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04/03/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (2)

Les femmes se changèrent sous la toile du chariot. Le capitaine revêtit son grand uniforme derrière un arbuste. Il accrocha son sabre au ceinturon en pensant à Sucre, la ville où il était instructeur il y avait encore quelques jours. Là-bas, le sabre était un ornement plus qu’un outil. Dorénavant, ce serait un bien précieux servant à défendre sa ville et sa famille. Encore une fois, il s’inquiéta pour sa femme et ses filles. Le gouvernement contraignait les officiers à emmener leur famille dans leur garnison, même sur la frontière. Que diront-elles lorsqu’elles verront ce petit bourg, presqu’un village, avec une place sans charme et ses maisons sans étage ?

Lorsque la famille fut prête, le capitaine reprit la tête, suivi du chariot portant tous ses biens, femmes et bagages. Il se rappelait sa convocation devant le Colonel : « Capitaine Barruez, vous êtes nommé à San Pedro de Atacama, sur la frontière chilienne. Vous partirez demain, car ils n’ont plus de capitaine. C’est un grand honneur qui vous est fait. Je suis convaincu que tout se passera bien et que vous défendrez notre frontière avec détermination. Alors, bonne chance. Allez prévenir votre famille et faire vos bagages. Il vous reste peu de temps et le voyage est long d’ici à Calama où vous vous présenterez à votre nouveau chef, le Lieutenant-Colonel Daruega. Au revoir, Capitaine. » Même pas un remerciement pour les deux années passées sous ses ordres. Le Colonel n’était pas un mauvais chef, mais il ne faisait guère preuve de sentiment. Il lui avait cependant donné une carte du désert d’Atacama et un plan de la petite bourgade. Le capitaine s’était familiarisé avec la topographie, très simple dans un pays relativement plat bien qu’entouré de massifs volcaniques,  mais n’avait pu avoir une idée claire de la réalité de la vie dans ce pays désertique. Il avait prévenu Emma, sa femme, avant que les enfants ne rentrent du collège. Elle avait versé quelques larmes, sachant les amies qu’elle perdait et connaissant les dangers à la frontière chilienne. Elle s’était vite reprise et avait su communiquer la joie feinte d’une nouvelle affectation à ses filles surprises et dépitées.

– Mais Maman, qu’allons-nous faire dans cette bourgade perdue dans le désert ?

– Eh bien, vous ferez connaissance. Il y a surement des gens très agréables et des jeunes de votre âge dans cette ville.

– Et si la ville tombe aux mains des Chiliens ?

– Cela ne risque pas d’arriver. Vous connaissez votre père. Non, aucun problème.

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