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29/10/2012

Hommage à Oscar Arnulfo Romero, tableau d'Alfred Manessier

Parmi tous les exposants de la FIAC, il faut remarquer la galerie Applicat-Prazan qui se singularise avec 10 toiles monumentales d’Alfred Manessier. Vu des galeries du premier étage, son stand se remarque immédiatement, il est plus haut que les autres et forme comme une grotte.

Nous ne regarderons qu’une toile, l’Hommage à Oscar Arnulfo Romero, archevêque de San Salvador, assassiné le 24 mars 1980. Elle fait 3m sur 2. Elle est magnifique de transparence, de lumière et de feu.

L1_HommageRomero.jpg

Totalement abstraite, elle n’en représente pas moins de manière très concrète à la fois l’assassinat de l’archevêque Romero, sa foi et, finalement, son espérance.

Son assassinat : le Père Romero est tué d’un coup de fusil pendant qu’il prononce une homélie dans la chapelle d’un hôpital. La veille il avait lancé un appel aux militaires ; « Un soldat n'est pas obligé d'obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d'obéir à votre conscience plutôt qu'à l'ordre du péché. Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu'au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous prie, je vous supplie, je vous l'ordonne, au nom de Dieu : Arrêtez la répression ! »

Sa foi : Inversement, en tant qu’évêque auxiliaire, il avait critiqué ouvertement « la nouvelle christologie » en tant que menace pour l’église et la foi. Il était prêt au martyre si le sang versé pouvait contribuer à apporter des solutions aux difficultés de son pays. « En tant que chrétien, dit-il à l’une de ces occasions, je ne crois pas à la mort sans résurrection. S'ils me tuent, je me ressusciterai à nouveau dans le peuple salvadorien. »

Son espérance : Le Vatican le nomme "prophète d’espérance" en tant que témoin de la foi. Mgr Romero utilisait l'autorité morale de son poste d'archevêque pour parler au nom de ceux qui ne pouvaient pas le faire pour eux-mêmes. Il ne tarda pas être connu comme la "Voix des sans voix". Il a déclaré un jour :

« La paix n’est pas le produit de la terreur ou de la peur. La paix n’est pas le silence des cimetières. La paix n’est pas le résultat silencieux d’une répression violente. La paix est la contribution généreuse et tranquille de tous pour le bien de tous. La paix est dynamisme. La paix est générosité. Elle est juste et elle est un devoir. »

Manessier_hommage_Romero.jpg

Contrairement aux autres tableaux de Manessier exposés, celui-ci est lumineux et coloré, alors que les autres semblent chargés des lourdeurs de la vie. C’est un éclatement de la chair. Dans les dommages du coup de feu, on devine la transparence de la résurrection. Et la lumière y circule, irisant le noir des pourtours, rappelant qu’au-delà de la connaissance humaine existe une autre connaissance. Et cette connaissance a été donnée à Mgr Romero. Il savait qu’il n’y a pas de développement sans paix et, ce qui est le plus important, qu’il n’y a pas de paix sans justice. Manessier nous donne ici la préscience de la résurrection.

Alfred Manessier disait : « Inverser les signes... faire d’un négatif un positif. Transformer ses cris en un chant. C’est là où le cri devient juste. C’est ce que j’essaie de montrer dans ma peinture. » Et il le montre de manière sublime dans ce magnifique tableau.

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