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03/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (26)

–  Eh bien, le seul moyen est d’obtenir du renseignement. Pour cela, vous pouvez tenter de le faire prisonnier, ou encore faire un autre prisonnier qui nous dévoilera son jeu, ou encore interroger un villageois qui pourrait leur vendre des vivres frais. Oui, cela existe. Un certain nombre de vos villageois se livrent à ce trafic quasi quotidiennement. Pour cela ils payent vos sentinelles et elles les laissent passer sans rien dire. Enfin, vous envoyer quelqu’un de confiance et qui connaît l’ennemi pour qu’il se renseigne au plus près de l’homme. S’il pouvait devenir ami avec lui, ce serait le comble. Sachant tout, ou au moins l’essentiel, on pourrait monter une contre-stratégie efficace.

–  Le faire prisonnier serait prendre le risque de faire échouer le seul contact que nous avons avec l’ennemi. Cela me semble irréaliste. Il faudrait sans doute faire plusieurs prisonniers pour savoir ce que veut l’individu, parce que nous ne sommes pas sûrs qu’ils sachent quelque chose. De plus comment faire des prisonniers alors qu’ils ne se montrent pas ? Quant à se fier aux villageois qui n’hésitent pas à tromper leur pays pour se faire quelques billets, cela semble également assez risqué.

–  Le problème, expliqua le capitaine, est que je ne connais personne qui soit suffisamment de confiance pour pouvoir se fier à lui. Quant à vous, je ne vois pas comment je pourrais vous faire confiance alors que vous apparteniez à ce pays il y a encore peu.

–  Peut-être est-ce un risque à courir de votre part ?

–  Surement pas. Je ne veux pas me créer moi-même des problèmes alors que nous en avons déjà suffisamment. Je vous remercie, mais c’est non.

Le soldat salua et sortit sans rien dire, laissant le capitaine songeur. Pour se changer les idées, il décida de faire le tour du village et constater par lui-même si les sentinelles connaissaient les consignes. Il commença par la grande porte, celle où l’individu s’était exhibé plusieurs fois. Depuis que l’individu avait fait son apparition, il y avait toujours quelques villageois auprès de la grande porte, prêts à avertir le reste du village d’un nouvel incident. Aujourd’hui, il remarqua une jeune paysanne, son chapeau sur la tête, ses larges jupes flottant autour d’elle. Elle avait un joli minois dû à sa jeunesse. Elle s’était assise sur un des piliers de la tour surmontant la porte et, les yeux dans le vague, ne semblait rien vouloir de concret. Son plaisir était d’être là, pour raconter par la suite ce qui pourrait se passer. Mais tout ceci n’était qu’hypothèse et la lasserait sans doute. Pour l’instant elle tenait sa place, derechef. Un peu plus loin, le capitaine vit une vieille femme, le regard encore vif. Elle observait les alentours, au-delà de la porte, comme si elle s’attendait à voir surgir l’homme pour s’exclamer et rameuter toutes ses comparses. Rien ne se passait. Enfin, un homme était là. Juché sur une poutre maîtresse de la tour, il regardait au loin, les yeux plissés comme s’il tentait de deviner ce qui pourrait se passer dans les minutes suivantes. Mais rien. Le vide de l’espace entre les cactus qui poussaient à environ trois cent mètres du village, plus exactement des remparts comme le disait avec élégance le capitaine.

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