22/06/2013
Frantz et Clara, roman de Philippe Labro
Chaque jour, elle vient prendre son déjeuner au bord du lac, sur un banc. Elle fait partie d’un orchestre. Elle tente d’oublier un amour qui a mal fini. Elle se sent seule, triste, presque déprimée. Elle est en attente, mais elle ne sait de quoi. Ce jour-là, le banc est occupé. Elle hésite, mais s’assied néanmoins.
– Ça ne vous dérange pas, j’espère, si je partage votre espace. Je suis bien conscient d’être arrivé ici avant vous aujourd’hui, mais je sais parfaitement que ce banc vous appartient.
Cette interpellation l’intrigue, venant d’un enfant de huit ans parlant comme un adulte. Ils parlent. Ils se retrouvent le lendemain, puis les jours suivants. Elle lui raconte en partie sa vie : la mort de son père, la découverte de l’amour avec un homme plus âgé, sa déconvenue lorsqu’il l’abandonne. Il lui parle du vide :
– Moi, quand je vais mal, j’essaie de tout éliminer. Je concentre ma pensée sur une seule chose, pour tout nettoyer et pour arriver à un océan pacifié.
– un quoi ?
–Une eau calme. Moi, mon idée, c’est d’arrêter ma pensée sur une seule chose et de ne plus l’abandonner un instant : un oiseau, une fougère, une pierre, un visage aussi, mais une seule chose ! et on s’enfonce dans le calme. Pour parvenir au vide. C’est possible…
Un jour, il lui déclare son amour. Elle rit. Il est trop petit. Elle lui répond :
– Frantz, oui, je me suis prise d’affection pour toi et tu es précieux dans ma vie, tu es devenu un ami, nous sommes deux amis, sans aucun doute. Les amis s’aiment, il n’y a pas de grande différence entre l’amitié et l’amour. (…) Il existe entre toi et moi une barrière que tu n’as pas encore franchie. Ne m’en veut pas de te le dire. Je peux difficilement l’exprimer d’une autre manière. Ne m’y oblige pas.
Elle a repris des forces, plus ou moins oublié l’abandon de son amant et pense maintenant à se donner une carrière de soliste. Elle quitte Lucerne et dit adieu à Frantz.
Dix ans plus tard, à Boston, elle retrouve, un grand jeune homme, fort et toujours aussi beau parleur. Ils se parlent, elle renonce à un diner avec les autres musiciens. Il la raccompagne à son hôtel. Ils entrent. Ils se sont trouvés.
– On ne peut pas savoir s’ils vont faire l’amour. Et s’ils le font, on ne pourra dire si cela se renouvellera plusieurs fois dans la nuit. Il se pourrait qu’il ne se passe rien entre eux. Mais il est permis d’en douter.
Oui, c’est vrai, l’histoire est un peu fleur bleu et même un peu simplette. Mais l’histoire seule compte-t-elle dans un livre ? La manière dont elle est comptée, les réflexions qui l’accompagnent sont en réalité le vrai sel du récit. C’est donc un livre plaisant, bien écrit, parfois amusant, pourvu de réflexions intéressantes. Il ne faut cependant rien en attendre de plus.
07:17 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature | Imprimer
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