07/04/2013
Imbroglio
Construction invraisemblable, mais qui trouve son équilibre en elle-même. Elle suffit au regard et donne un contentement simple, mais réel. Elle flotte dans le vide sidéral car aucun environnement ne peut la combler. Pure création de l’esprit, elle s’épanouit seule.
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06/04/2013
Ecume
L’écume des nuages dans les flots
Secoués de tremblements
L’écume de chaleur des chevaux
Après une course effrénée
L’écume de colère que profère
Celui qui noue la violence
L’écume des individus méprisables
Qui portent leur aigreur rentrée
L’écume de mer des pipes
Dont la magnésite se culotte
L’écume de l’épileptique
Prenant par surprise l’humain
L’écume de terre de l’aphrophore
Protégée par son crachat de coucou
L’écume de résidus de la chauffe
Regorgeant d’impuretés
L’écume des jours, de littérature
Emportée par le déclin du temps
Toutes ces écumes sont-elles
Signe de vie ou de mort
L’écume n’est-elle qu’une éphémère
Excroissance de renoncement
Ou preuve de résurrection ?
L’écume des mots seule
Peut le dire en bulles
Et pétillements sauvages
Sortant de la bouche d’innocents
Frêles, vierges et extasiés
07:34 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/04/2013
Un garçon en l’air, roman de Didier Martin
Raphaël, le narrateur, vole. Non ce n’est pas un voleur. Il vole réellement comme un oiseau, mais sans battre des ailes. On pourrait dire qu’il lévite, mais la lévitation ne permet pas de se déplacer dans les airs. Il le peut. Il le fait depuis sa tendre enfance.
A l’école, il rencontre François qui vole également. Et il vole mieux, de manière plus décontracté, comme si cela était naturel chez lui. François envisageait le vol d’une tout autre façon que moi. A vrai dire, il avait des idées sur la question. Il en regorgeait même, fussent-elles négatives, tandis que j’en étais entièrement dépourvu, du moins jusqu’à son apparition au-dessus de la cour de l’école. Mais tout ce qu’il me disait depuis ce jour-là me trouvait réticent : je volais par plaisir et lui par habitude ; je tenais le vol pour une sorte de supériorité, et lui pour un mauvais tour que le sort lui avait joué ; je croyais de tout mon cœur à une raison profonde et encore secrète d’être pourvu d’un don qu’il regardait comme une absurdité de la nature.
Un jour, François lui donne rendez-vous pour le lendemain. Il va voler devant quelqu’un qui ne vole pas et qui ne peut pas le voir. Et il explique les raisons : disons qu’ils ne peuvent pas en croire leurs yeux. C’est trop fort pour eux, tellement fort que cela n’existe pas. Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, Dieu n’existe pas. Et ils volent devant la mère de François sans que celle-ci s’en rende compte. Plus tard, ils constatent dans les jardins du champ de Mars qu’il y a d’autres êtres volants qui les environnaient.
François lui présente Catherine, l’amie d’une amie et Raphaël en tombe amoureux. Mais il ne lui dévoile pas son secret. Bientôt, c’est l’alternative : Catherine ou le vol. Après bien des péripéties, il lui préfère le vol et Catherine repart. Elle épousera un homme normal. Et lui : Je volerai tous les jours. Je peux voler n’importe où et n’importe quand désormais : cela n’a aucune importance et ne présente aucun risque, plus aucun risque. Dès demain…
Quel beau roman dans lequel le fantastique côtoie la réalité sans que jamais on ressente un instant de gêne.
07:48 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman | Imprimer
04/04/2013
A Paghjella di l’impiccati, chant corse par le groupe A Filetta
Le chant corse est avant tout un chant de tradition oral, sans partition écrite, à la manière du Moyen-Age ou des chants populaires de Bulgarie. Les familles se rassemblaient et chantaient spontanément, établissant un lien social ou même sociétal très fort. Il y avait des chants pour toutes les occasions de la vie en société et chaque famille avait sa manière de chanter. Mais la multitude des enregistrements a tué cette spontanéité qu’il convient maintenant de retrouver. Comme l’écrivait Félix Quilici en 1962 : «Une chose est certaine, c’est que, de nos jours, la source musicale est à peu près tarie car la véritable tradition orale est devenue presque impossible, tant sont abondantes, variées et accessibles les sources d’information remaniées. »
Le groupe A Filetta est né en 1978. Pour eux, « la pratique de la polyphonie est absolument liée à l’établissement d’un lien social. » Le chant corse est une musique de partage. On chante ensemble comme on mange ensemble. Le chant devient complicité.
« Chanter c'est, aussi et peut-être surtout, dire tendrement des choses puissantes et puissamment des choses tendres.
Notre chant est de pierre et d'eau. Dans ses plis et replis, dans ses arcanes, il épouse les contours de l'âme de ce rocher tumultueux qui nous a engendrés.
Notre chant est un chant qui consacre la mémoire, il est aussi un chant qui prône l’ouverture, l’accès à l’autre. Surtout, il traduit le besoin profond de n’être que ce que nous sommes, mais à l’être pleinement, sans complexes, en authenticité et généreusement. Pas en essayant d’en faire un sanctuaire. Le sanctuaire, cela sent déjà la mort. »
(source : http://cguelfucci.free.fr/Html/afiletta.htm)
Maintenant place à ces chants forts, virils, humains et tendres, émouvants, intimes. N’écoutez que celui-ci si vous le voulez, mais écoutez-le jusqu’au bout, non pour les chanteurs, mais par respect pour la tradition du fond des âges et pour la beauté simple de l’improvisation si profondément authentique.
http://www.youtube.com/watch?v=FU-wBJ4r3f0&feature=related
04:50 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique polyphonique, chant corse, tradition orale | Imprimer
03/04/2013
Art Paris (28 mars au 1er avril 2013)
Le temps du week-end de Pâques, de nombreuses galeries se sont données rendez-vous au grand palais. Assez semblable à la FIAC, Art Paris Art Fair « affirme son identité singulière de foire européenne orientée vers la promotion des scènes de l’Est (Europe Centrale et Orientale, Moyen-Orient et Asie). Avec 74 nouvelles participations, 20 pays représentés et 43% de participation étrangère, la sélection 2013 est profondément renouvelée et internationale. » (source : http://www.artparis.fr/fr/)
Mais au fond, relisez l’article sur la FIAC (voir note du 21 octobre 2012), l’impression est la même. Cherchons donc le mouton à cinq pattes. Il y en a et pas tous de la même famille.
Jean-Pierre Le Bars :
Art concret, géométrique, abstrait. Ce qui différencie Jean-Pierre Le Bars des autres peintres cinétiques tient aux supports qu’il utilise. Ce ne sont pas de simples toiles, mais un ensemble toile-relief élémentaire qui se fond dans la géométrie du tableau.
Il a réalisé ces premiers supports en 1996. Il aime l’incertitude que donne le mélange de la troisième dimension et de la géométrie constituée de formes rectangulaires qu’il affectionne. Alors il construit des séries homogènes composées de contrastes, de vides et de pleins, la plupart du temps verticales, comme un découpage organisé de l’espace, reproduction sans lassitude d’éléments répétitifs très simples.
Certains s’en lasseront vite. Mais il y a le charme de la symétrie, la simplicité de l'organisation du tableau et des formes reproduites, le repos que chaque œuvre procure d’abord au regard, puis à l’impression ressenti et enfin à l’esprit. Insolite, n’est-ce pas, cet appel au noir dans l’opposition des deux autres couleurs !
Ce peintre a exposé lors des journées d’Art Paris et il expose également à la galerie Vieille du Temple, 23 rue Vieille du Temple, 75003 Paris.
07:30 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art cinétique, optique art, art géométrique | Imprimer
02/04/2013
Inexorablement, se déversent du ciel
Inexorablement, se déversent du ciel
Les gouttes d’une froide solitude
Le temps s’est divisé, recroquevillé
En nuages noirs et denses
Comme les bourres de poussière
Sous les meubles de votre passivité
Autour de vous, au pied de votre île
L’eau monte en écume blanchâtre
Et file sous vos yeux inquiets
Elle atteint sa côte d’alerte
Et envahit votre esprit occupé
Jusqu’à faire dériver vos pensées
Les gouttes sont devenues flots
Les flots deviennent fleuves
Les fleuves emplissent l’immensité
Des eaux des mers bordant la terre
Observons cet étrange ballet
Une goutte tombe, se perd
Se fraye un chemin dans la végétation
Ruisselle avec ses compagnes
Vers d’étranges récipients
Qui déversent leur bouillonnement
En vomissures permanentes
Dans des canalisations saturées
Jusqu’aux rives des ondes courantes
Là s’arrête son aventure
Elle meurt de trop de gouttes
Elle laisse la place à plus épais qu’elle
Adieu goutte fraîche et caressante
Qui m’honora de sa présence
Avant de finir engloutie
Dans les affres de la nature débordante
07:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/04/2013
Quelques pas dans les pas d’un ange, récits de David Mc Neil
L’auteur raconte ses premiers pas aux côtés de son père, le peintre Marc Chagall. Ce sont des souvenirs brefs, mais accompagnés de l’amour filial qui éduque et met du sel dans les aventures d’un enfant. Il s’émerveille :
Il trouvait fastidieux de couvrir de peinture deux bons mètres carrés alors il m’a demandé de préparer le fond. Je commençais à comprendre que n’importe qui aurait payé pour avoir ma place, alors j’ai mis presque une journée à le peindre, travaillant lentement, sensuellement, m’imprégnant de l’odeur enivrante de la térébenthine, je soupçonne les peintres de s’asperger le soir de térébenthine comme d(‘autres d’un after-shave, ça attire les jeunes filles que fascinent les artistes. Une journée de bonheur. Le matin arriva où la couleur fut sèche. Alors il a préparé des fusains, les tenant dans son poing comme un petit bouquet, il s’est assis dans un large fauteuil en paille et a regardé longuement la tache bleue en plissant les yeux et se pinçant les lèvres comme il le faisait souvent quand il se concentrait. Il attendait l’idée. Picasso disait, peut-être avec humour : « Je ne cherche pas, je trouve », « Moi j’attends » répondait mon père très faux-modestement. Je l’ai souvent vu qui fixait une toile blanche, un carton, une feuille vierge, il prenait un de ses fusains et le cassait en deux, le tenant dans sa main, parallèle à son pouce. Alors il commençait et tout allait très vite.
Autre histoire, dans un bistrot populaire rue Saint Louis en l’Ile :
On ne dépareillait pas du tout dans le restaurant où, très vite, on avait trouvé à s’assoir. Les deux ouvriers à la table à côté ont regardé les mains de papa, tachées de couleurs diverses, ces mains dont il disait souvent qu’elles étaient imprégnés jusqu’à l’os. Il avait plus de soixante-dix ans, mais avec son allure énergique et l’impression de puissance qui émanait de lui, il pouvait très bien passer pour un peintre en bâtiment.
« Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l’un d’eux.
Je refais un plafond à l’Opéra, répondit mon père en attaquant son œuf dur mayonnaise.
C’est un livre sans prétention. En prologue, il est écrit :
Ce livre est court, beaucoup trop court. Il raconte les rares moments que j’ai pu passer avec celui qu’autour de moi tout le monde appelait « maître » et que moi j’appelais simplement papa…
07:42 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, souvenir, biographie | Imprimer