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03/11/2019

Locédia, éphémère (33)

Dernier étage lentement révolu, ouvert sur la porte sans battant, sur un palier obscur où j'avais déjà vainement cherché un interrupteur. Il fallait deviner d'un pas hésitant, parallèle au sol, le départ d'une nouvelle série de marches plus abruptes, écrasées entre deux murs tachés de gris. Ce nouvel escalier ne sentait pas la cire, mais dégageait une vieille odeur de grenier, une odeur de bois vermoulu et poussiéreux, usé par les chaussures de plusieurs générations de collégiennes qui ont pris la désagréable habitude de dévaler ou de grimper, les marches deux à deux. Le nombre ces marches était impair, ce qui rendait égale l'usure de leur planche horizontale.

Dernière marche, plus usée que les autres puisqu’elle servait de marche de départ pour descendre ou de marche d'arrivée dans le mouvement inverse. Je m'arrête, essoufflé, les jambes molles. Qu'étais-je venu faire ici ? Etait-ce bien elle que j'allais retrouver ? Ne verrais-je pas apparaitre une étrangère qui posséderait ton visage ? Je frapperais à la porte qui s'ouvrirait sur un placard biscornu avec une minuscule ouverture sur la rue, un judas en plein-air, et elle rirait dans mon dos en disant : « Emmènes-moi. Je n'ai plus de chambre. Elle est devenue trop petite pour nous et je me cogne à chaque proéminence. » Elle prendrait un livre et ses disques, peut-être aussi ce chapeau de paille qui lui allait si bien.

Je frappe à la porte. Elle apparait nonchalante, parée de bijoux. Elle me regarde sans rien dire, la tête légèrement inclinée sur l'épaule. Elle me tend les deux mains : « Salut. Entre vite, j'ai tant de choses à te raconter. »

Est-ce ce jour-là ? Sans doute est-ce ce jour là, je ne sais plus, que tu m'as raconté ta visite au jardin des parfums, dans ce pays où la plante gagne certaines consistances de l'homme alors que celui abandonne sa vertu au parfum de la déraison. L'odeur subtile des plantes pénètre le corps d'attitudes bizarres que nous avions en vain cherchées ailleurs. Tu avais découvert par hasard au cours de ce voyage une nouvelle raison d'espérer.

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