21/04/2016
Avoir, être et faire
En philosophie, comme en spiritualité, on oppose souvent l’être à l’avoir, et on donne la préférence à l'un ou l'autre. Ce serait des choix fondamentaux de vie, les uns tendant vers un avoir toujours plus important, les autres recherchant un être toujours plus accessible à lui-même.
En réalité, l’homme a besoin de ces deux pôles pour, dans un premier temps, exister en tant qu’être humain avant de comprendre que ces deux tendances ne sont que des apparences qu’il faut dépasser pour devenir pleinement humain. Le moteur de cette transformation tient au faire. Selon ce que l’homme fait, il penche vers l’avoir ou l’être. Le faire comprend l’ensemble des activités humaines dans l’univers. Chaque homme a une contribution à payer pour atteindre l’harmonie entre lui-même et le monde. Le faire peut incliner vers l’avoir comme il peut incliner vers l’être. Mais dans tous les cas, il lui faut faire pour développer l’un ou l’autre.
Mais est-ce le but de la vie ?
Sûrement pas ! Lorsqu’il considérera qu’il a suffisamment fait, il lui faudra apprendre à défaire en lui, c’est-à-dire à contempler plus qu’à participer. C’est le temps de l’âge mûr ou de la vieillesse. Comme Dieu s’est arrêté le septième jour pour contempler son œuvre, l’homme doit également prendre le temps de contempler sa vie et de se détacher de ce qu’il a accompli. Cette déconstruction est nécessaire pour aborder avec sérénité sa fin de vie. L’allégement, le détachement, l’inconnaissance doivent devenir une préoccupation de plus en plus importante. C’est le passage à l’anti-avoir, anti-être et anti-faire. Ce passage est rarement évoqué par la littérature, la philosophie, la spiritualité, en particulier occidentale. Les civilisations d’Extrême-Orient s’en préoccupent plus à travers le confucianisme, le zen et autres moyens de maîtrise de l’existence. Ce passage du plein au vide est difficile, d’autant plus qu’il peut être presque instantané ou assez long. C’est bien ce que veut dire le mot retraite qui, somme toute, est assez signifiant.
La retraite n’est pas un temps de repos. C’est un temps de maturation, d’agrégation de tout ce que chacun a accumulé. Il faut apprendre à se défaire de l’avoir ou de l’être pour jouir pleinement de sa vie et voir la lumière non dans son faire, mais grâce à son non-faire.
C’est peut-être tout simplement cela, l’humilité !
07:26 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité, phiulosophie, accomplissement de soi, inconnaissance | Imprimer