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17/08/2014

Le mal et le bien

On oppose sans cesse le mal au bien, comme les deux extrêmes du comportement des hommes, voire de l’univers. On trouve le mal partout. Dans la nature, les cataclysmes viennent et partent sans cesse. Il y a des plantes carnivores et d’autres vénéneuses. Les animaux s’affrontent sans merci pour manger et subsister. Quant aux hommes, il n’est point nécessaire d’en parler : certains pensent qu’ils ne sont que mal et qu’aucun bien n’en sort.

Mais qui d’entre vous a vu le mal personnifié ? De toute chose l’homme attend un bien, même du mal. L’inverse n’est pas vrai. Personne n’attend du bien qu’il produise du mal. Il y a donc une différence notoire entre l’un et l’autre. Le bien supplante le mal parce que du bien comme du mal on attend un mieux, c’est-à-dire un bien supérieur. Les cataclysmes n’ont lieu que pour équilibrer les forces de la nature. Le serpent pique pour se protéger. Le loup mange l’agneau pour subsister. L’homme mauvais ne fait qu’espérer que sa méchanceté lui apporte plus de richesse, de gloire, de pouvoir ou d’autre chose qui sont censés représenter le bien pour lui. L’inverse n’existe pas ou n’est qu’un stratagème qu’utilise le mal pour atteindre un bien. Seule la pensée humaine peut imaginer que le mal personnifié existe. C’est la figure du diable. Il fait le mal pour qu’il y ait encore plus de mal. Il tisse sa pelote par le mal, pour le mal, dans le mal. Mais l’avez-vous vu ?

Le miracle de l’homme est donc cette recherche permanente d’un bien par tous les moyens. Il est attiré par le bien, même si les moyens qu’il utilise sont mauvais. Et seul l’homme est ainsi. Les autres êtres des mondes minéraux, végétaux ou animaux n’ont pas conscience du mal. Ils existent, craignent pour leur vie, cherchent à subsister parce que c’est dans leur nature, voire leur inconscient en ce qui concerne le monde animal. Les animaux ont en effet un inconscient et un conscient, certes beaucoup moins développé que l’homme, mais tout de même. Regardez un chien dormir. Il rêve comme l’homme. Cela se voit à ses gestes inconscients. Regardez tigres et panthères, ils défendront leurs petits jusqu’à la mort. Mais cela ne les empêche pas d’attaquer les petits des autres et d’user de toute sorte de ruses pour en faire leur festin.

Ce qui caractérise l’homme par rapport à l’animal est d’avoir la conscience du bien et du mal. Serait-ce l’acquis qui lui donne ce plus qui est une montagne en soi ou cette conscience est-elle innée ?  Seul un regard sur l’enfant peut nous le dire. Non, ce n’est pas inné. L’enfant prend sans aucune interrogation morale ce qui ne lui appartient pas comme l’animal attaque celui qui est plus faible que lui. La notion de propriété, lié à une réminiscence de bien de la possession, est supérieure à celle de partage. Il agit comme l’animal et celui-ci, s’il s’agit de ses propres enfants, est plus évolué que l’enfant humain.

C’est donc un long apprentissage que celui de la notion de bien et de mal. Passer de la notion de bien au sens individuel qui comprend toutes choses qui comblent son receveur au risque d’entrainer des difficultés pour l’autre, à la notion de bien pour tous qui contraint beaucoup plus le receveur, est une des étapes de la vie la plus difficile à franchir.

Pourtant il existe des hommes qui agissent sans recherche de bien. Le mal pour le mal existe. La haine et l’idéologie en sont le moteur. Disons que dès l’instant où l’homme n’a plus de buts réfléchis, où l’éclaircissement de la raison fait place à l’aveuglement de la rage, le mal peut apparaître dans toute sa froideur et sa cruauté. L’homme en proie à cet aveuglement se fabrique un monde imaginaire qui conspire contre lui-même et sa représentation du monde. Il croît encore chercher le bien, mais c’est le mal qui l’emporte, hors de toute raison.

Alors méfions-nous de nos pensées toutes faites sur le monde et les hommes. Elles peuvent être dangereuses.

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