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14/01/2016

La fin de l'histoire (10)

Le lendemain, quatrième jour de méditation, il commença sa journée par un jogging, puis se rendit à la source dont lui avait parlé Mohammed. Ce n’était qu’un vulgaire trou dans lequel croupissait une eau presque saumâtre. Mais lorsqu’il la toucha, elle devint transparente après que les ondes émises par la pénétration de ses doigts se soient effacées. Une mince couche d’eau claire s’ouvrait devant lui. Il se pencha et but. Dieu, cela n’avait rien à voir avec l’eau chaude des gourdes en peau de chèvre, se dit-il. Dorénavant je viendrai tous les jours me rafraichir. Revenu dans la grotte, il s’assit et commença sa méditation. Silence… Vide… Respiration… Il s’enfonça vite en lui-même, creusant son être ou, peut-être, l’allégeant en lui donnant de la transparence. D’abord le noir absolu. Puis une vague lueur transparaît entre les deux yeux. Peu à peu ses paupières se soulèvent, dévoilant une brume blanchâtre et tremblante. Ne pas réagir, attendre, sans volonté. Progressivement, il médita les yeux ouverts, sans voir ce qui l’entourait, perdu dans ce moi qui n’existait plus. Plus une pensée, plus une sensation, plus une émotion. Le soleil vint frapper son visage. Il avait tourné et pénétrait maintenant à l’intérieur de la grotte. Il eut l’impression de se réveiller. Il n’ouvrit pas les yeux puisqu’ils étaient déjà ouverts, mais il reprit conscience. Nettoyé. Oui, il était nettoyé, léger, sans retour permanent à ce moi qui l’obsédait auparavant. Il sut que son indicateur n’était pas allumé et qu’il ne s’allumerait pas tant qu’il serait dans cet état. Attention ! Se rappeler à soi-même pour ne pas se confondre avec le monde ! Mais ne jamais s’imaginer détaché de ce monde et différent. Quel équilibre paradoxale mais combien enrichissant !

Il sut qu’il avait gagné, sans plus. Il ne s’en réjouit pas. Il en fit le constat et se dit qu’il était temps de retourner à la civilisation. Mohamed allait arriver, il rangea son campement, fit son sac et attendit. L’attente ne lui pesait plus. Il était libre, sans désir personnel, exsudant une lumière invisible qui transparaissait dans ses yeux. Enfin Mohamed arriva.

– Salam Aleikoum !

– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.

Ils reprirent la route de Tombouctou. Ils s’arrêtèrent à l’heure de la prière, Mohamed fit ablutions et prosternations, Nicéphore entretint sa clarté posément. Puis ils repartirent pour arriver en fin de soirée dans la ville. Sans cesse, Nicéphore contemplait à la fois l’extérieur et l’intérieur, le monde et son monde qui n’était rien, mais qui avait tant de ressources. Il prit une chambre dans un petit hôtel minable, commanda un repas frugal, puis s’endormit rapidement, sans pensée. Le vrai combat commençait.

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