10/09/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (41)
Au plus profond d’elle-même, Emma était très croyante, ce qui lui donnait confiance en elle et sérénité devant les autres. Elle savait que Dieu veillait sur elle. Depuis le dernier discours du Chilien, elle avait l’impression d’être reniée par Dieu. « Que faire, mais que faire, mon Dieu ? » pensait-elle. Elle en parla avec Alexandro et ils décidèrent d’aller demander conseil au curé de la paroisse. Ils n’avaient pas eu le temps de faire connaissance. Ils lui demandèrent un rendez-vous et se rendirent au presbytère en fin de matinée. Le prêtre les accueillit avec chaleur. Il était grand, maigre, revêtu d’une soutane usée, un sourire aux lèvres, quelque peu intimidant. Ils parlèrent pendant un moment de choses et d’autres, lui de sa paroisse et des habitudes de la population, eux de leurs garnisons, puis de leurs filles. Ce qui les amena tout naturellement aux derniers événements dont le prêtre avait entendu parler sans être présent ce jour-là. Mais de nombreuses paroissiennes lui avaient raconté ce que l’homme avait dit : un mariage avec une des trois filles ou l’extermination de tous.
– Mon Père, imaginez notre souffrance et le dilemme qui s’offre à nous. Nous sommes à bout. Que pouvons-nous faire ? demanda Emma, prête à pleurer.
– Tout d’abord, continuer à faire confiance à Dieu pour vous tirer de ce mauvais pas, ce que vous avez toujours fait jusqu’à présent et vous m’avez dit que Dieu a toujours été là au bon moment. Alors pourquoi pas cette fois-ci encore ?
– C’est vrai, mais nous n’avons jamais été dans une telle situation.
– Rien ne se reproduit deux fois de la même manière, vous le savez bien !
– C’est vrai, mon Père. Mais que devons-nous faire ?
– Poursuivez ce que vous avez commencé, c’est-à-dire restez calmes, n’ayez pas d’inquiétude. Non seulement cela vous aidera, mais de plus cela arrangera vos contacts avec les autres, surtout ceux du village qui sont très friands d’histoires scabreuses et qui sont prêts à raconter n’importe quoi. Faites comme si de rien n’était, souriez à tous et, même à moi, en ce moment. Oui, ce sourire est beau de confiance en Dieu. Quant à vous dire ce que vous devez faire, je ne suis nullement un expert ni des situations difficiles ni de l’influence pour faire changer les choses. Je suis sûr que votre mari, lui, saura ce qu’il convient d’entreprendre pour démêler la situation. Il ne le sait pas encore, mais il trouvera, j’en suis certain. Ayez confiance en lui comme vous avez confiance en Dieu, et tout se passera bien.
05:36 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
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