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06/09/2018

Ephistole Tecque (1)

Ephistole Tecque était un de ces hommes tranquilles que vous pouvez voir chaque jour déambulant sur les trottoirs d’une ville. Vous l’avez peut-être rencontré un jour de promenade ou quand vous vous rendiez à la boulangerie pour acheter la baguette dont vous vous nourrissez avec quelques autres mets plus ou moins bien préparés, de votre main ou d’une autre. Vous l’avez peut-être croisé dans les couloirs de porcelaine sale du métro, dans l’escalier étroit qui mène au bureau de la perception des impôts ou encore en maillot de bain, affublé d’une peau blanchâtre laissant apparaître des touffes de poils à des endroits imprévisibles, alors que vous-même remontiez un peu plus vêtu, à peine, de l’étendue de sable doré où se meurent quelques vagues insuffisamment chaudes.

Il est possible également que vous ayez échangé avec lui quelques mots, peu, et sûrement sans signification, un jour où un petit déjeuner plus consistant qu’à l’accoutumée, vous avait rendu gai et sociable (c’est fou au fond ce que la nourriture peut changer un homme). Peut-être avez-vous échangé deux ou trois phrases dans le métro sur un titre de journal qu’il tenait à la main, qu’il tenait même ouvert entre ses deux mains écartées, et vous avez continué cette ébauche de conversation en parlant du temps pluvieux qui n’était plus le même qu’autrefois. Il est encore possible et sans doute probable, à moins que vous n’ayez pas eu ce soir-là à votre disposition ces petites boites à sons qui diffusent tant de phrases inutiles, que vous l’ayez entendu lors de l’explication qu’il a donnée au ministre de l’industrie qui visitait l’usine chimico-textile dans laquelle il travaillait.

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