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10/10/2021

Sur le fil du rasoir

Chacun de nous est toujours sur le fil du rasoir
Tantôt à gauche, tantôt à droite, jamais sur le fil
Jusqu'au moment où il franchit la frontière
Oh, misère, attention aux pieds : ça coupe !

Peu se rendent compte de ce passage
Ils n’ont pas conscience du changement
Ils avancent les yeux ouverts sur le monde
Sans savoir ni ce qu’ils sont ni où ils vont

Ils marchent comme les caméléons
En tenue camouflée, levant le menton
Regardant l’autre avec dédain et condescendance :
Qu’est-il cet autre qui me ressemble ?

Sous la torture de la pensée et des émotions
Ils regardent à leurs pieds, les mains tendues
Ouvertes sur le rien de ce qu’ils savent être
Qui partira un jour dans le vent de la défaite

Entre en toi-même, se disent-ils sérieusement
Mais ce toi-même, qu’est-il, où va-t-il ?
Ils errent en marchant sans pouvoir s’arrêter
Et regarder le désastre derrière eux et en eux

 

09/10/2021

Possession

L’inculture gagne du terrain
Qu’est-ce qu’un vers et une strophe
Au regard de ferrailles et de pierres
Rien qu’un amas fragile et sans consistance

La pensée n’est qu’un éclair dans la nuit
Bien vite perdue dans le toucher invisible
De souvenirs ou de sentiments
Ou encore de fureur et de dénégations

Que pensent les infirmes dépités
Les ensorcelés de l’amour
Les enivrés de notes claires
Les caressants aux mains fortes !

Seuls comptent le ferme et le décisif
Que l’on tient dans sa poigne acerbe
Tel l’avide qui serre autour de lui
Ses possessions emprisonnées

Quelques souvenirs hantent également
La mémoire de ceux-ci, parfois
Dans une résurgente recherche
D’aventures et d’inconnus rares

08/10/2021

L'étouffoir

Retour à l’intériorité ouverte…
La sincérité est une vertu
Elle conduit les hommes au franc-parler
Et garde les cœurs purs

Qui ose dire ce que tous pensent tout bas !
Seuls quelques êtres crient dans le désert
Mais où se trouvent la vérité ?
Ne rien dire ne sert à rien

Parler non plus, disent les autres
Respectons le politiquement correct !
Plus rien n’exprime la vérité
Qui se cache derrière le masque

Le groin du silence s’épanouit
Que rien ne bouge dans l’allée du pouvoir
Laissez les consciences à leur place
Ne bougez pas l’équilibre précaire

Muselez vos propos sans bruit
Que vos cœurs soient vierges
Plus tard, peut-être pourrons-nous dire
Ce que nous avons vécu : l’étouffoir

05/10/2021

Anniversaire

Toi, seule dans la foule des récipiendaires
Les yeux ouverts sur la vie et l’amour
La main sur le cœur et le cœur en bandoulière
Tu marches parmi tes souvenirs, heureuse

Lorsque nous nous sommes unis
Toi, belle comme une colonne d’airain
Moi, te contemplant, émerveillé
Notre dernière heure est apparue

Nous avons fait un vœu de longévité
Toujours près l’un de l’autre
Caressant notre rêve d’infini
Deux en un, un parmi les autres

Et la vie passe… Entre nous
Toi toujours présente, là et ailleurs
Près de la beauté des souvenirs
Jusqu’au bout du monde, un et deux à la fois

04/10/2021

L'écriture

Tous rêvent, l’écriture les prend…
Mais elle a plusieurs manières de chasser
Dont l’une des plus courantes :
S’installer dans le rêve de l’écrivain

D’autres s’essaient à quelques pas
Mais ils ont oublié leurs chaussures
Et les petits cailloux sont multiples
Ils ne peuvent les déplacer

Auparavant, la mémoire était essentielle
C’était une poche extensible et chère 
Gonflée de mots, puis de chiffres
Une mer troublée et prolifère  

L’imprimerie a tout bouleversé
Le doigt remplace l’oral défaillant
Sur un support non destructible
Et permet de conserver l’histoire

Mais pour écrire la vie
Rien de mieux qu’une machine
Qui trace sans distinction
L’imagination débridée et puérile

De nos jours, ce n’est qu’une petite boite
Que l’on transporte avec soi
Et que l’on chérit, car sans elle
Il ne reste rien que l’on puisse lire

Donc, écrivons sans vergogne
Salissons-nous les doigts
Essuyons-les dans nos mouchoirs
Et comme Pilate lavons-nous les mains

Mais quoi écrire ? La vie n’est pas 
Un long fleuve tranquille et rêvé
Elle s’écoule chaque jour petitement
Mais fini bien en fleuve déchaîné

Un jour, le fleuve devient mer
Après avoir franchi monts et collines
Ruisselé dans les vallées
Et pleurer dans les lacs

Ce peut devenir un livre merveilleux
Ou un torchon infâme et vénéneux
Cela ne dépend pas seulement de l’auteur
Mais aussi du lecteur attentif

Ainsi pour écrire il faut être deux
Un jour ou l’autre, être lu
Et poursuivi de pleurs et de rires
Malgré l'intention de l’auteur