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19/12/2015

Mouche

Incongrue, elle se tient là, perdue,
Sur une assiette, comme morte.
Vu d’un peu plus près, en se penchant,
Elle vibrionne de toutes ses ailes
Et aspire à grandes goulées
Le jus sucré des restes du repas.

Voici la fine mouche du coche,
Parjure et insaisissable,
Fine mouche volant sur les idées.
Elle t’accompagne dans la nuit,
On ne l’entend pas voler,
Elle te pique l’occiput, mais…
Qui peut lui faire du mal ?

Certains ont peur des mouches :
Ce tas de poils dans mon assiette
Où donc a-t-elle traîné auparavant ?
Sortie d’un manuscrit serré,
Ses pattes deviennent illisibles
A celui qui les tente avec du vinaigre

D’autres les préfèrent sur le visage
En décor inusité et pointe d’asperge
Sur le nez ou la joue câline.
Ce grain de beauté sur le décolleté
Donne des ailes à la gent masculine.
Les mouches les attirent impitoyablement.
Quel aérodrome délicieux, se disent-ils.

Certaines peuvent servir de modèles
Aux bateaux parisiens qui se piquent
De montrer le meilleur de la capitale
En courant d’est en ouest ou inversement.
Artificielles, elles ne sont qu’un appât
Qui attire le touriste au centre de la cible.

La mouche devient indicatrice.
Elle espionne pour le compte d’un autre.
Portée sous la lèvre inférieure
Et dénommée la Royale ou l’impériale,
Cette petite boule de poils renforce
L’ardeur de l’éclaireur ou mouche d’escadre.
Elle ne peut servir à cacher le visage.
Juste faire mouche un instant d’égarement.

Dieu, que d’imagination pour cet insecte
Qui vaque et prend la rage
Sans qu’on ose lui faire du mal.
Mais que vaut-il mieux ?
Disposer d’un chasse-mouche
Ou être piqué par les mouchetiques…

©  Loup Francart

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