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27/11/2016

Rupture ou glissement ?

Chaque période de vie se démarque de la précédente par une rupture ou un glissement ; rupture par la cessation brutale d’une activité qui a été au centre de votre vie pendant un certain temps ou glissement par un désintérêt psychologique de cette activité.

La rupture a l’avantage de vous obliger à vous poser la question de ce pour quoi vous vous passionnez. C’est une période de gestation difficile, car elle est le plus souvent due à un événement indépendant de votre volonté. La vie vous coupe de votre intérêt et même de votre passion pour quelque chose que vous avez pratiqué à fond, en y mettant le meilleur de vous-même. En un instant, rupture. Votre élan est cassé par la volonté d’un homme ou d’un système qui ne vous permettent plus de pratiquer ce que vous avez considéré comme une des clés de votre attention à la vie. Il faut alors avoir le courage de vous reconstruire, de rebâtir une nouvelle vie, différente, autre, dont vous ne savez bien sûr si cela va marcher, c’est-à-dire vous remplir pleinement d’une même passion que celle que vous aviez précédemment. Il faut que vous repassiez par toutes les étapes de la rage, puis de la dépression, puis de la remise en cause et enfin de la naissance d’un autre pôle d’intérêt en vous-même. Cela peut durer, de quelques semaines à plusieurs mois, voire même plusieurs années. En fait, tout dépend de votre aptitude psychologique, intellectuelle et physique à changer de vie. Vous êtes devant un vide qu’il vous faut combler par une nouveauté dont vous ignorez tout. C’est en fait une période magnifique, une renaissance de votre être, l’ouverture d’une nouvelle porte qui, par le seul fait d’être totalement à construire, devrait vous motiver au mieux. Mais il faut dans le même temps vous départir de votre ancienne passion, vous désolidariser de vos connaissances, vous ouvrir à l’inconnu et y trouver une place, ce qui demande effort et ténacité. Pendant longtemps vous demeurez abasourdi devant le vide de votre cerveau qui n’est plus asservi par des préoccupations quotidiennes. Rien. Le blanc et parfois le noir. Pas de couleurs, pas de joie et pas de montée cardiaque. La vie devient un long fleuve, pas tranquille du tout. Vous êtes sur votre radeau de survie et vous vous en allez au fil du courant, sans contrôle aucun. Vous regardez la rive qui défile devant vous sans pouvoir vous arrêter et y participer.

Dans d’autres circonstances, l’ancienne vie, qui était rassurante, s’efface peu à peu par un changement plus subtil des conditions qui vous environnent. Vous continuez à vous accrocher à vos habitudes, mais le paysage change subtilement. Vous le déplorez bien sûr, mais peu à peu vous constatez l’inanité de vos efforts pour poursuivre ce qui vous a passionné pendant un temps. C’est le cas, par exemple, de votre vie de parent. Il vient un moment où les enfants ont droit à votre respect de les laisser vivre leur vie, même si, éventuellement, ils le regretteront plus tard. Vous passez du rôle de conseiller (pour les aider à choisir) à celui d’assistant (pour faciliter la mise en œuvre de leur choix). Rien n’a changé. Vous êtes toujours parent, respecté par vos enfants. Mais une nouvelle étape se met en marche, dans laquelle votre attitude doit devenir différente sous peine d’entraîner des difficultés qui n’existaient pas jusqu’à maintenant. Ces glissements sont essentiels à la compréhension de la vie et à son bon déroulement. Là aussi, la cécité peut vous prendre. Vous ne voyez pas cette évolution impérative et vous cherchez à vous maintenir dans cet état de bien-être dont la facilité est la caractéristique première. Vous risquez alors, à force d’attendre, une rupture qui sera finalement plus dure que celle dont nous avons parlé précédemment, parce que due à votre propre inconscience des évolutions. Il arrive également que vous-même vous désintéressez progressivement de ce qui vous passionnait auparavant. Lassitude, train-train, impossibilité d’aller plus loin, manque de motivation. Oui tout cela peut vous conduire, un jour ou l’autre, à vous poser la question d’un changement que vous retardez bien sûr, car le confort intellectuel ou même physique est prégnant.

Finalement, loin d’être un long fleuve tranquille, la vie est une remise en cause permanente de ce qui vous y attache. Elle est pleine de pics et de faux plats. Il faut du temps pour en prendre conscience. Ils sont d’abord subis difficilement, qu’ils viennent d’une rupture ou d’un glissement. Puis il vous appartient de les prévoir, voire de les anticiper. Ce n’est qu’alors que vous prenez votre vie en main. Oui, la vie est à construire en permanence, d’abord volontairement en se donnant un projet et en tentant de le mettre à exécution pour se donner une certaine stabilité, puis en le faisant évoluer non pour maintenir cette stabilité, mais pour vous faire évoluer vous-même et non votre environnement. Cette deuxième étape est plus dure et plus incertaine, mais vous en tirerez toujours des bénéfices si vous le faites consciemment.

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