finit par découvrir
L’étendue du rien
07:53 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pictoème, dessin numérique, haîku, poème | Imprimer
09/07/2018
Enfance
Qu’ils soient garçons ou filles
Ce sont des enfants
L’enfance est sacrée
C’est le temps des rires et des pleurs
Des bouderies et des câlins
Volte-face, je t’aime
Virevolte, je te déteste
Mais derrière ces comportements
Il y a l’innocence et la fraîcheur
Une pluie d’été qui lave
Et fait oublier la pesanteur
Les ombres et la noirceur
Chaque âge a son empreinte
Le premier n’est qu’un œil clos
Le second la mécanicité du geste
Puis l’odeur du cou béni
Des parents si gentils
Où l’on aime s’ensevelir
Viennent ensuite les premiers signes :
Non !
Rien de plus
Et c’est beaucoup de volonté
Que de remettre en cause
Ceux qui donnèrent la vie
Mais c’est un jeu utile et nécessaire
Pour acquérir l’individualité
Et vaquer dans le monde
En toute autonomie
Je ne veux pas !
L’enfant construit ainsi
Indépendance et caractère
C’est une période difficile
Et bien vivante aussi
Que cet affrontement soudain
Elle peut se traduire en sourires
Ou colère et pleurs de rage
Qui gagnera, nul ne le sait
Chacun joue son jeu
Et exerce son pouvoir
En tentatives de manipulation
Sans cependant avoir une idée précise
De ce qu’il convient de faire
L’expérience finit par créer le succès
L’enfant devient moi
Seul contre tous
Pour affirmer sa personnalité
Une nature qui grandit
Et le façonne par le frottement
Et l’affrontement avec l’autre
Il lui faut percer le mur
De la raison et de l’entendement
Alors l’enfant entre en conciliation
Avec lui-même et s’étonne
De son manque de cohérence
Il franchit le pas et saute
Dans le dialogue intérieur
Remuant la soupe des tracas
Assaisonnée de fulgurantes décisions
C’est un apprentissage lourd à vivre
Que celui que mène l’enfant
Face à lui-même et aux autres
Sans savoir qui il est
Ni ce qu’il deviendra
Certains s’en tirent bien
D’autres ont un profil boiteux
Quelques-uns finissent mal
Enfin il arrive qu’ils ne sortent pas
De cette bouillie d’émotions
Quel enjeu que devenir homme ou femme
Et former le meilleur de l’humanité
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer