18/02/2014
L'envie
L’envie, un besoin, un impératif très enfantin qui glisse vers l’adolescence et l’âge mûr jusqu’à encore émettre son clignotant dans les dernières années. « Oh, Maman, j’en ai tant envie ! » Et vous attendez ce jour de Noël avec une impatience extrême jusqu’au moment où vous l’avez. Je me souviens, adolescent, d’un cyclomoteur qui fut l’objet d’une folle expectative, avec ses rebondissements, ses pleurs et la joie de la possession.
Il y a trois types d’envie.
Le plus simple, et qui n’est nullement répréhensible, est le désir d’avoir ou de faire quelque chose, que quelque chose arrive. C’est une convoitise qui vous prend à la gorge, qui obsède vos pensées, qui vous rend malade jusqu’à sa satisfaction. Ainsi en est-il de l’homme qui achète une voiture hors de prix et qui invite sa femme à faire un tour pour lui dévoiler sa merveille. Il en est de même de la femme qui a acheté une robe également hors de prix et qui invite son mari à l’admirer, un soir, après un bon diner bien arrosé. Seule la banque ne s’en remet pas.
Un deuxième type d’envie, plus ennuyeux à gérer, est le désir de ce qu’un autre possède. On entre alors dans la démesure. On est prêt à dépenser beaucoup plus que ce que nous mettrions normalement. Prêt à se quasiment ruiner pour montrer que l’on peut posséder la même chose, que l’on est aussi riche, aussi pourvu, bref mettre en avant l’orgueil, la vantardise et le satisfecit. Ce genre d’envie, une fois satisfait, supprime cette tension raisonnée du corps et de l’esprit pour l’objet convoité. Vous l’avez, votre envie est passée, vaincue… La vie continue…
Le troisième type d’envie est un sentiment de frustration face au bonheur d'autrui ou à ses avantages. C’est un désir qui ne peut être satisfait. Il vous fait mourir à petit feu. Vous tendez la main au travers des grilles d’une prison imaginaire, la paume vers le ciel sans attendre qu’il y tombe quelque chose. Vous le savez, mais ne pouvez vous en empêcher. Votre esprit se rapetisse, vous vivez dans une boite de sardine à rêver d’une vie hors de proportions par rapport à vos compétences et à vos aspirations. Désir fréquent que celui de l’envieux de la vie de l’autre. C’est un moteur tyrannique qui ne possède que des mauvais côtés. Mieux vaut l’abandonner en chemin et partir à l’aventure sans savoir où l’on va.
Peut-on perdre toute envie ? Peut-on vivre sans désir ? C’est ce passage de l’envie à la liberté qui marque le tournant d’une vie. Celle-ci est au-delà de l'envie. Elle illumine le parcours sans jamais le contraindre. Elle éclaire la pensée et l’action sans jamais y mêler le désir. C’est un état d'esprit qui conduit à la réalisation de soi que l’on n’atteint bien évidemment jamais totalement. Mais ces plumes caressantes du bonheur suffisent à combler une vie agitée. Libre parce que sans envie, quelle sérénité !
07:50 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, homme, liberté, philosophie, humanisme | Imprimer
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