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17/11/2015

Le miroir : épilogue

Ai-je rêvé ces fins ou les ai-je vécues ? Je ne sais. Il est probable que rien de tout cela n’est arrivé. Je me suis complu à imaginer ces suites. En réalité, la fin fut moins glorieuse. J’appuyai sur la détente, le coup partit, la glace se brisa et mon double disparut. Artémise était toujours là. Je lui touchai la main pour m’assurer de sa présence réelle. Elle me regarda, surprise. Son double avait également et logiquement disparu. Elle me parut cependant bizarre, comme transparente. Mais oui, elle fondait devant moi, semblant s’évaporer dans l’air. Je distinguais encore son visage, mais il avait pris une couleur délavée. Son double avait peut-être pris le dessus. Il n’eut cependant aucun cri de triomphe ni même de satisfaction. Artémise souriait d’un air navré, puis elle me tendit la main.

– Au revoir compagnon d’infortune, me dit-elle d’une petite voix. Je pars et tu me manqueras. Nous nous sommes bien amusés. Maintenant la vie reprend le dessus, le réel dépasse l’imaginaire. Je te laisse à tes occupations. Attention, ne te regarde pas trop longtemps dans ta glace, on ne sait jamais. Je n’eus que le temps de déposer sur ses lèvres un baiser. Celles-ci étaient de glace, froides, sans matière, inconsistantes. Elle disparut sous mes yeux sans que je puisse la retenir.

La vie a repris. Elle n’est ni plus morne, ni plus attractive. J’ai retiré le miroir au-dessus du lavabo, acheté un rasoir électrique et me rase dorénavant en lisant. Artémise n’est plus là pour égailler mes journées.

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