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24/10/2021

Sur le fil du rasoir (14)

Chaque jour, des dizaines d’humains naissent
Pourquoi ? Pour satisfaire la curiosité malsaine
De deux individus en mal de sensations
Mais que cherchent-ils au fond d’eux-mêmes ?

Les uns se retrouvent sans personne à titiller
Les autres ne veulent plus se voir, même habillés
D’autres encore s’imaginent dénués de pudeur
Enfin, quelques-uns se laissent aller, par paresse

Pas un seul d’entre eux ne décide de relier ensemble
Masculin et féminin pour partir en voyage
Rien ne les atteint, ils s’enferment dans le silence
Et ne disent mot à quiconque, même à eux

Mais qui sont ces individus qui déclament
Une haute expression d’eux-mêmes
Ils se voient étant obéissants jusqu’à la mort
Sans l’ombre d’un jugement chaleureux

Allez donc vanter leurs mérites endiablés
Qu’ont-ils fait de mieux que les autres ?
Ils se sont regardés dans les yeux
Et ont puisés dans leur réserve de vie 

23/10/2021

Sur le fil du rasoir (13)

Mieux même, ils vont plus loin
Là où les convenances interdisent
Toute description de ce qu’ils font
Sinon qu’ils s’aiment à l’envi

L’un ou l’autre (lequel ?) empoigne l’être
Celui qui sait ou fait semblant
Et l’embarque dans une danse
Qui donne à chacun son ultime valeur

Voir les corps s’enlaçant, proches
 Si proches qu’on ne sait plus
Qui appartient à quoi, à toi ou à moi
Quel bonheur de ne pouvoir les dissocier

La longue chevelure des femmes
S’emprisonne dans le rapprochement
Le balai efficace des hommes 
Restaure la foi du charbonnier

De cet ensemble hétéroclite 
Naît le germe du rapprochement
Un oisillon dénudé qui ne dit mot
Mais qui n’en pense pas moins

22/10/2021

Hélicéchappée 17

 

14-01-26 Hélicéchappée 17.jpg

Écrase mon pied

Ne laisse qu'une place

où j'existerai enfin

 

21/10/2021

Sur le fil du rasoir (12)

Ainsi va la peur d’être dépassé
Jusqu’à présent, tout allait bien
Les carottes cuisaient tranquillement
Les hommes vaquaient à leurs occupations

Les femmes couraient de-ci de-là
Chacune attachée à sa casserole
Les enfants piaillaient sans dire pourquoi
Le reste (qui ?) était étendu au sol

Quand tout à coup survint le bruit
Il n’était pourtant ni fort ni impressionnant
On aurait cru la plainte d’une hirondelle
Ou, peut-être, l’agitation d’un lézard

Mais cela prit de l’ampleur, vivement
Où donc avez-vous entendu ce vacarme
Certainement ni chez vous ni chez nous
Ni même dehors, au bal ou au poulailler

Trois vivants réels s’en prenaient à toi
Ils portaient le poids du monde
Et ne quittaient jamais leur verre d’eau
Buvant sans férir des litres et des litres

Le rasoir finit par s’émousser
Les hommes et les femmes, tous ensemble
Passaient de l’un à l’autre mollement
Et finirent au milieu, dans la boue

Enfin, l’arc d’airain est vaincu
Plus jamais il ne coupera la main
Au donateur indigent et velu

Depuis, hommes et femmes s’embrassent

20/10/2021

Pictoème

 

ETOILE 5.jpg

Va et cours, l'enfant

l'ombre attachée à l'être

ne s'envole pas

19/10/2021

Sur le fil du rasoir (11)

Elle partit un jour vers de lointains pays
Là où rien n’est attendu, où rien ne survient
Bien qu’on l’ait espéré ou même envié
Rien ne vient et tout est là, sous tes fenêtres

Elle avance à pas menus, la tête penchée
Regardant l’ombre de mes suivants assoiffés
Tend la main décharnée et se plonge
Dans une méditation qui empoisonne l’avenir

Mais qu’est-elle, cette maniérée douce
Débordante de vitalité et d’énergie sauvage
Qui, d’un regard innocent, règle ses pouvoirs
Sur la façon dont elle te voit et te pèse.

Adieu petite, l’ombre de ton indétermination
Continue à frapper mes oreilles attentives
Tu erres en pirate sur tes rêves et cauchemars
Et va, de plus, les yeux fermés d’aise et d’espoir

Mai rien ne se passa comme prévu, immobile
Tu encensais tes déboires, les regrettant
 Jusqu’au jour où tu perçus la caresse
D’un jour nouveau si différent des autres jours

Ah, mourir sans savoir ce que tu caches dans ta main
Ouvrir patiemment tes doigts de rêve
Et voir ton sourire épanoui s’élargir de joie
Tu me donnes la vie et la mort en un même mouvement

 

18/10/2021

Sur le fil du rasoir (10)

Enfin, par hasard, vint le grand escogriffe
Il apparut un jour de marché, l’air fatigué
Errant de ci-delà jusqu’à ce que son regard
Fut attiré par l’insolite d’une jeune fille

Que diable, cette personne vaut l’or des Caraïbes
Regardez ce cou incurvé et cette main volante
Elle va et vient devant les gens innocents 
Et s’empare modestement des trésors enfouis

Un sourire de douceur vous prend le cœur
Et vous conduit à concéder l’innommable
Changement de mains et changement de pieds
Un ordre nouveau s’établit hors des apparences

Le galop n’est plus ce qu’il était, tranquille
Il devient un bouillonnement intérieur
Une cascade de rires et de baisers
Sur le marché des hommes affables

S’empare de tous la folie de la joie
Une danse incertaine et bredouillante
L’ombre d’un autre monde perdu
Qui jette un regard condescendant

Cours, cours au regard de la fille
Montre-lui ton apparence et ta réalité
Met dans des yeux une escarbille
Et enfouit tes lèvres dans son cou

Le monde n’est pas ce que tu crois
Un mystère plein de vide et d’odeur
Une cloche qui résonne d’aisance
Et va danser vivement au loin

C’est un puits discret et chaleureux
Caché au fond des cèdres, à l’ombre
Comme une lumière enchantée
Qui ne se montre qu’aux frileux

Sur le fil du rasoir (9)

Enfin, vint le jour où les hommes découvrirent
La faillite de leur pensée extrême : rien ne va plus
Un seul mal à cet étrange ballet : le trou attire
Et rien n’attire autant que l’aspiration indéfectible

Attirer par le rien, les croyants se mettaient à penser
Qu’une autre voie était probable et possible 
Ils erraient, incertains, au-delà du mal
Et rêvaient d’un ciel plus pur que le brouillard

Rien ne déviait les hommes d’un droit chemin
Allant au but ultime, comme une ligne à suivre
La voie du juste milieu, rompue à assumer
L’équilibre entre les maux incorrigibles 

Soit, tu tombes dans le vide inexistant
Et tu ne sais où tu vas et quel avenir t’habite
Soit, tu t’engages vers un mariage forcé
Sans savoir où tu vas et ce que tu deviens

Au milieu il y a le vrai, le fil du rasoir
Que tu ne vois pas et qui te prends
T’entrainant dans son sillage bouillonnant
Vers un pays inconnu, en des lieux inexistants

Plus rien n’y est comme avant, autrefois
Quand les poules avaient des dents
Et qu’on sautait à la corde avant de choir
Épanoui sur ordre du qu’en dira-t-on

Sur le fil du rasoir (8)

Toujours cet élan qui inspire et dilue
Et cette retenue automnale amaigrissante
Qui retient l’être dans son étroit rôle
Revenu aux temps anciens du blanc et noir

Où donc se situe cette ligne qui semble imaginaire
Que l’on enjambe à la va-vite et qui pousse
Les vivants à poursuivre un être de sens
Qui donne à chacun espoir et nouveauté

De quel côté es-tu, toi l’imagier perclus
Qui erre dans ce monde sans formes ni couleurs
Jusqu’à voir, au-delà de la vue ténue
L’ombre de la cavalcade déjantée

Il va, engoncé dans son arrogance 
Passant et repassant sans préparation
Au-dessus de la ligne d’or et de pourpre
Sans comprendre l’importance de son existence

Marche toujours, raide et entière
Sans la chaleur de ton inquiétude
Sans savoir où tu mets les pieds
Et avance dans l’ignorance de ton avenir

Adieu petite, rentre tes blancs manteaux
Et ton altière combinaison de rats
Va au-devant de ton obscure destinée
Et comble de bonheur tes augustes parents