31/12/2020
La musique sacrée : voie de purification
Perception de son état d'être
Toute ascèse spirituelle s'appuie sur la psychologie humaine et distingue en l'homme plusieurs fonctions. Notre manière d'écouter la musique peut nous aider à percevoir le lieu, la fonction, où, en nous, le moi se complaît.
- Pour beaucoup, la musique enchante parce qu'elle éveille des émotions ou des sentiments. Elle s'adresse alors à l'affectivité. Cette fonction que nous possédons tous, mais qui est plus spécifiquement féminine, comprend les émotions et les sentiments. Sentiments et émotions sont la plupart du temps confondus. L'émotion est le résultat d'une réaction face à un événement ou de la remémoration d'une émotion déjà vécue. Le sentiment au contraire fait que l'on se sent un avec son objet. Une des tâches de celui qui veut se changer est de purifier le sentiment des émotions pour qu'il devienne instrument d'harmonie avec le monde.
- Pour d'autres, la musique a le pouvoir inconscient de renforcer notre présence physique dans le monde. C'est le rôle des musiques de danse, des musiques très rythmées où le corps peu à peu se mobilise, se coule dans le rythme et fait taire le mental.
Certaines musiques sacrées d'Orient ont été conçues pour agir sur cet aspect de l'être humain qui est appelé dans la tradition des soufis d'Asie centrale et occidentale, le "centre moteur". C'est notre manière d'être et d'agir physiquement. Nous n'y prenons pas garde et ignorons souvent qu'elle est un instrument de connaissance et d'action au même titre que l'affectivité ou l'intellect.
La présence physique regroupe les sensations, qui, contrairement aux émotions, peuvent être indifférentes (sensations des couleurs, de la température). Elle inclut aussi la voix, le maintien, les attitudes et enfin les savoir-faire physiques, c'est à dire l'aptitude à agir avec le corps. Cette fonction travaille par imitation. Elle doit d'abord être pensée au moment de l'apprentissage, puis devenir automatique. Lorsqu'elle est devenue automatique, nous n'en avons plus conscience.
- D'autres musiques éveillent en nous le désir, l'éros. Notre fonction sexuelle ne travaille que par intermittence. Mais à certains moments, elle neutralise toutes les autres fonctions. Sa possibilité d'utilisation en tant que moyen de connaissance a été développée par le Tantrisme. Celui-ci n'est pas, comme on le présente souvent, une confusion entre l'érotisme et le religieux. Il met en valeur une ascèse purifiant cette fonction de son aspect animal.
- Les musiques très primitives, à base de sons non articulés et de cris, s'adressent à l'instinct. Certaines musiques, spécialement conçues par des thérapeutes musiciens, avaient pour rôle de revitaliser les fonctions instinctives, fonctions internes au corps (respiration, circulation, digestion) ou certains réflexes. La différence entre les fonctions instinctives et motrices tient à ce que la première est naturellement automatique alors que la seconde nécessite un apprentissage.
07:05 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : perception, vie divine, réalisation de soi | Imprimer
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