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09/05/2014

Nocturne n°1 de Frédéric Chopin, interprété par Valentina Lisitsa

http://www.youtube.com/watch?v=c94nySKKoWE 



 

Quelle magnifique entrée du thème balancée par l’accompagnement de la main gauche qui rythme le sujet très libre de la main droite. En un instant nous sommes plongés dans un autre monde, un monde sans souffrance. Trois notes, très simples, une montée d’un ton et sa descente, vous font pénétrer dans le mystère de la création. Votre âme se dévoile, elle devient vivante en vous, elle vole autour de vous et vous entraîne vers les cieux enchantés de l’ignorance de soi-même. Vous n’êtes plus qu’une bulle d’oxygène, enivré d’air pur et vous criez d’aise, fermé au reste du monde.

Disons-le, Valentina Lisitsa vous caresse le fond de l’oreille, avec une douceur inimaginable, en un rythme parfait, avec une retenue légère de la mélodie sur son accompagnement de la basse qui met en évidence cette sensibilité inimitable du compositeur. Chopin est bien le roi des vrais romantiques, un romantisme à l’accent de sincérité et de vigueur qui vous plonge dans les affres d’une imagination débordante et qui vous lave entièrement le cerveau. Le rythme s’accélère, toujours aussi chatoyant, mettant en évidence la volonté ferme du compositeur d’une emprise sur vos sentiments, jusqu’à vous laisser pantelant avec un final qui revient à la paisible certitude du commencement.

30/03/2014

Ida, film polonais de Paweł Pawlikowski (2013)

Deux femmes que tout semble séparer et qui vont se rencontrer et faire connaissance devant la mort. Anna est une jeune nonne que sa mère supérieure envoie, avant ses vœux, à Wanda, sa tante, ancienne juge rouge responsable de nombreuses condamnations. Elle apprend qu’elle est juive, qu’elle s’appelle Ida et que ses parents ont disparu pendant la guerre. Elles partent ensemble à leur recherche, dans une quête sinistre, mais qui devient une initiation à la vie pour Ida.

Elle s’ouvre à une vision différente de la vie religieuse, découvre l’amour filial, l’amitié, le désir et même le suicide de sa tante. Tout cela est vécu extérieurement de manière brutale, intérieurement presqu’au ralenti. L’art du metteur en scène accentue cette impression : de magnifiques images en noir, blanc et gris, des visages extatiques parfois, des paysages ouatés, des villes fantomatiques. Une atmosphère étrange et pesante, y compris lorsqu’enfin Ida fait son choix, le retour au couvent. On ne sait rien de ses réelles motivations, ni même des émotions qu’elle ressent à la découverte de son passé. Elle reste équilibrée, trop sage, même lorsqu’elle se donne au saxophoniste et que celui-ci lui dit :

– On pourrait  se marier, avoir des enfants… »

– Et après ?

– Après on aurait des problèmes.

Un très beau film, mais on ne le voit qu’après la projection, en arrière-plan de la mémoire, lorsque les images reviennent dans le désordre, Ida ou Anna, Wanda. Pas de morale, pas d’enseignement, rien que la vie qui coule lentement dans les corps et la mémoire.