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14/05/2018

Mozart-Beethoven, le dialogue imaginaire, pièce en un acte d’Alain Aubert

En guise d’introduction :

L’action se déroule le 26 mars 1827. Mozart, délivré depuis plus de trente ans de ses difficultés terrestres, bénéficie d’un repos au panthéon réservé aux artistes ayant bien mérité de l’humanité. L’annonce est faite de la mort de Beethoven. Mozart, qui sait quel musicien Beethoven a été, demande à le rencontrer. Beethoven refuse… Mais la rencontre aura lieu.

 

Cela commence par un marivaudage qui dure très et même trop longtemps, chacun des deux compositeurs se lançant de méchantes gentillesses à la manière des préciosités du XVIIIe siècle. Beethoven raconte son entrevue avec Mozart, alors au sommet. Il en conserve un souvenir douloureux. Il cherchait un véritable maître aux qualités d’écoute et de respect, il ne rencontre qu'un homme débordé et perd sa confiance en lui alors qu'il venait chercher un réconfort.

En fait, on ne commence à parler de musique qu’à presque la moitié de la pièce, en évoquant Haydn et Kant, les Italiens et des princes qui accordent ou non leur faveur. Le ton devient alors plus amène, les angles s’arrondissent et l’on commence à disposer de dialogues intéressants. Beethoven parle de la difficulté d’innover, de l’impératif pour l'artiste de trouver une expression personnelle dans sa discipline, d’être un visionnaire qui transpose la perception de l’environnement en une proposition sans cesse renouvelée. Mozart, vieux jeu, s’attache à moderniser l’écriture classique en composant la musique dont il pensait qu’elle plairait dans cet environnement. Quelle erreur ! lui réplique Beethoven. Il vous fallait composer pour vous, en vous imposant, en laissant libre cours à vos idées, à votre imagination, à vos sentiments, en exprimant ce que vous aviez au plus profond de vous, et, j’ajouterais…oui j’ajouterais, en prenant le risque de déplaire. (…) Votre musique est belle… seulement belle. On reproche à Beethoven d’avoir sacrifié le mode de la répétition prévisible des formes et modèles gracieux, par des éléments transcendants et dramatiques. Il est convaincu que cet art vivra la révolution qu’il s’est attaché à provoquer dans l’univers musical.

Peu à peu chacun comprend mieux l’autre et se complimente mutuellement. Beethoven reste suffoqué par le fait que les partitions originales de Mozart ne comportent aucune correction. Mozart répond : chez moi, l’écriture n’intervenait qu’après une période de maturation intense. C’est là le plus grand bienfait qui m’ait été donné. Mon cerveau s’enflammait, l’invention, l’élaboration… Tout se passait en moi comme dans un rêve. L'oeuvre était achevée dans ma tête et je n’avais plus qu’à coucher sur le papier. Et Beethoven en dernier lieu lui confie : « J’aurais donné toute ma musique symphonique pour écrire un seul de vos opéras. »