08/12/2011
Les têtes fleuries, un magasin des jardins du Palais royal
Quel monde imaginé pour vendre de vulgaires sacs à main ou des vêtements ! Certes ces derniers ont du chic, quoique, encore, ils sacrifient à la mode du noir. Mais ici ce noir a quelque chose d’aérien, comme un dessin en noir et blanc qui laisse passer le souffle quotidien entre les interstices pour le conduire vers des sommets difficilement atteignables.
Pour mettre en évidence ce constat, cette évaporation du souffle vers le ciel, les décorateurs ont trouvé un artifice : la tête dans les nuages et, bien sûr, des nuages noirs et blancs. Ils forment une grosse boule de papier, comme un cumulus vu d’avion, et l’on devine, au dessous, mais l’on ne sait où, la tête hilare des mannequins qui respirent cet encens, les yeux clos, les lèvres entrouvertes, un sourire s’esquissant sur le coton gazeux. Alors ces femmes deviennent des déesses immatures, qui, par leur corps banal, posent dans la mode conventionnelle d’une publicité tapageuse, et qui prennent une autre dimension grâce à ce fumet vaporeux qui coiffe leurs prétentions relationnelles. Vous imaginez tout : hors du temps, elles flottent dans un ciel limpide et passent sur les consciences pour leur dire : « Evadez-vous, ne vous laissez pas engluer dans un quotidien grisâtre ! Vous valez mieux. Planez en toute liberté dans les coulisses des songes et laissez votre esprit se divertir comme ces papillons qui nous entourent et nous chantent des chants merveilleux ».
Et, peu à peu, vous laissez vos pensées se rafraichir dans les nuées, se diluer dans un éther lumineux et monter, s’élever, se surélever jusqu’à ce jour, encore une fois, qui vous laisse un souvenir impérissable, comme une fuite de gaz s’échappant par une fenêtre ouverte dans un appartement vide. La vie devient transparente, à l’image du mannequin de droite dont l’ébauche d’une radiographie laisse discerner une demi-colonne vertébrale et deux seins frêles qui ressemblent aux phares sur une calandre de voiture.
Mais elle peut aussi évoquer un monde sous-marin illuminé par le projecteur que vous pouvez distinguer sur cette dernière photo : les mannequins deviennent objets inanimés flottant dans une eau trouble, sereins malgré tout.
06:30 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, communication, publicité | Imprimer
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