22/09/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (44)
Deux jours passèrent. Alexandro cherchait désespérément ce qu’il pourrait faire pour éviter ce mariage. Mais il ne trouvait rien. Emma partageait son désespoir, elle n’avait, elle non plus, aucune idée de ce qu’ils pourraient faire. Ils n’osaient trop en parler avec leurs filles. Celles-ci semblaient totalement déconnectées de la réalité et ne faisaient que parler entre elles du chilien si désirable, comme avait osé le dire la seconde au cours de leurs conversations nocturnes dans la chambre la plus éloignée de celle des parents.
La troisième nuit, San Pedro subit une attaque. Des hommes s’étaient infiltrés par le lit du rio Salado, avaient réussi à passer inaperçus des guetteurs et s’étaient introduits dans le bourg. Ils n’avaient pas usés de violence et s’étaient contentés de crier et de faire feu en l’air pour terroriser la population. « Nous aurons bientôt ta peau San Pedro si tu ne te rends pas d’ici quatre jours. Habitants, prenez garde, ralliez-vous au Chili, sinon vous aurez la gorge tranchée. » Très vite, la garnison déploya sa section d’urgence, mais il était déjà trop tard. Les Chiliens étaient repartis, personne n’avait eu le temps de voir par où et il n’y eu donc pas de poursuite de la bande qui avait perpétrée cette intrusion.
Le lendemain, tout San Pedro ne parlait que de cela. Le capitaine Barruez était furieux. Il avait été réveillé par le lieutenant-major qui était de garde cette nuit-là, mais il était déjà trop tard. Où chercher, quoi chercher ? Rien, il ne savait rien. Il était vexé. Venir démontrer l’inefficacité de sa défense sous le nez des habitants de San Pedro lui paraissait la pire injure qui puisse lui être faite. Il convoqua ses chefs de section et revit une fois de plus le plan de défense du bourg. Mais cela suffirait-t-il ? Et d’abord, quel était ce groupe de Chiliens qui semblaient contrevenir au marché conclu par l’étranger ? La rigueur stratégique des Chiliens semblait remise en cause par cet incident, comme si quelque chose clochait dans l’intention clairement établie il y avait quatre jours. Le capitaine s’interrogeait : est-il possible qu’il y ait des divergences entre les responsables chiliens ? Ou encore, est-il possible que Don Rodrigo Alcantera, le Chilien auteur du défi, fasse bande à part ? Comment le savoir ?
07:05 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
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