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10/02/2015

L'océan et Jean-Jacques Gendron, peintre

La vision de Jean-Jacques Gendron est réaliste. Et pourtant ces quasi-photographies vous procurent une détente poétique extraordinaire. Ne serait-ce pas en raison du mouvement, un mouvement suggéré qui vous lie à la vague et vous fait immédiatement imaginer la suite du mouvement, l’écrasement de la vague sur le sol, l’éparpillement des gouttelettes, la fusion entre l’écume et le ciel tapi derrière la bascule de l’océan. Et vous entendez dans votre conscience sur-aiguisée le bruit de l’effondrement de la vague sur la côte.

Ainsi meurt les grands : ils tombent droits sur leurs pieds avec un bruit d’enfer avant de vous caresser la pointe de l’âme. Ce laisser-aller vous fait chavirer dans le rêve. Vous vous voyez admirant l’étendue des eaux, écoutant le doux ronronnement de l’écrasement des vagues, avec la petite pointe de vinaigre qui vous fait tendre l’oreille et passer votre langue sur vos lèvres.

Et lorsque la nuit tombe, mais que la lumière du soir irise la blancheur de l’écume, vous vous réjouissez de ce spectacle impressionnant : la pluie se déverse sur les eaux et les eaux renvoient leurs larmes vers le ciel. Le grondement de la houle se fait plus discret, vous n’entendez plus qu’un doux murmure rythmé et ne voyez plus que les derniers étirements du ressac sur le sable.

Ci-dessous, le rouleau manque de force, épuisé par cette longue traversée. Il va mourir gentiment, ayant auparavant remué le sable, soulevé les grains durs pour en faire une soupe grattant les aisselles. L’immensité se calme jusqu’à l’horizon, parfaitement plat, sans mouvement, sans une pensée pour vous.

L’eau vous envahit, vous submerge, entre dans vos oreilles, vous fait fermer les yeux, vous empêche presque de respirer. Dans cet état de demi-conscience, vous vous rêvez poisson, spectre, homme-lune, et vous filez à travers les vagues, aplati, étiré, tel un serpent luttant contre plus fort que lui. Pas un abri, les rochers balayés par la force de l’écrasement, vous ne pouvez que vous diriger vers le large, jusqu’à vous noyer dans la masse tranquille des profondeurs.

Merci à ce peintre qui, par un simple tableau, vous fait entrer dans l’immensité froide du ressac un jour d’automne.

Jean-Jacques Gendron expose à la galerie Neel, 2 place des Vosges 76004. Allez-y, vous serez transportés par ces toiles munies des ailes du rêve.

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