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13/02/2022

La beauté

La beauté est l'appel du Seigneur !

Ouvre les yeux et vois.

Signes et paroles

La parole permet l'échange, ce que ne permet pas le signe.

L'homme échange et fait valoir ses droits, ce que ne peut faire l'animal.

 

12/02/2022

Intimité

Comme chaque jour, je cours. Cela m’envole la tête, écrase mon égo et oxygène le corps jusqu’à le rendre transparent.

Ce matin, j’arrive devant une maison connue, abandonnée loin du village, toujours fermée sauf l’été. Je contourne un des communs et tombe sur une biche immobile, à tel point qu’elle semble une sculpture plutôt qu’un être réel. Elle est à quinze mètres. Elle me regarde et ne bouge pas. Je m’arrête et fais de même. Nous nous regardons, deux êtres, seuls au monde. Plus rien n’existe, seuls, elle et moi. Elle ne s’affole pas et reste impassible. Cela dure une minute, deux minutes.

Puis, elle se met à vivre. Elle se lèche le flanc, caresse quelques mèches de son dos, comme si je n’existais pas. Elle est seule au monde, dans un instant de solitude heureuse, accomplissant ses gestes avec sérénité. Elle est tout entière à son animalité, belle d’innocence.

Elle ne bouge toujours pas. Elle regarde soudain. Je ne bouge pas. Nous nous regardons, sans un bruit. Alors, elle se couche dans l’herbe et semble me dire : je n’ai pas peur. C’est ma vie, pleine et entière, faite d’instants de recueillement devant la beauté de l’univers. Fais-toi transparent toi aussi.

Soudain, en un éclair, elle se lève et fuit, comme tout animal surprit dans sa vérité, trois ou quatre minutes de communion naturelle, dans un moment hors du temps.

11/02/2022

Croire et expérimenter

Je sais, et non je crois, parce que Dieu me laisse l'expérimenter.

La foi, non par croyance, mais par expérience.

10/02/2022

Cauchemar

Un pas en avant, deux pas en arrière…
Il ne sait plus où il va, ce qu’il fait
Un poids sur le nerf optique, progressif    
Écrase son enthousiasme. Il se redresse
Et crie d’une voix forte :

Fuyez, hommes et femmes
La fin des temps est venue !
Découvrez-vous,
Marchez nus
Et partez !

09/02/2022

Lassitude

Lassé du monde, il se réfugie en lui,
Là où rien ne peut l’atteindre, même pas lui.
Noyé dans l’absolu, il divague et se perd.
La broyeuse s’égare et passe. Plus rien…

Ne reste qu’une poussière… De quoi ?
Il tâte, secoue le sable. Mais rien ne vient.
Un léger nuage de cendres s’échappe,
Cela sent le vieux, la pourriture, la fin.

Dieu, rien ne va plus. La joie doit éclater.
Souviens-toi, hier encore, tu courrais au soleil,
Le corps raffermi, la jambe vaillante. 
Tu riais de bonheur et tu vivais réellement.

Secoue-toi, ouvre les yeux, appuie-toi sur moi.
Mets tes lunettes d’optimisme et ris...
Il est, loin de toute noirceur et odeur.
Il plane sur les eaux en toute sérénité.

08/02/2022

Hauteurs, toujours

Commence aujourd'hui un nouveau livre, carnet de voyage au fil des voiles et de la fournaise, paysage sublime dessiné d'une main experte au fil de jours d'errance.

 

Clochers, tours, campaniles, beffrois
Tous se dressent devant les visiteurs
Campés sur leur socle élevé, fortifié
Ils écrasent l’égo de leur ombre exaltante

A leur pied, l’homme de tous les jours
La vie grouillante, trépidante 
Millions d’insectes affolés et bruyants
Que seule la vie atteint en désordre

Le doigt levé, empli de sagesse
Ils occupent l’espace à la verticale
Veillant sur leurs occupants
Détachés de tout partie pris 

Écrasée de sculptures évaporées
La hauteur prend sa mesure dégingandée
Dieu te regarde à la loupe, au loin
Et embrase la visite de feux d’or

07/02/2022

Instant

Quel jour ! Il s’oublie lui-même.
Il va, il vient, puis repart,
Avant de revenir.
Il n’est plus lui-même.
Sait-il même qu’il existe ?

Il est parti le nez au vent,
Ouvrant ces yeux de verre,
Tenant sa canne d’acier,
Écoutant ses ardeurs renouvelées,
Caressant le vent léger.

Son double l’accompagnait.
Elle se taisait, marchant près de lui.
Devançant leurs pas et leurs pensées,
Ils allaient vers la gloire, ensoleillés.

Ils marchèrent jusqu’à la mer.
L’un derrière l’autre, heureux.
Ils se regardèrent, tremblants,
Le cœur battant, l’œil humide.
Encore un pas, ou deux et même plus.

Ils s’arrêtèrent sur la plage.
Surpris par la chaleur du sable,
Ils n’avaient pas de bagages,
Ni même de quoi écrire.
Comment dire ce qui leur tenait à cœur ?

Tant pis, partons, fit l’homme.
Ne me quitte pas, fit la femme.
Ils s’embrassèrent avec tendresse
Avancèrent jusqu’à l’eau
Et tendirent ensemble le pied.

C’est froid, dit-elle. Oui, répondit-il.
Ils entrèrent dans le glaçon,
Inattentifs à la morsure.
Ils avancèrent, main dans la main, 
Jusqu’au cou. Ils avaient la même taille.

Adieu, dit-il, la voix étranglée
Au revoir, répondit-elle. À tout à l’heure !
Ils firent un pas, puis deux,
Se regardèrent, s’embrassèrent
Et sans plus attendre, avancèrent.

Ainsi vécut l’amour.
Une ombre entre deux mains,
Un baiser sur les lèvres,
Tendus vers l’humanité,
Souriant aux autres !