06/12/2011
Les yeux fermés : voyage
Les yeux fermés, le cerveau clos,
Roulements aigus des boggies sur le rail,
Avec le claquement plus sec des aiguillages,
Eclairs palpables des arbres devant le soleil,
Grattement d’une joue irritée par le dossier,
Une main alanguie reposant sur la cuisse,
Les pieds fouillant d’autres pieds, sous la table,
Odeur de jambon beurre en fond de tableau,
Rires étincelants de groupes s’ennuyant,
J’ouvre lentement des paupières alourdies
Sur un défilement de champs à rayures,
De bois à tronçons et d’étangs à la surface gercée.
L’horizon s’affaisse, éperdu,
En grandes taches sales et perverses
Pour proclamer l’envie d’un repos mérité
Taches aussi des vaches dans les prés
Comme des champignons sur le green
D’un golf imaginaire et mouvementé
Des voisins très sains, aux reins solides,
Qui devisent éperdument en solitaires
Jusqu’au sourire d’un regard lointain
Perdus dans leur monde déconnecté
Plus rien ne vient
Du tout à l’horizon
Empreinte commerciale
Des contrôleurs désabusés
Jusqu’à la gare noire
Le débouché aveuglant
Sur un parvis de voyageurs
Et de voitures ensablées
Patinant entre les corps
Circulant sur le chemin
Du retour éternel
Aux pistes inconscientes
D’une enfance heureuse
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture, poème, poésie | Imprimer
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