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22/02/2014

La puissance de la musique

On se surprend à ne plus penser quand on écoute de la musique. Pas toujours certes. On peut même dire que c’est un phénomène rare. Mais parfois, un accompagnement insolite d’une mélodie connue, un son étrange et déconnecté de l’habituel vous revivifie. Vous n’êtes plus perdu dans vos pensées. La cigüe de l’éveil vous prend et vous enveloppe de sa conscience. Vous émergez d’un fatras embrouillé et vous plongez dans l’inconnu, le noir ou le blanc sans autre couleur. Un trou dans l’existence, juste suspendu par le fil d’araignée d’un son. Et ce son creuse le vide dans votre poitrine. Retournement des contraires. Vous êtes nu devant l’immensité et n’avez rien pour protéger votre nudité. Vous n’avez même pas conscience de celle-ci. Vous n’avez plus de pensée. Certes, cela ne dure que quelques secondes, et encore. Mais ce bref moment est une éternité pour vous.

Le plus souvent on écoute la musique comme étant une chose à connaître, à aimer ou à travailler. Elle reste extérieure à vous-même. On la caresse, on la cajole, mais elle reste autre, comme un personnage que vous rencontrez dans la rue et que vous attirez chez vous, dans votre intimité, sans toutefois jamais dépasser les règles du bon sens. Mais aujourd’hui nous parlons d’autre chose, d’un éclairage particulier. Quelqu’un appuie sur un bouton et tout s’arrête : pas de mouvement hors de celui de la musique, le calme du vide bienheureux. Ce n’est pas le néant, c’est un état d’apesanteur qui vous porte au septième ciel et vous donne la connaissance immédiate de la vie. Cela ne dure que l’instant où d’un coup de pouce sur la pierre du briquet vous faites jaillir l’étincelle et une flamme qui s’éteint vite sous un souffle d’air.

Alors la musique se révèle une science nouvelle qui donne accès à l’inconnu, une mathématique spécifique qui vous soigne du quotidien. La science à ce prix, n’est-ce pas un délice…

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