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17/09/2016

Queue

Ils étaient là depuis trois-quarts d’heure
Pressés les uns contre les autres
Personne ne voulant céder sa place
Et la queue s’étirait, mollement

Mon voisin écoute nos conversations
L’oreille en capuchon, le nez en vrille
Qu’a-t-il reconnu qui l’ait fait trémousser
Un reste d’affection ou d’opprobre ?

Je me  retourne, c’est long
Long comme un jour sans pain
Les têtes dodelinent, sereines
Et boivent leur inquiétude, sans fin

Une femme avance et longe le cordeau
Elle marche à pas menus, sans bruit
Mais déjà les cris s’élèvent
A la queue, mécréante et tricheuse

Elle trouve une autre femme
Et lui parle, mine de rien
Et celle-ci entre dans son jeu
Et l’agrège en catimini

L’homme rase les murs, col relevé
Il a pris son parti et plaide
J’ai tout tenté et n’ai rien
Où donc puis-je aller ?

La queue n’a pas de cœur
Elle n’a que des émotions
Elle coure sur place sans mot dire
Et fuit toute forme de civilité

On avance, oui, on avance
Vous faite un demi-pas, devant
Et deux sur le côté, bouche-bée
Pour retrouver votre équilibre

Oui, une queue c’est un calvaire
Qui s’enroule autour de la croix
Et rompt de toute part
Le ciment de la civilité

©  Loup Francart

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