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30/01/2019

L'appétence

Il en est de l’appétence comme du dégoût
On va au bout de soi et même plus loin
Dans les limbes engendrés par le désir
Ou par l’euphémisme de l’amertume

Ainsi en est-il de l’appétence de la nuit
Des moments où le monde se déchire
Où l’homme devient brut et possesseur
Remuant les organes des sens et du désir

Seul un filet de raison peut encore le sauver
Et le protéger de rêves délicats et zélés
Qui l’envahissent et le submergent
Jusqu’à éteindre ses envies et folies

Les uns se retournent bouleversés
Par un geste quotidien ou une odeur
Qui les repousse aux confins de l’être
Là où rien n’existe que la convoitise

Les autres redeviennent enfant boudeur
À fleur de peau du manque d’objets
Courant çà et là en recherche
D’une absence qui donne la fièvre

D’autres encore jouent au chat sans souris
Et guettent ils ne savent quoi
En attente d’un bien imaginaire
Jusqu’à la réjouissance finale

Mais combien semblent meilleurs
Ceux qui savent rester impavides
Et contempler sans aucun tremblement
Cette fin expiatoire du mouvement

Ils détiennent la paix et la puissance
Ils n’ont plus l’attirance dévoilée
Ni même le désir sublimé
Des pécheurs redevenus vierges

Ces hommes au front haut et clair
Regardent au-delà de la frontière
Du bien et du mal, vers l’inconnu
Que leur offre leur transparence

Tends la main, avance ton pied
Mais surtout, ne touche pas
Ceux qui ne font plus partie
Du monde de la concupiscence

Regarde ces voyants éblouis
Les yeux ouverts sur l’infini
Et laisse aller ton regard
Au fond de toi, enfin repu

 

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