Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/03/2017

La poésie

La poésie, c’est un grand vide qui se remplit au goutte à goutte de l’inspiration.

Mais qu’est-elle celle-ci ? Impalpable comme le rêve, elle jaillit en silence et construit sans hésitation ni protestation ce qui deviendra les lignes couchées et ordonnées de l’instant magique où le cœur vibra et s’enfonça  dans la nuit noire jusqu’à la noyade.

Bienheureux celui qui survit et garde sur le papier les vers entremêlées du souvenir et des regrets. Ceux-ci  deviennent promesse et chantent le monde tel qu’il lui apparut un jour, magnifié et transparent.

Merci l’inspirateur anonyme qui transforme le sable en or et la chair en soleil. Un nouveau jour se lève sans un regard derrière.

11/03/2017

Maxime

 

L’amour, c’est cette odeur d’absence que je trouve loin de toi.
Je la transporte avec moi.
C’est ma façon de te retrouver.

 

10/03/2017

L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (11)

Arrivé au terme de ces réflexions, il s’aperçut que le silence s’était installé dans la forêt. Plus rien, pas un son, pas un pas, pas un envol ; une immobilité absolue qui lui égratignait les oreilles et la vue. Cet instant de pur silence fut comme une rosée qui entraînait l’âme vers l’éternité. Plus une pensée non plus, plus un sentiment, pas même une sensation, mais une merveilleuse douceur, comme un miel de fleurs sauvages qui traverse le gosier. Immobilisé, il sentit des larmes couler de ses yeux, en un remerciement vers l’infini, l’esprit libéré, le cœur confondu, le corps allégé, l’âme enfin apparaissant dans une nudité émouvante, révélant son essence parfumée et vertueuse. La lune se dévoila alors, débordante de lumière, faisant jaillir un numen aux contours bien nets, aiguisés par la contemplation qui avait précédé son apparition. Il se déplaça pour mieux l’examiner, mais celui-ci ne bougea pas. Il fit encore un ou deux pas. Rien, une ombre morte, qui n'était déjà plus une ombre. Progressivement, sa lueur diminua jusqu’à n’être plus qu’un pâle reflet d’une âme qui prenait toute sa puissance et sa vertu. Son numen ayant rempli son rôle, Pierre Heurtebise le laissa là et rentra alors à petits pas ou plutôt à petits béquillements jusqu’à toucher la première marche du seuil de sa maison. Il ne savait ce qui s’était passé. 

Les journées suivantes transformèrent Pierre Heurtebise. Durant cinq jours, il ne sut si c’était le jour ou la nuit, si les lueurs venaient du soleil ou de la lune, s’il ressentait son existence ou son essence. Il ne mangeait plus, ne dormait que peu, assis sur une chaise, ne se rendait aux toilettes qu’en dernière extrémité, et ne rêvait à rien. Il était envahi par un rêve étrange et bouleversant, celui d’un homme qui n’en était plus un, redevenant un homme qui se révélait plus qu’un homme. Longtemps, il s’interrogea sur cette étrange impression, puis, à la fin de la semaine, il eut l’intime conviction d’être transformé : sa jambe ne saignait plus, n’exsudait plus ces odeurs infâmes ; ses fissures se fermaient doucement, lui procurant un sentiment de gratitude envers il ne savait qui, le laissant bienheureux comme un simple d’esprit, le sourire aux lèvres, le cœur débordant, le cerveau vide d’un désir inconnu.

09/03/2017

Lemniscate, de Simeon ten Holt

https://www.youtube.com/watch?v=0xer7LIwJ-I 


 

Toujours en quête de nouvelle forme musicale. Nous avons entendu, le 8 janvier, Simeon ten Holt, le compositeur de répétitions minimalistes. Voici une nouvelle composition, tout aussi bizarre, enchanteresse et aride. Quelle impression !

Mais qu’est-ce qu’une lemniscate ? Une lemniscate est une courbe plane ayant la forme d'un 8. Elle possède deux axes de symétrie perpendiculaires. Ceux-ci se coupent en un point double de la courbe, également son centre de symétrie.

Elle est devenue le symbole de l’infini. L’impression donnée par cette musique est bien celle d’infini : un voyage dans l’espace et le temps qui nous ramène toujours au même endroit, à la même heure ; bref une sorte de folie qui rend compte de la solitude de l’homme dans un monde incompréhensible, mais qui a sa beauté.

08/03/2017

Transe

Que les sensations et impressions
Sont trompeuses et inconsistantes !
Ainsi, il a pris le fil de ses pensées
Et les a entremêlées aux perceptions
Çà a grippé, c’est sûr, et méchamment !
Il marche maintenant sur une roue
Qui possède une hernie cahotante
Clip, clop et floc. Quelle irrégularité !
Tout cela parce qu’un jour
La verrue du piquet de grève
S’est arrêtée face à sa voiture
Et a dansé un guilledou amer
A la barbe des hiérarques
Que ne sont-ils devenus verts
Emplis de leur fausse certitude
Sans un regard sur la nature
Et sur les humains qui cherchent
Non l’exigence du dé à coudre
Mais la vérité et le repos
Dans la paix bienfaisante du soir
Dieu, comme il est difficile de prévoir
Et de conspuer les auteurs
De décrets et d’arrêtés vilipendant
Le délire est dans le poste à images
Qui tourne sans cesse dans la tête
Encouragé par la mémoire
Et la ratiocination permanente
Sortez de là paroles impures
Et sautez à pieds joints
Dans la fange immorale
Des charlatans et procureurs
D’interdits et de repentances
Qu’ils meurent ces hommes de leçon
Qui se cachent derrière leurs vertus
Et qui n’ont pour tout bagage
Que l’ampleur d’une délivrance
Malheur à celui qui n’a rien
Malheur à celui qui a tout
Restez sur l’entre deux coupant
Et passez votre chemin !

 ©  Loup Francart

07/03/2017

La pêche de l’étang (4/4)

Nobles et hautains, les brochets attendaient avec mépris que leur sort fut décidé dans le même détachement qu’un prisonnier à l’âme haute vis-à-vis de ces bourreaux. Leurs corps portaient encore des traces de la lutte qu’ils avaient menée et des outrages subis, de longs filaments d’écume baveuse, qui, quand le corps de l’un d’eux s’écartait d’un autre, créait une bulle irisée et aplatie qui les gardait solidaires dans leur malheur. Mais le plus beau baquet était celui des tanchons qui, par la couleur jaune et rosée de leur ventre qui passait par mille nuances au bleu nuit, puis au noir de leur dos, me rappelaient l’émotion éprouvée au lever du soleil, comme si j’étais parvenu à enfermer vivante l’aurore dans ce baquet de zinc.

06/03/2017

Retournement

                       La divine lumière réside dans l’âme. Dès lors que celle-ci consent à se défaire des voiles et des taches qu’impriment sur elle les objets créés, aussitôt elle se trouve illuminée et transformée en Dieu. Alors Dieu lui communique son Être divin et elle semble être Dieu lui-même; et tout ce que Dieu possède, elle le possède.

Saint Jean de la Croix, La montée du Carmel

 

1-17-03-05 Carrés irréguliers.jpg

Premier temps : unification de l’être

Les personnages multiples qui composent la personnalité se fondent en un seul être. La conscience, la vraie, c’est-à-dire la possibilité de se maîtriser soi-même, apparaît. Non seulement il y a unification de nos différents moi, mais toutes ces tendances s’harmonisent. Il n’y a plus de conflits entre notre pensée rationnelle et nos sentiments, entre les sentiments et les émotions, entre les désirs et la volonté. En fait, l’instinct, les désirs, les émotions sont transcendées. La pensée, la parole et l’action sont une, la connaissance et le sentiment vont de pair.

 Deuxième temps : dissolution du moi

L’unification entraîne non pas un renforcement de notre idée de nous-mêmes, mais au contraire une dissolution de cette idée. Nous comprenant nous-mêmes, nous comprenons l’autre et nous entrons en communion avec lui. L’autre devient moi-même, les barrières créées par le moi tombent progressivement.

 Troisième temps : l’inconnaissance

L’appréhension globale de la vie et sa compréhension se fait au-delà de la pensée. C’est en effet le voile du mental qui nous empêche de comprendre.

¨  La connaissance du royaume est inconnaissance, parce qu’elle est toujours nouvelle. Le monde spirituel ne peut se découvrir par une méthode, car toute méthode est fondée sur des habitudes mémorisées. Or chaque approche du royaume est nouvelle, indéfinissable et ne peut être revécue. Le problème est de se détacher du mental qui cherche à renouer avec l’expérience vécue.

¨  La connaissance de la vie divine ne peut se faire qu’à travers un nouveau mode de pensée. Ainsi, dans le monde psychique, la liberté est la faculté que nous avons de pouvoir faire des choix. C’est effectivement vrai : Dieu nous a créés libres, dans le sens que nous pouvons choisir de voir ou de ne pas voir le monde comme expression de la volonté divine. Mais la vraie liberté, la liberté donnée par l’accession au royaume de Dieu, une liberté qui n’est pas un concept, mais une réalité vécue, c’est de n’avoir plus à choisir, d’être sans cesse immergé en Dieu et d’y trouver l’épanouissement total, la réalisation de la vie.

¨  La pensée, libérée de toute imagination, devient instrument de l’esprit. Constamment soumise, elle a alors deux fonctions :

.      une fonction d’action : agir dans le monde par la pensée autant que par l’activité physique ;

.      une fonction de communication : exprimer sans le langage habituel l’inexprimable.