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14/04/2020

L'intention

Ce qui compte n’est pas ce que l’on fait,
mais avec quelle intention on le fait.
Essaye-toi à tous les métiers,
Fouille toutes tes possibilités d’action,
Mais avant tout contente-toi simplement d’agir
Sans jamais t’enorgueillir de ce que tu fais.
Sois détaché, dédouble-toi,
Regarde ton moi agir, mais reste dans le soi.

©  Loup Francart

26/07/2016

Les deux réalités de l'homme

L’homme se trouve citoyen de deux mondes : celui de la réalité existentielle, bornée par le temps et l’espace, accessible à la raison et à ses pouvoirs, et celui de la réalité essentielle, qui est au-delà du temps et de l’espace, accessible seulement à notre conscience intérieure et inaccessible à nos pouvoirs. La destinée de l’homme est de devenir celui qui peut témoigner de la Réalité transcendantale au sein même de l’existence.

Karlfried Graf Dürckheim ; La vie Spirituelle, N°592, 1972, p.734.

 

Une telle distinction semble de nos jours purement spéculative et surannée. L’existence semble à tous bien réelle et sans besoin d’autres qualifications pour définir l’homme. C’est  sans doute là que se trouve les problèmes de l’humanité depuis le XXe siècle et la désespérance de l’homme. Pourtant cette préoccupation permanente de l’homme  de se connaître pleinement ne date pas d’hier. Déjà Aristote écrivait : « Qu’est-ce que l’être ? Ce qui revient à s‘interroger sur la substance. » (Métaphysique, Z, 1, 1028 b 5) et, suivant les interrogations de Platon, sa recherche porte sur l’essence et non sur l’existence, car l’existence doit métaphysiquement être pensée par rapport à l’essence qui la rend intelligible. Pour Aristote, l’essence est l’être possible et l’existence l’être réel, ce qui revient à dire que l’existence d’un être est fonction de son essence.

L’essence d’un être, c’est ce qu’il est vraiment, ce qui fait qu’il est ce qu’il est. Malheureusement, peu d’hommes s’interrogent sur leur être propre. Seules les intéressent les événements de la vie et non la vie elle-même. C’est d’ailleurs pour cela qu’à partir du XIXe siècle, les philosophes disent que l’existence précède l’essence. Ai-je un centre qui se trouve au-delà de l’espace et du temps ? Puis-je y accéder ou, au moins, en avoir le pressentiment ? C’est toute la différence entre une religion pourvue d’une vision dogmatique et un constat d’expérience spirituelle qui est le seul vrai événement qui transforme la vie. Maître Suzuki  explique : « Le savoir occidental regarde vers le dehors, la sagesse orientale vers le dedans. Mais si l’on regarde en dedans comme on regarde en dehors, on fait du dedans un dehors. » A condition cependant, que ce regard ne soit pas un regard rationnel, sinon l’on se contente du savoir des psychologues qui ne voir dans le dedans qu’un dehors à analyser.

Alors revenons à ce que nous dit Karlfried Graf Dürckheim. L’homme ne peut agir sur son essence, son problème est simplement de la découvrir.  C’est l’idée de la conversion (con-vertere), du retournement, de la renaissance intérieure. Elle survient après une expérience spirituelle telle celle que vécut Ionesco : « J’avais dix-sept ans, je me promenais un jour dans une ville de province, au mois de juin, le matin. Tout à coup, le monde m’a paru transfiguré, de telle façon que j’étais pris d’une joie débordante et que je me disais : maintenant, quoi qu’il arrive je sais. Et je me souviendrai toujours de ce moment-là. Ainsi, je ne serai plus jamais entièrement désespéré. » C’est ce que Dürckheim appelle l’expérience de l’Être : « Nous nous sentons alors soudain dans une ambiance étrange. Nous sommes entièrement présents, totalement là, et, malgré tout, nullement orientés vers quoi que ce soit de précis. Nous nous sentons d’une façon toute particulière, comme sans aspérités, lisses et harmonieux à l’intérieur de nous-mêmes et tout à la fois ouverts. Grâce à cette ouverture, une plénitude profonde émerge. Nous sommes à la fois absents et présents, débordant de vie. Nous sommes unis à tout, mais détachés de tout. Nous nous sentons incroyablement guidés et pourtant libres et affranchis de toute obligation ; pauvre dans le monde mais comblés de richesse et de puissance intérieure. » (Dürckheim, Pratique de la voie intérieure, Paris, 1968, p.31).

Alors, faisons silence en nous-mêmes et ouvrons-nous à ce vide qui remplit tout.